Algérie - Patrimoine Historique

Tlemcen, Etendue comme une fiancée sur son lit nuptial.



Tlemcen, Etendue comme une fiancée sur son lit nuptial.
Prédestiné pour voir naître une grande cité, le site de Tlemcen a un cachet particulier.

Ayant à ses pieds le tapis chan-geant des vallées de la Tafna et de Safsaf, dominée au sud par un vaste plateau rocheux dont le rebord dé-coupe ses escarpements rosés vers la ville, Tlemcen occupe le degré intermédiaire d'une sorte d'escalier formé de trois marches géantes. Etendue comme une fiancée sur son lit nuptial aux dires d'un historiographe de ses rois, Tlemcen occupe une des plus admirables positions que puisse choisir un faiseur de villes. Cette position lui valut un de ses nom¬breux surnoms la bien gardée des Dieux. Au sud, elle est abritée par la cou¬ronne du plateau de Lalla Setti; au nord elle domine une riche plaine semée de villages et de 'Koubas'; au loin, la ligne souple des hauteurs. Durant les beaux jours, on aperçoit nettement la mer à l'horizon, dans le voisinage de l'embouchure de la Tafna. La barrière des chaînes côtières n'arrête pas les vents hu¬mides et frais. Les nuages qu'ils apportent arrosent la plaine et pour-suivant leur route vers le plateau, ils y alimentent sous forme de pluies ou de neiges d'inépuisables réser¬ves d'eau. Tlemcen, assise sur le palier au pied des hauteurs rocheu¬ses du Sud, reçoit ainsi en abon¬dance l'eau la plus pure, ce qui fait dire à ses habitants qu'elle est bénie du sort. Ruisselant en cascades au flanc des rochers, ou bien déva¬lant dans les canaux d'irrigation, l'eau abondante et limpide, entretient la fécondité de la campagne tlemcénienne depuis près de deux millé¬naires; cette abondance des eaux cou¬rantes fait que les arbres des pays froids se mêlent ici, dans les jardins, à ceux des régions méditerranéennes.

Des oliviers séculaires composent des paysages imposants; les figuiers, les orangers, les citronniers voisinent dans les vergers avec des noyers, des pêchers, des pommiers, des cerisiers dont la cueillette est une fête pour les habitants. On voit fréquemment en janvier la neige recouvrir les amandiers en fleurs, mais c'est en avril que la campagne tlemcenienne exerce le charme le plus puissant sur ses visiteurs. Des haies de rosiers fleuris bordent les chemins, les ce-risiers deviennent d'énormes bouquets blancs, le parfum des fleurs qui s'entrouvrent comme pour un sourire est des plus exquis, dit un de ses poètes. Dans les ravins murmurent des ruis¬seaux, la verdure et les fleurs cou¬vrent tout; les ruines de l'enceinte de Mansourah disparaissent derrière les branches des arbres. On pourrait appliquer à Tlemcen ce vers d’un poète andalou : c'est un pays auquel colombe a prêté son collier et que le paon a revêtu de son plumage. Cependant, l'eau qui descend du plateau ne procure pas seulement à la cité sa merveilleuse ceinture de jardins. Elle s'associe, ou plutôt s'associait à défense. L'oued Metchkana, mode ruisseau que la pluie ou la fonte des neiges transforment en torrent, coule au fond d'un ravin qui contourne au Sud-est ce palier où Pomaria, la ville antique, fut bâtie. Ce fossé naturel et l'escarpement qui dominent d'une quinzaine de mètres la plaine vers le Nord, créaient un site privilégié pour l'établissement d'une forteresse.
Les berbères devaient lui donner le nom d'Agadir, qui signifie rocher abrupt et par extension citadelle.

Enfin, la grandeur de Tlemcen eut sa source dans la situation de la ville au croisement entre les deux voies les plus importantes du Maghreb, la route Est-Ouest et la route Nord-Sud, qui fut si longtemps la route de l'or. Tant d'avantages naturels firent de Tlemcen un vieux site d'implantation humaine, de forteresse naturelle, et lui assurent une histoire dont on connaît la richesse.

Du plateau de Lalla Setti, dominant d'une centaine de mètres la ville, le voyageur peut embrasser d'un coup d'œil l'histoire de Tlemcen. A travers un rideau d'arbres, il découvre à ses pieds les deux anciennes cités: Pomaria-Agadir, puis Taghrart fondée par les Almoravides et la Tlemcen actuelle. A l'Ouest il devine Mansourah dont l'imposant minaret se dresse au-dessus de la plaine



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