Algérie - A la une


TV Chorfi
Sur le net la vidéo de la dernière émission, désormais censurée, de la chaîne TV El Djazairia. Un suicide en direct pour éviter que la chaîne ne soit fermée. Le premier message de l'autorité de régulation avec Miloud Chrofi a été une mise en garde à cette chaîne et pas à Ennahar et Echourouk pour les appels au meurtre, les fatwas immondes, les lynchages des personnes, les manipulations et les mensonges et le crime d'une préparation d'une guerre civile à la rwandaise (voir un clown salafiste menacer les ibadhites de Ghardaïa d'une solution finale en direct et sur écran !). Et bien sûr, les conclusions ont été vite tirées : le délit n'est pas de scier les poteaux du pays ou de talibaniser les Algériens mais de rire du régime. Miloud Chrofi a donc raté son entrée et n'échappe pas à la culture ambiante du régime : l'autoritarisme comme seule interprétation de l'autorité. Interdire pour s'affirmer. Menacer pour réguler.L'affaire d'El Dajzairia a rappelé aussi toute l'ambiguïté de la fausse ouverture de l'audiovisuel en Algérie depuis les fameuses et trompeuses promesses de Bouteflika après la fuite de Benali et les printemps « arabes » : on accepte une sorte de statut ambigu pour des TV de droit étranger, mais de « nature » algérienne, on les maintient dans le précaire, on fabrique une « loi d'encadrement » improbable pour des chaînes thématiques encore virtuelles et économiquement impossibles et on gère la cuisine médiatique à la Moubarak : chaînes affidées, instrument de propagande et de « sale boulot » contre les adversaires, une sous-culture bigote pour les masses, un populisme de lynchage ciblé, de la religion en vrac et de l'immunité face à la loi. Et quand on crée une autorité de régulation, c'est pour réguler la critique contre le régime, pas les infractions des chaînes proches de ce régime. Recette d'une ruse majeure. Car au final, on a la censure sans même avoir droit d'avoir des télés. Du génie en poudre. De la man?uvre en exo planète.Vidéo triste et émouvante de cette chaîne et de cette émission, El Djazairia Week-end », en mode suicide en live. C'est la culture du règne du dernier mandat : les gens comprennent le message et savent qu'il ne sert à rien de protester. Les choses sont claires : les islamistes ont l'immunité, la monarchie est agressive, l'autoritarisme est une règle, la soumission est la solution. Mais tout le sujet de cette chronique est là : cette intériorisation de la dictature chez les Algériens qui essayent de résister. On a fini par accepter. On se soumet. Et sauf pour les plus courageux, on est presque vaincus ou convaincus. Le régime ne cache même plus ses goûts monarchiques sous des artifices de procédures. La satire dérange son ego, mais les deux chaînes TV des « Milles collines » qui nous préparent une guerre civile ne le dérangent pas. Elles lui servent. Chrofi a, semble-il, résisté au FIS autrefois. Mais là, il cède à l'abus d'obéissance.Sa discrétion était meilleure dans les parages d'Ouyahia.







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