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Transfert
C'est encore la période des transferts. Une dizaine de jours après la rentrée officielle, les rectorats sont pris d'assaut par des étudiants qui demandent à changer de spécialité.En quête du quitus qui leur ouvrira les portes des établissements ou filières désirés, ils font le pied de grue en attendant la grâce rectorale. Le gros de ces «migrants volontaires» est constitué d'anciens bacheliers (avant le bac 2016) frustrés par l'orientation initiale ou insatisfaits de leurs études. C'est que, pour ces candidats au transfert, l'accord est tributaire uniquement du bon gré du chef d'établissement universitaire visé. Si la condition sine qua non telle que notifiée par l'administration universitaire est la disponibilité des places pédagogiques, il demeure que les voies sont largement ouvertes pour les pratiques douteuses amarrées au copinage, au népotisme et autre clientélisme.De l'aveu même du directeur des enseignements et de la formation au ministère de l'Enseignement supérieur, Noureddine Ghouali, par le fait que les transferts sont gérés uniquement par les établissements universitaires, beaucoup de dépassement sont enregistrés. «Des étudiants qui n'ont pas été acceptés dans certaines filières faute de moyenne d'accès se retrouvent inscrits dans la spécialité après la période des transferts», dénonce-t-il.En ces temps de diatribe où les ministres de la République dénoncent eux-mêmes des pratiques qu'ils sont censés éradiquer (et c'est un aveu d'impuissance), la déclaration de M. Ghouali n'étonne plus personne. Seulement, il est permis d'accorder à cette tutelle le bénéfice de la bonne foi, en prenant en considération l'installation de la nouvelle plateforme réservée aux transferts pour garantir la transparence et une meilleure visibilité.S'il est difficile d'établir avec précision les statistiques des demandes de transfert annuels puisqu'un grand nombre se passent à un niveau décentralisé, on sait grâce à la nouvelle plateforme que près de 10% des bacheliers 2016 inscrits à l'université ont demandé à changer de filière ou d'établissement. Et au-delà de l'importance du chiffre, le phénomène pose des problématiques de fond. Si le ministère de tutelle exprime la volonté de satisfaire, dans le futur, le v?u de chaque étudiant dès l'opération d'orientation, il y a tout un travail à faire en amont.Le premier chantier à mener est celui du système éducatif qui devra inculquer aux élèves, en plus des enseignements pédagogiques, l'esprit d'initiative et la volonté de découverte pour faire naître des vocations. Et au-delà, il faudra également enclencher des mécanismes plus complexes les uns que les autres ? donner une identité au baccalauréat, valoriser les diplômes, ouvrir les perspectives économiques et autres ? pour arriver à produire des diplômés épanouis.Mais rappelons juste qu'avec ou sans accord de transfert, en satisfaisant ou pas le v?u de chaque étudiant, le taux d'échec en première année universitaire atteint les 60% dans certaines filières, selon la déclaration faite en juillet dernier par le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur, Seddiki Mohammed Salah Eddine. Et c'est là où le bât blesse. A l'université comme en football, il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus et, pour le moment, le mercato universitaire reste ouvert.





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