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Trouver une place de parking dans les grandes villes relève de la sinécure



Trouver une place de parking dans les grandes villes relève de la sinécure
C'est l'un des petits tracas du quotidien qui mettent les nerfs à vif et peuvent ruiner vos journées. Plongée dans un jeu de piste dont l'enjeu serait de trouver une place pour garer son véhicule.D'abord, il faut savoir déjouer les obstacles posés par les riverains ou les commerçants pour éviter les stationnements gênants, transformant le macadam en zones interdites. Pierres, chaînes, chaises, cageots et pots de fleurs sont utilisés afin d'interdire aux automobilistes de stationner dans l'espace entourant leur lieu d'habitation. «Pour espérer être à l'heure au bureau, je dois me lever à l'aube, car il me faudra au moins 2 heures pour y être.D'abord, il faut compter une heure d'embouteillage, puis une heure pour trouver une place pour garer ma voiture dans les environs du Champ-de-Man?uvre, à Alger. Avant même de débuter une longue journée de travail, je suis déjà sur les rotules.» Trouver une place de stationnement dans une grande ville relève du chemin de croix. Contraint de faire plusieurs fois le tour du quartier pour espérer trouver une place, un automobiliste vocifère : «Certains voisins ferment l'accès d'un espace qui pourrait suffire à trois voitures au mépris de la loi.»Ces obstacles sont présents partout, y compris dans des lieux où il y a déjà des parc-mètres comme dans la rue Larbi Ben M'hidi, à Alger. Si les automobilistes trouvent injuste le fait que commerçants et riverains s'approprient le trottoir, ces derniers estiment qu'ils n'ont pas d'autres choix. Les propriétaires des villas justifient leur comportement par l'impossibilité de faire sortir leur véhicule du garage ou de trouver eux-mêmes un lieu de stationnement près de chez eux.Ensuite, et c'est la partie la plus délicate, savoir raison garder en toutes circonstances. Et il est des situations où cela relève de l'impossible tant elles mettent les nerfs à rude épreuve. Un habitant d'Alger-Centre se voit insulter par un réparateur d'une importante marque d'électroménager qui n'a pas trouvé de place pour garer sa voiture. «Venu pour réparer un frigidaire que je venais d'acquérir auprès de la marque qu'il représente, je me vois traiter de tous les noms d'oiseaux, car il a dû faire plusieurs fois le tour pour trouver une place où garer son véhicule.Au final, j'ai dû trouver un autre moyen pour réparer mon appareil», raconte un habitant d'Alger-Centre. Une fois la place trouvée, il faut veiller à ne pas se retrouver bloqué par d'autres automobiliste qui, par dépit, auront choisi de se mettre juste derrière votre véhicule. A proximité d'une mosquée dans la banlieue d'Alger faute de place, les personnes désirant accomplir leur devoir religieux se placent n'importe ou n'importe comment, allant jusqu'à bloquer le passage aux automobilistes. «C'est un problème récurrent, je dois attendre qu'ils terminent leur prière pour faire sortir ma voiture», raconte un habitant de la banlieue d'Alger. Les automobilistes y voient une «hogra», un mépris de l'autre.Une automobiliste raconte : «Dans la matinée, j'avais garé ma voiture du côté d'une station-service, comme je le faisais d'habitude, l'endroit se trouve à quelques mètres de mon lieu de travail. J'étais matinale et je n'ai pas eu donc de problème pour trouver une place pour garer. Je l'ai alors placée devant une boutique. En fin d'après-midi, j'ai été pour la récupérer. Mais en arrivant, je trouve mon véhicule bloqué par une grosse voiture grise claire métallisée. Le gars de la boutique m'a bloqué l'issue, mais il a fait comme si la voiture ne lui appartenait pas.»Elle poursuit : «Je lui dis qu'il y a de la place pour tout le monde... Bref, il continue à râler, moi qui ai osé garer ma voiture devant sa boutique, alors que je n'avais pas "le droit" de le faire! (?) Je me mets à klaxonner pour attirer l'attention et faire venir le conducteur de la voiture (au cas où mon interlocuteur dit vrai), il revient me crier dessus et me dire d'arrêter de polluer l'environnement et de "respecter" ceux qui font leur sieste. N'en pouvant plus, j'appelle la Gendarmerie nationale et je décide de prendre des photos, pour montrer la "zkara" personnifiée, la hogra...Alors, que vois-je ' Je vois le gars de la boutique monter dans la voiture grise claire métallisée, puis la déplacer pour me céder le passage. Son copain vient vers moi et me menace : si la prochaine fois, tu gares à cette place, je te crève les pneus ! Mais de quel droit, ces deux gars voulaient me "donner une leçon" en me punissant de la sorte, de quel droit tous ces marchands, boutiquiers et bien d'autres encore, se donnent-ils le droit de squatter des espaces extérieurs pour en faire leur "propriété" '» Les femmes se disent plus exposées à ce type de situation.Une étudiante, qui a pour habitude de se rendre à la Bibliothèque nationale pour réviser ses leçons, découvre à la fin de la journée ses pneus dégonflés par les riverains près de la mosquée y attenante. «Illico presto, les habitants sont venus chercher des pompes pour m'aider, me disant avec un grand sourire : '' Faut plus vous garer ici mademoiselle, ils n'aiment pas trop ça par ici. Sûr que la prochaine fois ils crèveront les pneus.»Une menace à peine voilée selon elle. A l'origine de ce cafouillage, et tout comme pour le problème de la circulation qui perdure, un manque d'anticipation des autorités locales. Si tous les Algériens sont des mécaniciens -dixit Fellag-, ils sont aussi tous experts en matière de circulation routière, tant ils ont le temps de retourner la question durant leurs longues heures passées dans leur véhicule. Certains y ont analysé le côté technique : «Les autorités locales et centrales n'ont jamais fait le moindre effort pour remédier à ce problème.Bien au contraire, elles continuent toujours de limiter le nombre de places disponibles en interdisant le stationnement dans certaines ruelles et en autorisant l'ouverture en plein centre-ville de nouveaux centres commerciaux, en transformant, à titre d'exemple, l'ancien parking de la rue Meissonier en bazar.» D'autres diagnostiquent l'aspect sociologique : «N'importe qui peut faire sa loi. L'Algérien croit désormais qu'il est seul au monde et que les autres n'existent pas. C'est une attitude infantile qui exprime un mal-être.» D'autres encore y voient un problème politique : «Il y a une loi et elle est respectée. La situation est différente en Algérie. La loi est bafouée et le plus mauvais exemple vient d'en haut.»





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