Algérie - A la une

Trois banques publiques fin prêtes


Le secteur bancaire local entame désormais la mise en place de guichets dédiés aux produits de la finance islamique. Il s'agit de la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr), de la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep-Banque) et de la Banque de développement local (BDL). La Banque nationale d'Algérie (BNA) est, elle aussi, bien avancée pour être au rendez-vous, même si une date précise n'est pas encore fixée.En tout, trois banques publiques sont donc fin prêtes pour proposer à leur clientèle des produits bancaires conformes à la charia islamique, tel que souhaité par les autorités du pays. Ces établissements ont d'ores et déjà mis en place des guichets bancaires "Charia compatible" au sein de leurs différentes structures. D'autres banques, comme Al-Salam Bank Algérie et Al-Baraka Bank, se sont déjà spécialisées dans la finance islamique depuis plusieurs années. Housing Bank et Trust Bank proposent, elles aussi, ce type de produits à leur clientèle.
Le Conseil de la monnaie et du crédit, faut-il le préciser, a promulgué un deuxième règlement, n°20-02 du 15 mars 2020, qui vient enrichir et développer le règlement 02-18 du 4 novembre 2018. Il vient apporter quelques modifications, des améliorations et des précisions par rapport à l'ancien règlement, en capitalisant l'expérience vécue sur le terrain, dans le but d'accélérer le processus de commercialisation de ces produits par les acteurs de la place, notamment les banques conventionnelles.
Le directeur général d'Al-Salam Bank, Nasser Hideur, relève déjà la nouvelle appellation de ce "produit islamique" au lieu de "produit participatif" tel qu'inscrit dans l'ancien texte. "Ce sont des produits bancaires qui mettent un terme à la préoccupation d'ordre religieux, affichée par de nombreux citoyens, à savoir la problématique de l'intérêt liée aux pratiques bancaires classiques", souligne-t-il. Il est constaté également une définition plus claire et détaillée des produits de financement et de placement.
L'expert en finance islamique a mis l'accent sur une principale nouveauté introduite dans ce nouveau règlement : "Avant que les guichets islamiques soumettent les produits ?Charia compatibles' à la Banque d'Algérie pour autorisation préalable, il y a lieu de recueillir au préalable l'avis de conformité de l'Instance nationale de fetwa, qui sera installée au sein du Conseil supérieur islamique." Auparavant, cela n'était pas une condition. "Avant, la Banque d'Algérie se prononçait sur l'aspect bancaire seulement.
Aujourd'hui, c'est l'inverse. Pour veiller à ce que ces produits soient crédibles, il est exigé cette attestation, ce certificat de conformité délivré par cette instance de fetwa", explique Nasser Hideur. Autre nouveauté, que le DG d'Al-Salam Bank juge intéressant de souligner, a trait aux dépôts à vue, c'est-à-dire les dépôts remboursables ? différents des dépôts participatifs ? qui bénéficient de la garantie du Fonds de garantie des dépôts bancaires conformément aux dispositions de la Banque d'Algérie. Toutefois, il serait souhaitable que cette couverture du fonds soit étendue aux dépôts d'investissement.
La société qui gère le fonds de garantie des dépôts bancaires et qui abrite les primes versées par les banques offrant des services bancaires "Charia compatibles" se doit de les insérer dans un compte spécial dédié aux guichets islamiques. Ces primes ne peuvent être placées que dans des "soukouks" souverains que pourrait émettre le Trésor public. Les dépôts à vue des banques classiques, par contre, sont placés obligatoirement, selon les dispositions du règlement, dans des bons du Trésor qui soulèvent la problématique de l'intérêt.
Par ailleurs, le démarrage des guichets islamiques des trois banques publiques qui disposent ensemble de quelque 600 agences permettra, relève Nasser Hideur, d'étendre cette offre à l'ensemble du territoire national. Les citoyens et les opérateurs économiques qui opteront pour ce type de produits vont contribuer à l'amélioration du niveau de bancarisation de la société par rapport à cette couche de la population qui refuse de confier son épargne aux banques classiques, en raison du souci religieux inhérent aux formules de prêts et d'emprunts assorties d'intérêts considérés non conformes à la charia.
Cela dit, "la finance islamique ne va pas résoudre à elle seule le problème des activités informelles, mais peut participer de façon assez significative à la résorption d'une partie de ces pratiques financières et commerciales qui échappent au secteur bancaire", indique enfin notre interlocuteur.



Badreddine KHRIS


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)