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Il faut aider Tayeb Louh dans son entreprise de nettoyer les écuries d'Augias«Ils ont osé faire ça, eux, les arbitres de nos conflits et de nos malaises' Eux, qui sont le recours pour tous ceux qui subissent les inégalités sociales!», s'interrogent les citoyens sidérés de découvrir cette «trahison des juges».
C'est la revanche des justiciers. Depuis la révocation des sept juges, les citoyens algériens suivent avec un intérêt très particulier ce qui se trame dans les arcanes de la justice avec l'éclatement du scandale de la cocaïne saisie en mai dernier, au port d'Oran. «Des magistrats impliqués dans des affaires de cocaïne'!», «Ils ont osé faire ça, eux les arbi-
tres de nos conflits et de nos malaises' Eux, qui sont le recours pour tous ceux qui subissent les inégalités sociales!», s'interrogent les citoyens sidérés de découvrir cette «trahison des juges».
Réuni, la semaine dernière, en session ordinaire, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), a statué sur le cas de ces magistrats «ripoux», mais aucun communiqué officiel n'est venu éclairer une opinion avide d'informations sur cette question hautement sensible. On apprend cependant, de sources judiciaires sûres, que des magistrats appelés dans le cadre de cette affaire n'ont pas répondu à la convocation du CSM. «Ils ont été jugés par défaut», précisent les mêmes sources, sans trop de détails. Il faut reconnaître qu'il y a un réel déficit de communication, même si l'on se réfugie souvent derrière de faux-fuyants usés à force d'être ressassés. La justice étant par essence et par vocation un ministère régalien, ses décisions, ses verdicts sont prononcés toujours au nom du peuple et le citoyen a le droit de connaître les tenants et aboutissants de cette affaire. De connaître le sort réservé à ceux qui ont trahi sa confiance. Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui a entrepris un profond travail de modernisation du secteur, s'est attelé depuis quelques semaines, à une autre tâche tout aussi déterminante pour cette institution régalienne.
Après la mise sur les rails d'une Ecole de formation pour la magistrature, les sessions de recyclage et formations spécialisantes, des stages de perfectionnement et l'introduction des nouvelles technologies, il fallait maintenant nettoyer les écuries d'Augias. Cela, même si le qualificatif est quelque peu exagéré puisque le nombre de juges révoqués reste très largement insignifiant pour décrédibiliser une institution qui fait sa mue. Que représentent en effet sept juges devant les 6 000 magistrats actuellement en activité' C'est à peine 0,001%. Mais qu'importe le nombre. Pour le peuple algérien, la justice demeure le dernier recours du pauvre et la loi le dernier rempart contre l'injustice et de signifier que quelle que soit leur place dans la hiérarchie, s'ils sont accusés de corruption, ils doivent se soumettre au verdict de cette même justice. Souvenons-nous: à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le roi de Grande-Bretagne, Georges VI reçut en audience son Premier ministre Winston Churchill, réputé par son stoïcisme à travers sa fameuse phrase: «Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes.» Le souverain britannique voulait s'enquérir, lors de cette audience, de l'état de son royaume après les bombardements subis par les infrastructures et les installations industrielles et qui ont réduit à néant toute production capable de satisfaire aux besoins des Anglais: «Sire (Majesté), toutes nos usines sont en ruine, nos ponts sont détruits, nos champs de cultures sont dévastés - Mais alors que reste-t-il de mon royaume, dit George VI, si rien ne fonctionne'
- Excepté la justice qui ne souffre d'aucun dysfonctionnement, répondit Winston Churchill - Le Royaume britannique est sauvé alors! s'exclama réjoui, George VI» Philosophie de ce message: la justice est tout ce qui réunit les citoyens d'un pays. Ne faut-il pas alors appuyer et prêter main forte au ministre de la Justice dans cette entreprise de séparer le bon grain de l'ivraie'
Les méandres du scandale de la cocaïne qui met la justice algérienne dans la tourmente dépasse même nos frontières pour prendre une dimension internationale.
Il ne s'agit plus d'une simple affaire de corruption circonscrite, de réseaux de trafics ou de détournements d'argent.
On est face à une entreprise criminelle d'une extraordinaire structure. Son personnel est constitué de hauts responsables et d'hommes influents qui s'adonnent sans retenue au pillage des richesses. A ce stade de ramifications transnationales, Kamel Chikhi dit «le Boucher» n'est que l'écume des choses et que l'affaire du groupe Abdelmoumen Khalifa n'est qu'un banal fait divers.
Ainsi, la démarche de Tayeb Louh est l'occasion pour la justice de démontrer que l'appartenance à la nomenklatura, à une certaine hiérarchie, n'est pas un blanc-seing.
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