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Terroriser les terroristes



Terroriser les terroristes
Jour après jour, les bilans de la Gendarmerie nationale, de la Dgsn et de la Protection civile se suivent et se ressemblent. Jour après jour, les chiffres se télescopent, des dizaines de morts dont de jeunes enfants, et des centaines de blessés dont on ne saura jamais combien auront survécu à leur «transfert vers l'hôpital de la localité voisine». Tel est le bilan macabre qui trace inexorablement l'incapacité chronique des instances chargées de la sécurité routière à juguler l'hémorragie. Il y a huit ans, en 2007, la loi 87-09 avait pour but de lutter efficacement contre le fléau. Pour la première fois, elle introduisait le volet de la «prévention» et recommandait son inscription au fronton des écoles. Mais ce fut, comme en bien d'autres circonstances, un voeu pieux et rien d'autre. Entre-temps, le parc automobile a cru de manière vertigineuse, atteignant 5,6 millions de véhicules pour un réseau routier sensiblement statique, l'autoroute Est-Ouest étant cette Arlésienne dont on parle beaucoup mais dont on ne voit pratiquement rien. Demandez leur calvaire aux usagers qui vont de Constantine à Annaba. Répression accrue, multiplication des retraits de permis de conduire et aggravation des amendes n'ont rien changé au paysage. Ni celui de la corruption endémique qui caractérise le monde des commissions de retrait et des examinateurs de permis, sponsorisés par une certaine catégorie de «responsables» indéboulonnables. Ni celui d'une gestion approximative ponctuée de «mesurettes» sans effet réel, au point que les 3500 auto-écoles n'ont de pédagogie et de déontologie que le seul appât du gain. Le système de formation est complètement à revoir, surtout en ce qui concerne les poids lourds qui constituent un des facteurs principaux du terrorisme routier. Même la mise en oeuvre du chronotachygraphe, annoncé avec tambour et trompettes depuis plus de cinq ans, ne changera pas grand-chose à la donne, tant que les chauffeurs, et surtout les chauffards, n'auront pas été assujettis à un brevet professionnel de conducteur d'engins, en plus du permis de conduire de catégorie C ou autre. Autant dire que le ministre des Transports Boudjema Talai, a beaucoup de pain sur la planche. Du pain qu'il lui faudra surveiller de près, et utiliser à bon escient, afin de corriger les nombreux dysfonctionnements à l'origine du fléau, en amont comme en aval du secteur. A priori, les chiffres avancés pour les sept premiers mois de 2015 peuvent lui être présentés comme un gage de travail sérieux et prometteur. 2216 victimes sur le tarmac, 21914 blessés évacués vers les hôpitaux, cela se situe dans la moyenne «raisonnable» (sic) à laquelle le pays est habitué depuis bientôt dix ans. Mais la vérité veut que ces chiffres primaires doivent être revus et corrigés en fonction de paramètres autrement plus rigoureux pour avoir la mesure exacte du drame. Le Cnpsr, réduit à un centre de statistiques non moins approximatives, mérite une mission bien plus à la hauteur de sa genèse et de ses défis. Il devrait même être le pilote de la stratégie de lutte en la matière. A condition de disposer des moyens humains et didactiques indispensables en la matière. Ni les nombreux séminaires sans lendemain ni les rencontres d'études regroupant moult experts venus d'horizons internationaux divers ne suffisent à la peine. La solution doit être nationale ou ne sera pas. Et sa priorité doit être un système de vigilance véritable et sans merci. En quelque sorte, terroriser les terroristes de la route. Lesquels pullulent d'Est en Ouest, à travers tout le pays, forts d'une impunité toujours de mise.





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