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Tifra
Tombée en décrépitude, dévorée par des herbes sauvages, traversée par des tuyauteries en pagaille, environnée par des eaux stagnantes où pullulent divers insectes, la fontaine Thala Allaoua dans le village de Tifra qui fut, jusqu'à la moitié des années quatre-vingt, un haut lieu de la communauté villageoise, est devenue aujourd'hui un endroit infréquentable.Le triste sort de cette fontaine est, évidemment, très mal vécu par les villageois qui supportent déjà avec peine une alimentation hydrique des plus irrégulières. «En été, il faut avoir la patience de Sidna Youb pour voir l'eau couler de son robinet, et avec ça, la collectivité ne semble pas préoccupée par la perte de ce patrimoine hydrique de très grande valeur», s'indigne un villageois.A l'origine de l'abandon de cette fontaine, la pollution de son eau, par un réseau d'assainissement mal réalisé, relié en amont au quartier Assam. Les djemâa ont, certes, interpellé à plusieurs reprises les autorités communales afin de régler cette situation, mais en vain. La réponse des autorités est très proche d'un «compte là-dessus et bois de l'eau fraîche» !Excepté la parenthèse d'un petit lifting, sans lendemain, dont elle a fait l'objet à la fin des années quatre-vingt-dix, aucun projet sérieux n'a été entrepris à ce jour pour la décontaminer.Fontaine mythiqueAccaparée, durant la Révolution, par l'armée coloniale pour son propre usage, cette fontaine à la triple dénomination (Thala Allaoua, Thala Ouyekhlef, Thala n'Tergua), d'où jaillit une eau froide, douce et limpide, a étanché la soif de plusieurs générations avant de sombrer dans l'oubli. Si Mohand Ou M'hend, Cheikh Ibn Badis, Jean Servier, pour ne citer qu'eux, ont, d'après les récits des vieux du village, apaisé leur soif à l'eau inoubliable de cette fontaine. L'on se rappelle encore aujourd'hui dans le village, avec une certaine nostalgie, des files d'attente qui se créaient quotidiennement en été, pour s'approvisionner en eau de cette fontaine.C'est bien sûr un temps que les moins de trente ans n'ont pas connu. Aujourd'hui à Tifra, à cause du laisser-aller, on peut effectivement dire «fontaine, je ne boirai jamaisde ton eau»...


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