Algérie - Urbanisme

Tizi Ouzou - La baie d’Azeffoun défigurée par l’urbanisation sauvage



Tizi Ouzou -   La baie d’Azeffoun défigurée par l’urbanisation sauvage




De par sa topographie, la baie d’Azeffoun ressemble à s’y méprendre à la Côte d’Azur et notamment la partie qui va de Nice à la Principauté de Monaco.

Ces deux contrées ont eu d’heureux destins urbanistiques qui les ont propulsées au rang des plus grandes destinations touristiques mondiales, alors qu’Azeffoun s’est enlisée dans la laideur urbanistique et architecturale qui agresse le regard. Un processus de destruction qui n’est malheureusement pas près de prendre fin, tant les prédations exercées sur ce magnifique site par la mafia du foncier et de l’immobilier se multiplient.

C’est une situation qui n’aurait jamais pu se produire sans la complaisance, voire la complicité de certaines autorités locales et régionales, pourtant expressément désignées pour faire respecter les règles de l’architecture et de l’urbanisme en vigueur. Et ce ne sont pas ces dernières qui manquent.

En matière d’urbanisme, la législation algérienne, en grande partie héritée du code de l’urbanisme français, est en effet réputée, aussi bien pour la clarté des prescriptions, que pour la sévérité des sanctions encourues par les contrevenants. La bonne exécution de cette législation avait de surcroît de bonnes chances d’être assurée par la police de l’urbanisme locale et les administrations territoriales chargées de faire respecter le plan directeur d’architecture et d’urbanisme (PDAU) dont est dotée la ville d’Azeffoun.

Mais comme nous avons pu le constater, toutes ces instances de supervision, de contrôle et de répression, ne parviennent pas à faire appliquer la loi, tant la mafia locale leur fait obstacle, aidée en cela par les puissants soutiens dont elle bénéficie.

«On ne sait même pas ce qu’il adviendra des constats de violation des règles d’architecture et d’urbanisme que nous établissons et transmettons régulièrement à notre hiérarchie, mais on continue chaque fois que possible à faire notre travail en notre âme et conscience. Il en restera certainement des traces», nous affirme, quelque peu désabusé, un agent de l’urbanisme, qui pointe du doigt des cas de délivrance de permis de construire à des personnes dont la propriété du terrain est contestée, des constructions sauvages, des surélévations illégales, des empiétements sur des terrains domaniaux et des cas d’obstruction dangereuse de cours d’eau naturels, comme par exemple à Melata.

Ces transgressions aux règles de l’urbanisme sont systématiquement signalées par la police de l’urbanisme local et les services communaux concernés, mais ces constats de malversation aboutissent rarement aux sanctions qui s’imposent.

Une personne âgée, véritable figure emblématique du village d’Azeffoun, attire notre attention sur les attestations d’ouverture de chantiers délivrées aux constructeurs en hiver, alors que les terrassements doivent, au risque de graves glissements de terrain, se faire impérativement en période sèche. C’est, dit-il, ce qui explique la détérioration de la route nationale 24 qui longe la mer, dont la partie allant d’Azeffoun à Beni Ksila est aujourd’hui impraticable.

Ce vétéran d’Azeffoun pense que tant que l’Etat, au premier rang, la wilaya de Tizi Ouzou, ne pèsera pas de tout son poids dans la mission de sauvegarde de cette magnifique baie d’Azeffoun, rien de sérieux ne pourra être fait dans le sens de sa préservation. Il cite le cas de l’entrée ouest du village, qui est un véritable scandale urbanistique et architectural, qui a été commis au grand jour sans qu’aucune autorité ait pensé à l’arrêter, ou, à défaut, en corriger les effets néfastes que constituent les embouteillages, le commerce informel en période estivale et les stationnements anarchiques.

A défaut de soutien des plus hautes autorités, les services communaux de contrôle et de répression, qui ne manquent pourtant pas de compétence, auront, dit-il, tendance à se décourager et à relâcher leur vigilance, favorisant ainsi les cumuls de faits accomplis qu’il serait difficile de corriger par la suite.

Du haut de la sagesse que lui confèrent ses quatre-vingt-deux années intégralement vécues à Azeffoun, cet ancien pêcheur interpelle le tout nouveau wali de Tizi Ouzou, afin qu’il s’implique du mieux possible dans cette noble action de sauvegarde de la baie d’Azeffoun, une des plus belles du bassin méditerranéen.


Photo: La baie d’Azeffoun

Nordine Grim

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