Algérie - Revue de Presse

Tlemcen «Echange de discours» avec l'université de Montpellier



Le colloque international sous le parrainage de M. Ghouali Nouredine, recteur de l'université Aboubakr Belkaïd de Tlemcen, qui s'est tenu du 15 au 16/4/2008 dans la belle salle de bibliothèque d'Imama, a pu permettre aux professeurs et étudiants de Tlemcen et de Montpellier et ceux du Maghreb «d'échanger les discours» connus dans les deux rives de la Méditerranée depuis l'Antiquité à nos jours. Un travail très ambitieux de recenser «tous les discours» entendus et employés dans le Maghreb et dans le sud de la France. Les organisateurs de ce colloque, premier du genre, précisent leur objectif dans le prospectus distribué aux auditeurs. «Il est prévu pour ce colloque deux volets, successivement organisés à Tlemcen et à Montpellier (université Paul Valéry). L'objectif étant de faire dialoguer, sur la base d'une thématique commune, des données et des approches émanant directement des lieux eux-mêmes comme de personnes liées à ces lieux, avec différentes formes de représentation leur répondant en écho mais cette fois dans une certaine forme de distance, à partir des deux rives de la Méditerranée». Dans ce contexte, le colloque a prévu des conférences et des travaux d'atelier. La première journée a permis aux étudiants qui n'étaient pas nombreux à assister d'écouter le professeur Mohamed Mortad avec sa communication «Les savants (âlam) de Tlemcen», Guy Ducas «Les discours littéraires français sur Tlemcen», Mohammed Toul sur la poésie arabe ancienne sur Tlemcen. Le deuxième jour, les conférences suivantes sont prévues avec le professeur Mohamed Embarki qui interviendra sur «L'indexation du langage par des formes citadines», le docteur Mehdi Bourouba parlera des «Traces des dialectes arabes anciens dans le dialecte tlemcenien», le professeur JM Barberis axera son intervention sur l'approche phénoménologique et praxéologique de l'espace urbain en discours, le Dr B.Kerroum «voyagera» avec les participants avec sa communication «Tlemcen dans les écrits des «Rahalat» (voyageurs) et géographes au Moyen Age», enfin G.Ghersi clôturera cette rencontre des deux rives de la Méditerranée par «une approche revisitée de la recherche en sciences sociales pour le développement». Les ateliers de l'après-midi pendant les deux journées viseront trois thèmes, à savoir l'atelier I: Approches anthropologiques et représentations culturelles, l'atelier II fera des recherches sur les langues et expressions littéraires, enfin le 3e atelier «creusera» dans les lieux de mémoire. Ayant assisté à la communication de Radia Benyellès sur les valeurs et significations des proverbes dans les pratiques langagières tlemceniennes, j'ai été très surpris de voir que la nouvelle génération puise la sagesse, la morale et l'expérience dans la vie quotidienne chez les «vieux». C'est ce qu'a fait Mme Benyellès qui a enregistré quelques proverbes de sa grand-mère concernant plusieurs thèmes: le mariage, les invitations, la famille, la religion. L'exemple de ce proverbe sur le mariage est toujours d'actualité: «Zouadj labda fatachou âm» (le mariage durable nécessite des recherches d'une année !). «Wal al djoudoud yakbar wa yadjoud» (la bonne descendance grandit et réussit), «Marhab man zar wa khafaf» (bienvenue à celui rend visite et ne s'attarde pas), «Diafat al moumen talt (3) ayyam» (l'invité (croyant) ne doit pas dépasser les 3 jours). Les communications en approches anthropologiques et représentations culturelles (atelier 1) étaient très intéressantes à suivre, telles que les traditions funèbres à Tlemcen par le Dr Mustapha Ouchater, le patrimoine de la musique andalouse face aux exigences de la modernisation par Farid Daoudi, le hawzi son contenu et ses visées et son histoire par le Dr Chouaïb Megnounif, les zaouïas de Tlemcen et leurs impacts culturels et sociaux. Dans le deuxième atelier, l'ombre dibienne a plané sur tous «les discours» relatifs à Tlemcen où la trilogie de feu Mohammed Dib reste encore inexploitée vu sa grande richesse sociologique, culturelle, voire politique de l'Algérie et du Maghreb avant les indépendances. Sabeha Benmansour, présidente de la Fondation Dib, a parlé «des références et ambiguïtés de la référence: Tlemcen au coeur de l'univers dibien». L'exposé de Mme Guellil N. «Tlemcen, source à la croisée des mondes et des cultures» était pertinent car la conférencière a décortiqué deux ouvrages de Mohammed Dib, «Tlemcen ou les lieux d'écriture» et «L'infante maure», en démontrant le double ancrage socioculturel de l'écrivain qui a su utiliser la langue française pour expliquer «les misères» du terroir. Pendant deux jours, les deux rives de la Méditerranée ont communiqué sans «frontières» ni préjugés. Le «discours» de Paul Siblot de l'université Paul Valéry, après avoir rappelé les faits historiques de cette ville et de sa résistance à l'occupant, propose de nouvelles perspectives entre les deux rives. «On se propose à partir d'un échantillon de récits de voyages, de correspondances, d'essais et de fictions romanesques d'identifier les perceptions qui s'y enregistrent et les rapports à l'altérité qui s'y donnent à lire. On cherchera à en tirer une topographie discursive de ces lieux dits». Le pont est jeté entre Montpellier et Tlemcen, il va falloir le consolider !


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