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Dans son dernier film, La route d'Istanbul, présenté en Allemagne au récent festival de Berlin la Berlinale, le cinéaste RachidBouchareb continue sa route cinématographique dans le genre qu'il aime depuis le début de sa carrière dans les années 1980 : le road-movie. Il récidive aussi sur un thème qui lui est cher depuis London river, la question des conséquences de l'extrémisme et du terrorisme. London river narrait l'improbable rencontre entre deux personnes d'un certain âge, de cultures différentes, tous les deux à la recherche d'une preuve de vie de leur enfant respectif qu'ils espèrent avoir réchappé aux attentats dans les bus londoniens.Hasard de l'actualité, l'histoire de La route d'Istanbul, qui sera diffusé le 22 avril sur Arte à 19h45 (heure Dz), nous transporte en Belgique pour nous faire toucher du doigt le phénomène de l'embrigadement dans un islam que les médias ont désormais coutume de qualifier de radical. L'entrée en une religion déformée est la première étape qui mène vers le djihad.Bouchareb excelle dans l'intimisme et la maîtrise de l'art de dire les choses sans excès de langage, parfois dans les silences qui en disent beaucoup plus que les longues litanies. Dans ce film que nous avons pu visionner en avant-première, le cinéaste de Bâton rouge ou d'Indigènes sait que pour faire mouche il ne faut pas être dans le pathos, même s'il filme la quête désespérée d'une mère, Elisabeth, infirmière d'une quarantaine d'années, pour retrouver sa fille Elodie, 18 ans. Elle l'a élevée seule. Toutes deux vivent dans une belle maison isolée, au bord d'un lac, quelque part dans la campagne belge, un endroit paradoxalement sombre et tranquille.Du jour au lendemain, la jeune fille disparaît. Elisabeth apprend d'abord par l'une de ses amies qu'Elodie se trouve à Chypre, en compagnie de Kader. Puis la police lui révèle que, convertie à l'islam sous le nom d'Oum Sana, elle a pris un billet avec son compagnon pour gagner une ville-frontière turque, probablement afin de rejoindre la Syrie.Quand elle parvient à établir le contact avec elle sur Skype, Elisabeth découvre sa fille coiffée d'un hijab noir. Face à la détermination d'Elodie de rester avec «les siens», elle décide d'aller jusqu'en Turquie pour la chercher, accompagnée de sa meilleure amie... «Je suis parti d'un fait particulier pour la simple raison qu'il me touchait : celle d'une femme vue un soir à la télévision, qui avait essayé de passer en Syrie pour retrouver sa fille. Elle avait été refoulée à la frontière et n'avait qu'un désir : repartir», explique Rachid Bouchareb dans un entretien à Arte Magazine. «Ce film, explique-t-il, décrit aussi sa solitude absolue.»La scène la plus parlante est celle où, arrivée à la frontière turco-syrienne, elle ne pourra pas aller plus loin. Là, sur cette ligne limite, ceux qui veulent passer retrouver un proche croisent les exilés qui fuient la violence. «Ici, raconte Bouchareb, la guerre ne figure qu'en lointain arrière-plan. Elle est regardée à la jumelle par des réfugiés, depuis l'autre côté de la frontière.» Une frontière aussi mentale ou morale qui sépare désormais la chair de sa chair pour laquelle aucune résignation n'est permise et qu'il faut s'accrocher. Rachid Boucharebréussit là un film sobre tout en étant porteur d'une ambition de dire, simplement.


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