Algérie

Temmar revoit sa copie



Une centaine d’entreprises publiques ne sont plus privatisables Le ministre des Participations et de la Promotion de l’investissement, Hamid Temmar, a étonné tout son monde, hier, du haut de la tribune de l’hôtel Aurassi, quand il a annoncé qu’une centaine d’entreprises du secteur public économique seront sauvegardées. «Nous devons sauvegarder une centaine d’entreprises publiques stratégiques et, à ce titre, l’expérience suédoise en la matière nous sera très utile», a-t-il déclaré à l’ouverture du séminaire entre LMD (un organisme tripartite suédois composé du syndicat, des opérateurs économiques et du gouvernement), l’UGTA et CGEA à l’hôtel Aurassi. Résultat immédiat: la fameuses liste de 1.200 entreprises à vendre n’est plus valable et l’Etat semble finalement revenir à de meilleurs sentiments dans sa stratégie économique. C’est là un virage à 180° que vient de négocier le ministre des Privatisations, rejoignant ainsi la position de la Centrale syndicale opposée à la première «religion» de Temmar du «tout privatisable». «Renforcer le dialogue social et la capacité des partenaires sociaux autour de la gestion de la transition et de la privatisation.» C’est autour de cette problématique que les experts suédois ont été conviés pour exposer l’expérience de leur pays au profit de l’Algérie. Le ministre des Participations et de la Promotion de l’investissement a donc révélé que l’Etat a abandonné son option de privatisation tous azimuts. Il faut rappeler que, jusque-là, seules Sonatrach, Sonelgaz et Air Algérie étaient officiellement exemptes de la privatisation parce que considérées par les autorités comme étant des «entreprises stratégiques». Depuis hier, elles sont donc une centaine à faire partie de ce lot de boîtes publiques à sauvegarder. Hamid Temmar, qualifié par l’UGTA et certains acteurs socioéconomiques de «Monsieur Privatisation», a donc fait marche arrière. Et c’est incontestablement une grande victoire pour l’UGTA qui a toujours contesté la décision de mettre en vente 1.200 EPE. M. Temmar s’est même permis, hier, d’argumenter sa nouvelle démarche en faisant remarquer que «la sauvegarde de ces 100 entreprises stratégiques permettra d’avoir une garantie vis-à-vis des partenaires européens». Un discours tout à fait inimaginable de la part du ministre il n’y a pas si longtemps. Et pour couronner le tout, le ministre annonce devant les Suédois la tenue, à «la fin du mois», des assises de l’industrie qui devront servir entre autres à diagnostiquer les entreprises publiques rentables à sauvegarder. De son côté, le patron de la CGEA a mis l’accent sur l’importance du dialogue social institutionnalisé qui a besoin, selon lui, d’un suivi permanent et de correctifs nécessaires, et ce, bien que les réformes soient venues un peu tardivement. «Le désengagement de l’Etat de la sphère économique va au profit du développement de notre économie», dira-t-il en soulignant la nécessité pour l’Etat de jouer son rôle de régulateur et d’aller vers une croissance durable. Le SG de l’UGTA, lui, a emboîté le pas à son prédécesseur en soulignant que «le dialogue social n’est pas arrivé tardivement, mais s’est construit depuis 1991, en respectant les obligations des uns et des autres». Selon Sidi Saïd, «cette phase de dialogue entre les trois partenaires s’est consolidée avec la mise en place d’un important instrument qui est le pacte économique et social et la signature d’une convention collective cadre avec le patronat». Pour le SG de l’UGTA, la convergence avec les partenaires dans une dynamique de consensus doit se rejoindre pour la création de richesses, non dans un esprit de bradage. «Si nous apportons des changements, dira-t-il, c’est selon notre cadence et selon notre approche sociale». Le SG de la centrale syndicale a défendu, enfin, bec et ongle, la SNVI et les entreprises de machinisme agricoles de Sidi Bel-Abbès et Constantine. En tout état de cause, la solution suédoise est là pour entamer la transition vers une économie productive sans heurt social et sous de meilleurs hospices. Ce virage à 180° de la politique de privatisation de Temmar a fait au moins un heureux. Abdelmadjid Sidi Saïd était, en effet, hier, aux anges d’entendre le nouveau discours de Temmar, en déclarant: «J’ai gagné ma journée!» Pour lui, la déclaration de Temmar marque un changement de cap dans la stratégie de développement économique. Le ministre, lui, a préféré arguer du fait que sa position a toujours été «incomprise» par les partenaires sociaux. Amine Makri & Abed Tilioua



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