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Un avant-projet très gênant


Un avant-projet très gênant
L'avant-projet de loi sur la Santé, modifiant celle de 1985, et préconisant une nouvelle carte sanitaire, l'autonomie financière et l'interdiction du temps complémentaire, n'a pas été du goût des membres du gouvernement. Il a été retiré.Cette décision était attendue du fait des pressions exercées sur son initiateur. Elle met en relief toute l'influence exercée sur le gouvernement, par les principaux animateurs privés de la santé. Il s'agit d'une véritable mafia, qui a étendu ses tentacules à travers l'ensemble des activités de ce secteur. D'autant que, s'il avait été adopté, l'avant-projet de loi, qualifié de très gênant, aurait confirmé le renforcement du système de santé pour une meilleure qualité de traitement des malades. Elle aurait également renforcé le principe de gratuité des soins, et permis à tous les Algériens d'avoir un meilleur accès à des soins de qualité, aux médicaments et aux moyens. C'est que le nouveau texte introduit, par ailleurs, le système d'autonomie de gestion financière de tous les établissements de santé du pays et la fin du système de temps complémentaires. Non argumenté par le gouvernement, le retrait confirme, si l'en est, que la mafia de la santé devait lancer au lendemain des élections législatives, une offensive sur le secteur public. Nos sources ont estimé que, même si cela est contraire à la constitution, cette mafia aurait mis tout en place pour prendre possession de tous les établissements de santé publique, et dissoudre la pharmacie centrale des hôpitaux. C'est dire que l'avant-projet de loi présenté par l'actuel ministre de la santé (que la mafia veut faire taire) a fait l'effet d'un cheveu sur la soupe. Il a réduit à néant l'opération d'affermage de la plupart des établissements publics de santé que via ses satellites au gouvernement, la mafia devait mettre en route. L'affermage intéresserait toutes les régions du pays. Le sujet a alimenté les débats dans plusieurs milieux socioprofessionnels. Pour un grand nombre d'anciens gestionnaires, si elle venait à être appliquée, cette démarche aurait été une calamité. D'autant que l'affermage est synonyme de bénéfices. Pour les opérateurs privés à qui l'état confierait la gestion les structures publiques, la démarche est une obligation de retour sur investissement. Entre autres, les charges doivent être incorporées au prix de revient de la prestation prescrite aux malades qui, au titre d'usagers, seront appelés à régler l'addition. «Ainsi, au lieu d'un service public destiné à alléger les souffrances des populations, nous assisterons pratiquement à l'émergence de cliniques qui chercheront à gonfler leurs recettes», argumentent des jeunes praticiens. Pour leurs ainés ayant majoritairement gouté aux délices du temps complémentaire, c'est un autre son de clôche : «L'affermage mettrait un terme aux gaspillages des ressources financières, notamment celles destinées à l'acquisition des médicaments, équipements médicaux et autres moyens roulants». Une lecture croisée «praticiens- techniciens-malades», permet d'aboutir à la consistance des points de vue vers le système préconisé par l' avant-projet de loi, soumis par le ministère de la Santé, en termes de renforcement et de libertés des initiatives. Interrogés sur la démarche en projet de leur tutelle, les syndicalistes du secteur de la santé ont, toutes tendances confondues, estimé majoritairement que tel que présenté, l'avant- projet comporte beaucoup de bonnes choses dont celle de renforcer et d'améliorer l'efficacité des établissements publics de santé. «Nous devons atteindre le niveau d'analyse et de compréhension nécessaires pour éviter les erreurs de gestion du passé», a argumenté un de ces syndicalistes. Pour d'autres, la démarche engagée par le ministère de la Santé a été conçue pour régler les problèmes de mauvaise gestion, d'inconscience professionnelle des praticiens, les dépenses abusives et les disparitions d'importantes quantités de médicaments dans les pharmacies centrales des hôpitaux. Quelle est la position du ministère de la Santé sur cette question d'affermage de certains établissements de santé' Contacté, un des conseillers du ministre a formellement démenti : «C'est faux. C'est une manipulation. Si on touche à la gestion actuelle de la santé, cela veut dire qu'on porte atteinte à une des dispositions de la constitution. Il n'y a pas d'affermage et encore moins de privatisation. Tout ce qui a trait à la santé est du ressort exclusif de l'Etat représenté par son ministre, seul habilité à parler du secteur et de son environnement.»


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