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Tourisme
Le nouveau ministre du Tourisme assure vouloir renforcer le secteur pour aider l'économie du pays. Mais pour les jeunes professionnels, les objectifs du gouvernement ne sont pas les bons.«Il faut diversifier notre offre touristique.» A chaque déplacement, la phrase est la même. Amar Ghoul, nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, promet de réformer le secteur touristique pour «diversifier l'économie du pays». Un slogan qui a tout pour plaire alors que les ressources de l'Etat s'amenuisent. Son plan de renforcement du secteur comprend cinq points, dont celui de «réaliser des infrastructures répondant aux normes internationales».Dans ce cadre, une série d'hôtels seront achevés au cours des prochains mois, assure le ministère. Des hôtels, dont les chantiers ont commencé avant l'arrivée de Amar Ghoul. Oran, Mostaganem, Tizi Ouzou, Alger, toutes ces villes verront leur «nombre de lits» augmenter, assure-t-on. «Depuis l'arrivée du nouveau ministre, il y a de nombreux déplacements», explique un employé du ministère.Si le «déficit en matière d'hébergement» est un constat ancien, admis par les fonctionnaires, la principale faiblesse du secteur ne se situe pas là. «Chaque wilaya a ses potentialités, ses endroits à visiter mais il n'existe pas de guide complet et précis. Dernièrement, j'ai cherché des informations sur le site internet de l'Office national algérien du tourisme (ONAT), je n'ai pas trouvé grand-chose», raconte Sofia*, architecte, et membre de l'association les Nomades algériens.InformationsCe collectif oranais, créé en 2009 après un voyage entre amis dans le sud du pays, organise des sorties culturelles, des randonnées et des séjours dans tout le pays. Parmi les objectifs de l'association : «Participer à la promotion et à la valorisation de l'image de l'Algérie» et «encourager les jeunes à voyager et à découvrir leur pays». «Face au manque d'information, pour organiser nos sorties, il y a toujours un éclaireur, un membre qui part avant nous pour tout vérifier», explique-t-elle. Les membres du collectif communiquent ensuite sur leurs voyages : «Nous montrons le potentiel touristique du pays pour attirer d'autres jeunes, les inspirer», ajoute Sofia.Le manque d'information est reconnu en partie par le ministère du Tourisme qui inclut dans son plan de «faire un effort de vulgarisation des espaces touristiques». Pour autant, à la une du site internet de l'ONAT, trois informations se succèdent : la participation de l'Algérie au Marché international du tourisme de Tunis, au Salon de Malaga en Espagne et au Salon de Pékin.Sofia estime que les infrastructures de transport font également défaut : «Lorsque nous voulions aller à Timimoun, nous avons dû louer un bus et le garder pendant tout le séjour. Pas de transport d'Oran à Timimoun, et sur place, pas de transport non plus. Sans groupe, on ne peut pas le faire.»Pour Rostom, 30 ans, qui gère une maison d'hôtes depuis 2006 près de Ghardaïa, si l'Algérie veut faire du tourisme une source de revenus, il faut ouvrir le pays aux étrangers : «Il faut des facilités pour les billets d'avion, qui sont chers, et pour les visas, qui sont compliqués à obtenir. On ne peut pas compter uniquement sur le tourisme national pour développer le secteur, surtout dans les régions du sud du pays.» Originaire de la région, le jeune homme n'a pas fait d'école de tourisme mais il connaît le terrain.Alors que le ministre Amar Ghoul répète qu'il veut «former les employés et les manager pour bien gérer les nouvelles structures touristiques», Rostom nuance : «Pour être bon, il faut connaître parfaitement le terrain et surtout, il faut savoir comment réagir face à un client. Cela s'apprend grâce à la pratique. Dans les régions du Sud, les maisons d'hôtes sont tenues par des professionnels qui aiment leur travail et qui le font correctement, sans forcément avoir fait une école.» Le ministre du Tourisme estime par ailleurs que le pays doit œuvrer à «l'adoption d'une nouvelle mentalité afin de proposer un service répondant aux normes internationales».Les jeunes professionnels, persuadés du potentiel du pays, multiplient déjà les initiatives sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Instagram regorgent de photos, de bons plans, d'astuces pour découvrir l'Algérie. C'est une entreprise de communication gérée par deux trentenaires, la Fabrik Prod, qui organise, pendant le Ramadhan, des visites guidées du musée du Bardo d'Alger, tout en illuminant le bâtiment. Le soir, des centaines d'Algérois découvrent ce lieu, dont les couloirs sont vides tout le reste de l'année.GénérationL'écart s'explique-t-il par la différence de génération ' «Les professionnels qui sont aux manettes aujourd'hui n'ont jamais mis d'énergie dans ce domaine», déplore Samira membre d'un collectif de photographes. Les structures publiques ne semblent pas faire grand-chose pour dynamiser leur image. Pour attirer le public, l'ONAT mise sur des prix bas.Ainsi, cet été, l'Office propose aux familles algériennes des vacances dans les wilayas côtières de Béjaïa, Annaba, Oran, Tlemcen, Jijel et Mostaganem, à des prix allant de 4500 à 7000 DA par jour. Des appartements et des villas ont été loués et des camps de vacances et des hôtels réservés par l'organisme étatique. Mais l'offre n'est pas si alléchante : «Je suis partie en vacances dans un camp à l'ouest du pays, explique Samira. Il fallait prendre le forfait nuitée + repas en formule. J'ai refusé la formule pour le dîner. Mais le serveur n'avait rien de ce qui était proposé sur la carte.Quand je suis en vacances, je ne veux pas manger comme à la cantine de l'université. Mais le serveur m'a dit d'aller manger ailleurs si je n'était pas contente.» Rostom ajoute : «Ce qui est important c'est également l'offre de services. Dans notre maison d'hôtes, les clients nous répètent souvent qu'ils apprécient de rencontrer des gens de la région, de connaître les traditions de Ghardaïa. C'est mieux qu'un hôtel froid.»







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