Algérie - Revue de Presse

Tripartite : Les intérêts des travailleurs relégués au second plan


L’ex-syndicat unique, qui ne mène plus la contestation sociale depuis des années, sera donc l’unique interlocuteur des pouvoirs publics au nom des travailleurs. Or, l’UGTA ne peut parler qu’au nom de ses adhérents. Elle n’a aucune légitimité politique pour défendre les intérêts des millions de salariés du pays. Ceux-ci ne l’ont pas déléguée pour plaider leur cause. L’absence des syndicats autonomes, ceux qui animent la scène sociale depuis des années, fait perdre tout intérêt et toute crédibilité à cette tripartite réduite à un forum presque officiel pour justifier le refus du gouvernement d’Ahmed Ouyahia d’ouvrir un dialogue large avec les mouvements sociaux. Ahmed Ouyahia reconduit depuis plus de dix ans les mêmes réflexes avec les syndicats autonomes. C’est à peine s’il n’ordonne pas de mettre leurs dirigeants en prison ou qu’il les livre au lynchage public. Le comportement méprisant du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, avec les syndicats des médecins (spécialistes et généralistes) et les représentants des médecins résidents, est le parfait exemple de cette incapacité à dialoguer et à trouver des solutions consensuelles. Idem pour Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur, face à la contestation estudiantine. Après avoir envoyé des policiers tabasser les étudiants qui voulaient porter leurs revendications dans la rue, le gouvernement a activé ses instruments de division. Le motif : les étudiants ne doivent pas faire de politique. Le militantisme politique, la défense des idées et des principes sont perçus comme «un mal» à bannir des campus. Parfois, les étudiants se laissent emporter par ce discours des temps anciens et qui «assure» au pouvoir «la docilité» de l’université. Au-delà de cela, le recours systématique aux tribunaux pour faire avorter des mouvements de grève est une autre preuve du refus du gouvernement d’accepter le débat libre sur la situation sociale. Simple routine La répression à travers la justice, qui n’a pas encore la capacité de dire non aux injonctions du gouvernement et des forces antiémeute, toujours prêtes à utiliser le bâton contre les manifestants, prouve que la tripartite est une procédure routinière dont l’objectif n’est pas la recherche de l’apaisement. Redonner l’occasion à l’UGTA de jouer son rôle de «pompier», alors que ce syndicat est incapable de maîtriser une allumette, est une nouvelle tentative de gagner du temps. Il est évident que la tripartite de ce samedi a relégué au second plan les intérêts réels des travailleurs. Les organisations patronales, qui n’ont toujours pas trouvé les moyens d’assumer un rôle de contre-pouvoir, sont en attente de décisions gouvernementales qui vont dans leur sens. Surtout que «le conclave» de demain sera concentré sur l’entreprise, pas sur ceux qui font tourner ces entreprises. L’inexistence de stratégie économique du gouvernement, qui souffle le chaud et le froid, le pousse à chercher désespérément «un consensus» aux mesures qu’il prend de temps à autre. Des mesures qui ont contribué parfois à bloquer la machine économique et à dresser des entraves devant l’investissement national ou étranger. Le bilan de l’investissement direct étranger (IDE) en Algérie, toujours inconnu, la reprise des importations tous azimuts et le taux alarmant de mortalité des entreprises suffisent pour comprendre que l’économie algérienne tourne en rond. Assouplir le crédit documentaire (Credoc) ou la règle 51/49 pour l’investissement ne va rien changer à cette situation. Le gouvernement est capable de prendre des contre-mesures dans les mois qui vont suivre. 
 
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