Tiaret Aïn El-Kerma, Okba Ibn-Nafi ou la renaissance d'une icône

Telle une citadelle inexpugnable, AïnEl-Kerma la plus ancienne source d'eau de l'antique Tihert résisteadmirablement aux «coups de Jarnac» du temps et à la main coupable de l'homme.Vers l'an 700 déjà, le conquérant arabe de l'Afrique du Nord, Okba Ibn-Nafi sedésaltérait dans la légendaire source de Aïn El-Kerma avant de poursuivre saroute vers d'autres contrées pour y propager le Message de l'Islam.Plusieurs siècles plus tard, la sourcepromise pour ne jamais se tarir est fermée après que la main coupable del'homme eût décidé de l'assécher à jamais (?!). Première armoirie de l'antiqueTihert aux côtés du mausolée de Sidi-Mhamed (qui reste lui aussi à sauver!), lasource de Aïn El-Kerma est située au pied de la non moins légendaire grandemosquée surplombant l'ex-place Carnot, cette même place où Ali Maâchi et sesdeux compagnons martyrs furent pendus à un arbre par la soldatesque colonialeun certain 08 juin 1958. Des travaux effectués pour déplacer la salle desablutions de la grande mosquée ont sonné le glas de la source, fermée il y apresque une quinzaine d'années après avoir été polluée par des eaux usées.Actuellement, des travaux préliminaires de chaulage sont en cours et desprélèvements aux fins d'analyses ont été effectués pour dépolluer la source etl'ouvrir à nouveau, un rêve impossible auquel personne n'y croit ici à Tiaret.Sauf peut-être le directeur de l'Hydraulique, lequel après avoir réussil'exploit de redonner vie à la source de Aïn El-Djenane après plusieurs annéesde fermeture s'attaque aujourd'hui à l'autre défi pas du tout facile à relever,à savoir «ressusciter» Aïn El-Kerma et replacer la ville de Kaïd Ahmed dans sonprestigieux statut des années soixante-dix. Trônant majestueusement en pleincoeur de la ville de Tiaret, plusieurs concitoyens de feu Djelloul Ould Hamouont étanché leur soif avec l'eau suave et limpide de Aïn El-Kerma considéréecomme une véritable icône sacrée pour toute la région de l'Oranie. Al'évocation du nom de la légendaire source, nombreux sont ceux qui «libèrent»un profond soupir tant la symbolique de la fontaine est porteuse de souvenirsindélébiles pour plus d'un Tiareti de souche. Jusqu'à sa fermeture, plus àcause de la «bêtise humaine» que des stigmates du temps, Aïn El-Kerma estaujourd'hui une «relique» qui n'attire plus le regard blasé de personne. A sonâge d'or, Aïn El-Kerma était un foisonnement aqueux affublé de vertus curativesavérées depuis plusieurs décennies. Plusieurs générations de Tiaretis n'ontjamais sacrifié au rituel de se désaltérer à la source mythique. L'heureuseperspective de sa prochaine réouverture met... de l'eau à la bouche à plus d'unhabitant de l'antique Tihert. En attendant, sa «consoeur» non moins légendairea été rouverte au public la semaine dernière après avoir été fermée pourtravaux.L'on dit aussi de Aïn El-Djenane que celuiqui y a bu y reboira ! Forcément. Une foule compacte, jerrycans et autresbouteilles à la main, s'agglutine tous les jours que Dieu fait autour de lafontaine mythique pour se rafraîchir avec son eau à la pureté semblable ausourire d'un bébé. Située à un jet de pierre de Aïn El-Kerma, Aïn El-Djenane,sa beauté, son attrait... magnétique et son environnement encore en quête deréhabilitation lui confèrent une aura qui continue à subjuguer jusqu'à couperle souffle à toute une ville, du plus vieux au plus jeunot. La ferveur mêléed'une grande passion que suscite Aïn El-Djenane a pour origine, selon certainsvieux «autochtones» de la ville, le caractère sacré d'une source dont l'on ditqu'elle a contribué à guérir des personnes de leurs maux que l'on disaitmortels. Les têtes en bronze en forme du roi de la jungle d'où jaillit leprécieux liquide sont plus qu'un bel hymne à la vie, une invite à uneextraordinaire visite guidée dans les entrailles d'une cité multiséculaire dontl'eau bénite de Aïn El-Djenane, il faut l'espérer, va laver la ville de tousses péchés.Les grands comme les petits. Alors, enattendant que l'eau «roucoule» à nouveau de l'autre côté de la place desmartyrs, faisons le voeu fort et sincère que Aïn El-Djenane ne soit plus jamaissouillée par la main forcément coupable de l'homme, Amen...!