Théâtre algérien. une histoire d?étapes
L?hommage aux aînés Que faut-il lire dans le nouvel essai Le théâtre algérien, une histoire d?étapes de Bouziane Ben Achour ? Certainement rien de plus que la fine lecture qu?en a fait Miliani Hadj dans sa préface, c?est-à-dire celle d?une investigation centrée sur la période qui va « des premiers pas mâtures du théâtre algérien » après la Seconde Guerre mondiale jusqu?au début des années 1970 et qui « relève de l?étude historique et analytique pour l?essentiel bien qu?elle se singularise par l?empathie sincère de son auteur pour la cohorte de comédiens et auteurs qui ont donné chair à cette culture de l?exigence et du partage ». Cependant, la singularité signalée autorise une lecture voisine de l?approche développée par BBA. En effet, elle explique pourquoi le critique dramatique qu?il est a laissé de côté la « sévérité » qu?on lui connaît et qu?il s?est mis en retrait citant abondamment les quelques universitaires qui ont produit une réflexion sur le théâtre algérien et ceux qu?il appelle les hommes-orchestre de ce théâtre. La pertinence de cette remarque prend du relief si l?on prête attention à l?incipit en première page, une exergue où BBA se cite : « Ils étaient imitateurs par nécessité ; ils sont devenus créateurs par conviction ; leur postérité, c?est notre présent. » Comment alors ne pas conclure que dans cette nouvelle contribution à l?écriture du 4e des arts en Algérie, c?est l?auteur dramatique BBA qui a pris le pas sur le critique pour rendre hommage à ses aînés ? Et, dans cette reconnaissance de celui qui naquit au théâtre dans les années 1970, celles du temps de la radicale remise en cause des aînés, une rare chaleur est exprimée avec un art consommé de l?écriture, un style épique qui porte de bout en bout la saga esquissée par petites touches jusqu?à ce que le trait prenne forme. Cependant, la gratitude a pris soin de ne jamais verser dans la complaisance. Les aspects moins reluisants de l?aventure théâtrale ne sont pas tus et les faiblesses et les conflits sont dits, avec tact à la différence avec d?autres auteurs qui ont préféré les relever parfois non sans négativisme. Le doigté dont fait preuve BBA vient essentiellement du fait qu?il situe tout ce qu?il rapporte dans le troublé contexte de l?époque, celui d?une répression et d?une censure de tout ce qui pouvait exprimer une identité nationale niée. Et de fait, il a préféré lire des étapes dans un processus, là où d?autres encore ont noté des ruptures même si lui aussi ne se hasarde pas à trouver des filiations suggérant plutôt un travail d?accumulation.
Posté Le : 19/02/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kali M.
Source : www.elwatan.com