Algérie

Tremble, ô Algérien, mon frère bien-aimé! LE TEMPS SE GÂTE


Tremble, ô Algérien, mon frère bien-aimé!                                    LE TEMPS SE GÂTE
Nous sommes riches. Très riches même! Suffisamment en tout cas pour nous élever au rare et privilégié statut de créancier du FMI. Mais nous ne le sommes pas assez, cependant, pour être en mesure d'éviter à ce que les toits des vieilles maisons s'écroulent sur la tête de nos concitoyens et frères.
Nous sommes riches comme nous ne l'avions jamais été et notre misère n'a jamais été aussi grande. Dans le temps, lorsqu'il pleuvait, cela nous réchauffait le coeur car la pluie dans notre imaginaire était toujours porteuse de bienfaits. Pays à vocation agricole surtout, nous vivions au rythme de la pluie. De nos jours, dès que le ciel s'assombrit, la crainte nous noue l'estomac. Dès que les services de la météo nous annoncent une pluie, nous nous mettons à prier pour que cela se passe sans dégâts et si nous voyons tomber les premières gouttes, nous nous mettons à trembler, les frissons nous envahissent et la peur nous met au garde à vous. Trop importante est pour nous la pluie car, malgré tout, nous sommes encore trop près de la terre, mais, en même temps, elle nous fait tellement peur depuis qu'elle s'est mise à tuer chez nous. Qui a oublié Bab El Oued' Qui ne se souvient plus de ces immeubles qui s'écroulent à la moindre pluie' Hier encore, à Raïs Hamidou la pluie a provoqué un écroulement à cause de la vétusté.
Mais est-ce donc possible que nous soyons ainsi' Toujours parmi les premiers à venir en aide aux autres dès qu'un malheur les frappe, l'Algérie s'avère incapable d'aider les Algériens pour leur éviter de recevoir le toit sur la tête aux premières pluies d'automne. Toujours prompts à annoncer des dons, à gauche et à droite, sans pour autant être capables de les destiner à qui mérite le plus. Envoyer des gens au pèlerinage, avec l'argent des citoyens, au moment où d'autres Algériens, plus nécessiteux, ne trouvent pas de quoi manger ou, comme c'est le cas, ne trouvent pas un logement décent, est, à notre sens une absurdité. On ne meurt pas de ne pas aller au pèlerinage, mais on peut mourir dans une maison qui coule de partout. Et puis, tant qu'on y est... quelle est donc cette gestion qui s'avère incapable de loger trente millions de personnes.
Depuis cinquante ans que l'on nous chante que l'on essaie de trouver une solution au logement et voilà que, jusqu'à présent, les Algériens n'arrivent pas à trouver un endroit potable pour y vivre et surtout, là où en sont les choses, pour y mourir. Les pays, qui font autrement que jeter l'argent par les fenêtres, sont arrivés sans peine à loger tous leurs citoyens. Peut-on encore parler de gestion du pays sans rougir' Peut-on encore bomber le torse et parler de programmes de développement et de croissance'
Généralement, on n'a pas besoin de sortir de Harvard pour reconnaître la bêtise. Et comme la nôtre est tellement idiote et grossière, il est étonnant quand même que d'aucuns ne la constatent. Elle est là, dans la route que l'on ne sait même pas retaper. Elle est là, sur le trottoir que nous refaisons à chaque événement, à coups de milliards, sans jamais l'améliorer. Elle est là, dans ces innombrables festivals qui n'ont de festival que le nom et dont nous nous entêtons pourtant à poursuivre l'organisation dans chaque coin du territoire, à coups de milliards. Drôle d'idée que nous nous faisons de la culture! Notre bêtise est là, au bout des sommes colossales qui sont déversées chaque année dans la poubelle de la République alors que les plus nécessiteux ne trouvent même pas de quoi se couvrir du froid. Est-ce ainsi que l'on gère des pays comme le nôtre' Parfois, la honte nous envahit, rien que lorsqu'on regarde ce qui se passe. En 1962, les pluies nous rassuraient et c'est à peine si nous ne faisions pas une fête de la pluie, tellement nous y étions attachés. Cinquante ans d'Indépendance et des milliards d'euros plus tard, nous en sommes à trembler à la première goutte. L'hiver arrive, la pluie est déjà là, alors... Tremble ô Algérien, mon frère bien-aimé!


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