Trois ans de prison pour un imam

Une vue d'El BahiaLe mis en cause était postulant au poste de mufti principal de la capitale ouest du pays.Trois années d'emprisonnement ferme. Le verdict a été prononcé en fin de journée de lundi contre l'imam El Mahdi, exerçant dans la mosquée El Feth de Dar El Beïda dans la wilaya d'Oran. Le même jugement a été énoncé contre son disciple, un jeune homme âgé de 22 ans originaire de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Les deux mis en cause ont été reconnus coupables d'homosexualité et exercice d'homosexualité dans un sanctuaire sacré et jugés par le tribunal de première instance d'Oran. L'avocat général a, dans son plaidoyer qu'il a prononcé auparavant, requis une peine de 5 ans de prison ferme contre chacun des deux individus.Depuis son ouverture, le matin, jusqu'au jugement des deux mis en cause, le tribunal de la cité Djamel Eddine n'a pas désempli de monde, notamment des curieux et des imams, venus de toutes les contrées de la partie ouest du pays pour suivre les cours du procès. D'autant plus que le principal mis en cause, l'imam était postulant potentiel pour se tailler le titre de mufti principal de la capitale ouest du pays. Les démêlées des deux mis en cause avec la justice remontent au mois de février dernier lorsque le disciple, originaire de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, âgé de 22 ans, s'est présenté devant les services de sécurité en vue d'opérer un dépôt de plainte dans laquelle il impliquait directement l'imam. Pour étayer sa thèse, l'élève accompagnait ses dires en mettant à la disposition des enquêteurs des CD dépassant les seuils de l'érotisme.Les CD contiennent ses «ébats amoureux» le liant à son maître, l'imam, tout à fait semblables aux scènes érotiques tournées dans les plus grands studios spécialisés dans le tournage des films pornographiques. Répugnés par le contenu des images, les enquêteurs se mettent à leur besogne en ouvrant illico-presto une première note d'information qui a abouti à des révélations non moins fracassantes. L'enquête révèle que l'imam était le meneur de toutes les parties amoureuses qu'il livrait à son disciple en lui versant des sommes d'argent à chacune de leurs rencontres. Cette relation contre nature a, selon l'enquête, duré quatre années sans aucune interruption.Ce n'est pas tout. Le disciple est allé loin dans sa déposition en soulignant gravement qu'il a été attiré par une tierce personne de Bordj Bou Arréridj jusqu'à la wilaya d'Oran. Cette tierce personne a, selon le disciple, procédé à sa «vente» à l'imam, originaire de l'Oranie, très précisément de la wilaya de Mascara. Dès son arrivée dans le territoire de l'Oranie, l'imam s'est, durant les premières années, mis à assouvir son désir avant de passer à la phase suivante en procédant à l'immortalisation de ses «meilleurs souvenirs» en filmant les séquences charnelles le réunissant au petit «bel homme» à l'aide d'un téléphone portable. Selon le témoignage du deuxième mis en cause, le disciple, la prise des vidéos est assumée par l'une des connaissances de confiance de l'imam. Ce n'est pas tout. Au cours de l'enquête, un autre imam, originaire de l'Oranie, a été cité dans l'affaire. Il a été balancé par le jeune disciple. Le deuxième imam, en fuite, fait l'objet de recherches lancées à son encontre par les enquêteurs. «Il serait fort probable que la mission du tournage aurait été assumée par le fugitif», explique-t-on. L'imam homosexuel a été accablé par ses compères, notamment ceux en charge de l'apprentissage du Saint Coran.A la question sur les raisons de la venue du jeune homme de l'est à l'ouest, les imams auditionnés ont répondu par la négative étant donné que le disciple de l'imam ne figure pas dans le registre contenant les nom des élèves apprentis du Saint Coran de la wilaya d'Oran.L'imam El Mahdi a, durant toute l'enquête et son procès, plaidé son innocence en niant les faits qui lui ont été reprochés argumentant ses dires que l'affaire dans laquelle il a été cité n'est autre qu'une machination qui a été fomentée à son encontre.