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De Tunis, Kattou MohamedDu 20 au 22 mai prochain, le parti islamiste tunisien (Ennahdha) tiendra son 10e congrès. Ayant occupé le deuxième rang aux dernières législatives organisées à la fin de l'année 2014, pour entrer en coalition avec le vainqueur (Nidaa Tounès), il a fini par le sauter en nombre de députés après son éclatement.Aujourd'hui, Ennahdha est à la croisée des chemins. Ayant tiré les enseignements qui s'imposent après une première expérience au pouvoir (d'une durée de 17 mois) et suite à celle (malheureuse) du parti islamiste égyptien qui a conduit l'égypte à se débarrasser de Mohamed Morsi, Ennahdha serait sur le point de procéder à une profonde révision de son idéologie et de ses objectifs.Malgré le soutien apporté par Washington aux partis islamistes dans le monde suite à l'avènement de ce qui a été convenu d'appeler le «printemps arabe», Ennadha n'a pas réussi à mener la Tunisie à bon port. Au contraire, nombreuses étaient les erreurs commises par ses dirigeants. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Pas de surprise. Au bout de 17 mois, durée de son règne, Ennahdha a conduit le pays à la faillite. Sous la direction de ce parti, le pays a connu le déclenchement des opérations terroristes marquées, surtout, par les assassinats politiques du militant de gauche, Chokri Belaà'd, et du député Mohamed Brahmi, sans compter les multiples attaques perpétrées à partir des montagnes de l'ouest du pays.Les doigts accusateurs se sont, inévitablement, dirigés vers les dirigeants du parti islamiste qui ne manquaient pas, au départ, de louer les actes des terroristes. «Ce sont nos enfants qui s'adonnent à la pratique du sport», avait affirmé Rached Ghannouchi quand il s'agissait de commenter les manifestations organisées par les affiliés à Ansar Charia.A ce jour, cette déclaration est encore sur toutes les lèvres des formations laà'ques qui y trouvent une condition suffisante pour débarrasser le pays d'un tel parti considéré comme le principal instigateur du terrorisme et le principal responsable de la «mal-vie».Face à cette situation et sous la pression de la rue, le parti islamiste a dû se rendre à l'évidence pour épargner au pays un bain de sang. C'était au cours de l'été 2014. D'où l'entente avec le rival Nidaa Tounès avec lequel (score électoral oblige) le parti islamiste a formé une coalition qui gouverne le pays depuis plus d'un an sous la houlette des deux vieux Béji Caà'd Essebsi et Rached Ghannouchi qui vivent une idylle sans précédent.Etant persuadé que ses rivaux et détracteurs ne changeront ni d'idéologie, ni de tactique, Ennahdha semble se résoudre, comme le laissent entendre ses dirigeants, à devenir – à partir de son prochain congrès – un parti «comme les autres» fondé sur la séparation entre la religion et la politique.Toutefois, force est de reconnaître les capacités de ce parti à résister aux campagnes de dénigrement durant la campagne électorale et même au-delà . Cela s'explique par l'importance de sa base dans les diverses régions du pays pour lui permettre de faire face au vote «utile» et se défaire de nombreux partis rivaux qui se sont levés comme un seul homme pour l'écarter de la scène politique tunisienne.Prenant conscience de ses erreurs, Ennahdha a engagé une opération d'épuration pour se débarrasser de ses faucons en prélude à un changement radical qui serait couronné par un changement au niveau idéologique. Une telle tactique, serait-elle la clé de réussite pour «mettre la main dans la main» avec le frère ennemi, Nidaa Tounès ' D'aucuns le pensent et considèrent que la dislocation de ce dernier jouerait en faveur du parti islamiste si, bien entendu, celui-ci venait à annoncer sa mutation vers un statut de parti civique qui pencherait vers la laà'cité.Ce ne sont là que des supputations. Ennahdha pourra-t-il vivre sans son identité islamique ' Sa base serait-elle prête à y prolonger son séjour en cas de transformation radicale ' Quel effet auront les divisions constatées au niveau des congrès locaux et régionaux sur l'avenir du parti et partant, l'avenir du pays eu égard à son poids sur la scène politique tunisienne ' Le parti attrapera-t-il le virus des malentendus pour s'exposer, à l'instar de Nidaa Tounès, à la division?' Autant de questions qui taraudent l'esprit des adhérents nahdhaouis, mais aussi de toutes les autres formations politiques du pays.


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