Algérie - A la une



Turbulences
C'est une pitoyable image de la gouvernance que renvoie la gestion du dossier du Boeing d'Air Algérie retenu à l'aéroport de Bruxelles pour un contentieux commercial entre la compagnie nationale et la société néerlandaise K'Air dirigée par un Algérien. Les pressions politiques que le gouvernement algérien a cru devoir exercer sur la Belgique et la Hollande, en rappelant nos ambassadeurs dans ces pays pour consultations et en convoquant les représentants diplomatiques des deux pays accrédités en Algérie, ne paraissent pas avoir lourdement pesé sur le traitement de ce dossier.L'affaire n'est pas sortie de son cadre de différend commercial. Les autorités algériennes ont été mal avisées d'avoir voulu régler politiquement le contentieux au niveau des Etats, alors qu'il s'agit d'un dossier qui relève de la compétence des gestionnaires et non pas des politiques. En voulant maladroitement s'immiscer dans une affaire purement commerciale, dans un pays où l'indépendance de la justice n'est pas un simple discours comme c'est le cas chez nous, la partie paraissait perdue d'avance pour le gouvernement, qui voit ainsi son crédit écorné et entamé un peu plus à l'international.A la fébrilité du gouvernement algérien, Bruxelles et la Haye ont répondu par le silence et la sérénité, se gardant de faire la moindre déclaration et surtout d'appliquer à la diplomatie algérienne la règle de la réciprocité. Ce qui aurait pu déboucher sur une crise diplomatique entre Alger et ces deux capitales.Cette posture renseigne, d'une part, sur le respect dans ces pays des décisions et de l'indépendance de la justice et, d'autre part, sur ce que valent aujourd'hui la parole et la voix de l'Algérie à l'étranger. L'Algérie n'est plus cet Etat qui compte, écouté et respecté par ses partenaires étrangers, pour taper du poing sur la table.Pour des affaires autrement plus gravissimes que cette histoire d'avion d'Air Algérie, présentée comme une atteinte à la souveraineté nationale par les canaux officiels, la diplomatie algérienne n'a pas fait montre d'une telle fermeté. Même lorsque l'Algérie avait été outrageusement touchée dans ses symboles, lorsque l'emblème national avait été retiré du siège de notre consulat à Casablanca, au Maroc, et jeté à terre par des agents du makhzen, les autorités algériennes n'avaient pas jugé nécessaire de rappeler notre ambassadeur au Maroc pour consultation. On s'était contenté de protestations officielles.Sans plus. Et le must dans cette pièce de théâtre de boulevard, c'est qu'alors qu'on attendait des gestionnaires d'Air Algérie ? de l'actuel directeur général, M. Boultif et de son prédécesseur, M. Bouabdellah, aujourd'hui député FLN, qui a conclu le contrat avec la société néerlandaise ? des arguments solides pour défendre le dossier de la compagnie, on a assisté, par presse interposée, entre l'ancien et l'actuel patron d'Air Algérie, à des règlements de comptes et des accusations de mauvaise gestion relevant du pénal.Le préjudice causé à la compagnie et, plus largement, au pays, est très grave en termes financier et d'image pour ne pas ouvrir une enquête approfondie sur ces turbulences qu'a traversées la compagnie en vue de situer clairement les responsabilités.







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