En enterrant le vieux Omar Bouayad Debagh (âgé de 81 ans) en cette fin du mois de mars, on ne peut rester indifférent à ce cordonnier (sababti) du Medress qui a échappé de justesse aux rafales de mitraillette des tirailleurs sénégalais qui ont fait une «partie de baroud» cet après-midi de la journée du 4/6/1957 que personne n'a le droit d'oublier. Si Omar est l'un des derniers témoins car il a porté les séquelles de sa blessure à la jambe gauche et depuis on le voyait se traîner péniblement avec ses deux béquilles jusqu'à sa mort en mars 2008. Rappelons les faits: après la grenade lancée contre le poste militaire des troupes sénégalaises implanté à Dar El-Hadit (fermée par les autorités coloniales en 1955 pour «activités subversives !») les tirailleurs sénégalais ont fait une descente dans la vieille médina et ont abattu à bout portant les commerçants, les consommateurs sirotant leur café sur les nombreuses terrasses de café et ont profané la grande mosquée en tuant à bout portant l'imam Benosman. Si j'évoque la mort de cet artisan cordonnier, qui a souffert en silence depuis sa grave blessure de 1957 à 2008, c'est pour que nul n'oublie ces anonymes, victimes de l'oppression coloniale et ils sont nombreux à ne jamais avoir demandé de réparations ni morales ni matérielles. Si Omar «l'handicapé de 1957», que tout le monde connaissait comme cordonnier dans sa petite échoppe d'El-Medress, a rejoint son épouse décédée avant lui, M'qadma Hadja Aouicha Bouayed, cantatrice de la zaouïa Cheikh Benyellès du quartier Ars Didou. Que Dieu les accueille dans Son Vaste Paradis.
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Posté Le : 07/04/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Sid'ahmed Cheloufi
Source : www.lequotidien-oran.com