Algérie

Terrorisme Les Européens parlent d'une menace qui vient d'Afrique du Nord




L'Europe serait directement menacée par le terrorisme international, et particulièrement par les groupes djihadistes ralliés à Al Qaida d'origine africaine. L'avertissement est lancé par le coordinateur européen dans la lutte anti-terroriste, le Belge Gilles de Kerchove d'Ousselghem. Le Monsieur anti-terrorisme de l'UE, tout juste âgé de 50 ans, est encore plus direct lorsqu'il affirme qu'une «menace terroriste très réelle contre l'Union européenne se développe en Afrique du Nord». Gilles de Kerchove, qui bouclera sa 1ère année en tant que coordinateur européen pour la lutte anti-terroriste, estime qu'Al Qaida «va continuer à dominer le terrorisme international», et, «en parallèle va se développer un terrorisme islamique de franchise». Pour lui, le GSPC algérien et le groupe combattant libyen, qui se sont ralliés à Al Qadia, représentent cette nouvelle facette d'un terrorisme d'obédience, un terrorisme qui se chercherait une légitimité internationale en annonçant son ralliement à la seule organisation classée, celle d'Al Qaida. Alarmiste, il prévient qu'une «menace se révèle à nos frontières», et plus précisément venant des pays d'Afrique limitrophes avec le continent européen. Les derniers événements en Mauritanie où quatre touristes français ont été assassinés par un présumé groupe terroriste, et l'affaire toujours en suspens des deux otages autrichiens détenus par le GSPC quelque part au Mali, sont brièvement cités dans son analyse du terrorisme par Gilles de Kerchove qui appelle les pays de l'UE à renforcer les mesures de lutte et de prévention. «L'UE doit renforcer la prévention et la préparation aux conséquences d'un attentat majeur», estime-t-il, laissant entendre que des pays européens seraient visés par des attentats terroristes. Pourtant, l'alarmisme de Gilles de Kerchove n'est pas vraiment argumenté par des preuves tangibles sur cette menace qui viendrait des pays d'Afrique qu'il s'est gardé de nommer. Car, faut-il encore avoir le courage d'affronter la problématique du terrorisme sous tous ses aspects, et principalement par ceux qui influent, depuis plusieurs années, négativement sur la sécurité des pays africains. Car nul n'ignore aujourd'hui, que des groupes terroristes extrêmement dangereux vivent et se développent dans une sorte de No man's land au Sahel, à cheval sur plusieurs Etats, de l'Algérie vers le Sénégal, en passant par la Mauritanie, le Niger, le Mali et le Tchad. Ces groupes terroristes, dont l'un détient toujours en otage deux autrichiens kidnappés dans le sud tunisien, sont pourtant identifiés, mais leur démantèlement ne dépend pas souvent d'un seul pays, mais d'une collaboration commune entre plusieurs Etats, sinon entre groupes régionaux. La dernière réunion à Alger du CAERT a bien démontré que le phénomène du terrorisme s'est internationalisé et touche maintenant de plein fouet certaines régions d'Afrique. Si les pays africains commencent à envisager, sinon à mettre en place l'ébauche d'une stratégie de lutte contre les réseaux actifs ou dormants d'Al Qaida dans le Sahel, il n'en demeure pas moins que l'UE peut, si elle le veut vraiment au lieu de lancer des avertissements pour chauffer l'opinion locale, contribuer efficacement dans cette lutte commune que veulent mener les pays africains, les premiers à pâtir des effets socio-économiques dévastateurs de l'insécurité et du terrorisme. Car si les plus hautes autorités européennes chargées de la lutte contre le terrorisme estiment à partir d'un rapt et d'un assassinat de touristes que toute l'UE est menacée directement à partir de l'Afrique par des attentats majeurs, que va penser dès lors son opinion publique, sinon que les pays d'Afrique sont une menace potentielle contre la sécurité, la prospérité et la tranquillité des Européens. Le raccourci du coordinateur européen pour la lutte anti-terroriste est contre producteur dans la mesure où il contient un dangereux amalgame, une sorte de naïve confusion entre pays d'Afrique musulmans, islamiques, et terrorisme islamique que certains groupes d'extrême droite belges, français ou néerlandais exploitent déjà depuis quelque temps avec parfois la bénédiction des autorités, notamment les «ratonnades», les atteintes aux symboles de l'Islam ou les cimetières musulmans. Gilles de Kerchove, expert par ailleurs dans un institut belge, fait bien de prévenir contre la menace terroriste qui pèse sur l'Europe, mais pourquoi viser principalement l'Afrique, et notamment les pays du Nord de ce continent ?
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