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Transition : la mort de l'article 102


À moins d'un miracle, l'élection présidentielle du 4 juillet prochain n'aura pas lieu.Le pouvoir, qui a tout fait pour maintenir le calendrier électoral pour respecter une sortie de crise "constitutionnelle", a connu, hier, un nouveau revers. Aucun postulant sérieux n'a déposé de dossier de candidature pour briguer l'élection présidentielle projetée le 4 juillet prochain. L'annulation du scrutin est désormais inévitable.
À quelques heures de la clôture officielle des délais légaux de dépôt des dossiers de candidature pour l'élection présidentielle, prévue hier à minuit, les deux candidats qui ont réussi à franchir le cap des parrainages ont décidé de ne pas aller à l'élection présidentielle. Belkacem Sahli, secrétaire général de l'ANR, et Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbal, ont annoncé, chacun de son côté, ne pas aller au bout de leur démarche. Dans un communiqué rendu public dans la matinée d'hier, l'ANR a expliqué que cette décision est dictée par des considérations "populaires, constitutionnelles, juridiques et politiques".
Il a estimé que "le rejet par de larges franges du peuple algérien du cadre dans lequel se déroulera l'échéance du 4 juillet, le manque de mécanismes constitutionnels et juridiques pour encadrer l'élection (haute instance chargée de la supervision et de la surveillance des élections et la révision du code électoral) et l'absence d'un consensus politique chez la majorité des acteurs de la scène nationale sont susceptibles de faire de ce rendez-vous une autre occasion ratée pour trouver la solution et une cause supplémentaire d'aggravation de la situation".
De son côté, le président du Front El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, a également annoncé dans la matinée "renoncer" à déposer son dossier de candidature. Il a expliqué cette décision par "le gel régnant et engendrant l'absence d'une réelle et sérieuse préparation de cette phase importante, la non-installation de la commission indépendante requise pour garantir la transparence et l'intégrité de la présidentielle à travers toutes ses étapes, (et) l'absence d'une rivalité politique susceptible d'imprimer à la présidentielle un climat de transparence". Le parti El-Moustakbal évoque, également, "l'absence de conditions nécessaires et d'un climat populaire favorable pour une participation massive et la non-concrétisation du dialogue auquel a appelé l'institution de l'Armée nationale populaire (ANP)".
Hier, seul un candidat, qui n'est pas connu de la scène politique, a déposé un dossier auprès du Conseil constitutionnel. Mais l'homme a avoué ne pas avoir acheminé tous les parrainages. Ce qui conduira le Conseil constitutionnel à constater l'absence quasi totale de postulants à la magistrature suprême. Cette nouvelle donne conduira forcément le Conseil constitutionnel à déclarer impossible l'élection du 4 juillet. Fait inédit dans les annales politiques du pays. Mais plus que cela, le pouvoir sera obligé de trouver des artifices juridiques pour justifier le report de l'élection. Le pays entrera, de plain-pied, dans un vide constitutionnel. La porte est naturellement ouverte, de fait, à une transition politique.

Ali Boukhlef
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