Algérie

Tripoli à la croisée des chemins




Tripoli à la croisée des chemins
Le Premier ministre libyen est déterminé à aller de l'avantC'est dans la base navale de Tripoli où il a établi son quartier général, qu'il reçoit sans discontinuer les nombreux dignitaires de la région, sous le regard médusé des chefs de Fadjr Libya.Contre toute attente, le gouvernement Al Serraj II a vite fait de prendre la mesure de la situation, au lendemain même de son «débarquement» au port de Tripoli, là où personne ne l'attendait vraiment. Après les menaces proférées à maintes reprises, le gouvernement rebelle a battu en retraite, et ce n'est pas la seule surprise de ces évènements en cascade. Tandis que plusieurs de ses ministres ont fui, vaille que vaille, le chef du gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, a cherché refuge dans son fief de Misrata dont les puissantes milices lui apportaient, jusqu'à ces jours derniers, un soutien résolu. Mais en quarante huit heures à peine, plusieurs d'entre elles ont soudainement tourné casaque pour manifester leur attachement haut et fort au gouvernement d'union appuyé par l'ONU et conduit par Fayez al Serraj! Il aura fallu toute la force de persuasion d'une délégation de chefs de tribus locaux qui ont opté pour ce ralliement inattendu afin de convaincre Ghweil de céder la place au Premier ministre investi par la communauté internationale. Et c'est fort de ce dénouement spectaculaire que le représentant du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, jugé indésirable à Tripoli, il y a à peine un mois, par les groupes de Fadjr Libya, débarquait hier dans la capitale du pays, avec la satisfaction du travail à moitié accompli. Car tous ces revirements ont de quoi mettre du baume au coeur de cette médiation qui a essuyé tant d'échecs, affronté tant de doutes et surmonté en définitive tant d'obstacles. Le soutien manifesté au gouvernement d'union par une dizaine de villes dont celles de Zawiya, Zouara où a trouvé refuge le président du Parlement non reconnu de Tripoli, Nouri Abou Sahmein, et surtout Misrata, aura vite fait tache d'huile au point que les dirigeants de la Compagnie nationale du pétrole (NOC) et ceux de la Banque centrale n'ont guère tardé à se ranger aux côtés d'Al Serraj. Et ce dernier continue de recevoir des gages d'allégeance de la part de chefs locaux et de responsables d'institutions, ce qui est de bon augure pour la suite des évènements. Et c'est dans la base navale de Tripoli où il a établi son quartier général, qu'il reçoit sans discontinuer les nombreux dignitaires de la région, sous le regard médusé des chefs de Fadj Libya. Mais il ne faut pas se réjouir plus que de raison. La situation politique et sécuritaire demeure en l'état, tandis que celle économique a atteint un seuil alarmant. La Banque centrale dispose de réserves garantissant six mois de salaires au maximum pour les nombreux fonctionnaires démobilisés depuis des années mais tributaires du pécule sans lequel la révolte serait de mise. La production pétrolière quant à elle est tombée à 400.000 barils par jour, avec un cours voisin de trente dollars, de sorte que les hydrocarbures ne rapportent plus que 10 milliards de dollars par an, à l'Etat qui dispose néanmoins d'un fonds de 70 milliards sauvegardés par la Banque centrale, à Tripoli, et 75 autres milliards placés sur un fonds souverain que gère un directeur installé à...Malte. Il n'empêche, la situation évolue dans le sens souhaité par le Groupe des pays voisins que conduit l'Algérie, résolument hostile à l'éventualité d'une intervention militaire brandie par les pays occidentaux inquiets de l'immobilisme observé par les factions de Tripoli et Tobrouk et surtout de l'appétit grandissant de l'Etat islamique qu'il faut combattre au plus vite. En 2011, l'Algérie était seule à s'opposer à l'intervention de l'Otan en Libye mais aujourd'hui elle est appuyée par l'ensemble des Etats riverains qui ont tiré les leçons des interventions en Irak et en Syrie et des drames humanitaires qu'elles ont générés.C'est pourquoi aucun Etat membre du Groupe des pays voisins n'était prêt à s'engager, au sol, dans une aventure plus qu'improbable, contraignant les Occidentaux à rechercher, coûte que coûte, un partenaire libyen réclamant officiellement leur aide et leur soutien. Scénario qui permet aux Etats-Unis de sous-traiter l'intervention militaire par leurs alliés européens et à ces derniers de sous-traiter à leur tour par leur vis-à-vis libyen. La machine est en branle, il reste à lui laisser le temps nécessaire du rodage, après quoi, le vent du désert va balayer les camps de Daesh et des autres groupes terroristes qui sévissent dans le sud de la Libye.C. B.


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