Algérie

Taux de chômage «fantaisiste» et «régionalisation» de certains projets



La colère du Président contre Ould Abbès et Khelil Les remontrances verbales adressées par le président Bouteflika et la grosse colère qu’il a manifestée à l’endroit des ministres Ould Abbès, Chakib Khelil et certains membres du gouvernement de Belkhadem, accusés de pervertir les chiffres ou de rouler pour leur wilaya, seront-elles suivies d’un effet immédiat? En ce qui concerne le ministre de la Solidarité nationale et de l’Emploi, la mise en garde avait valeur de jugement puisque le titulaire de ce département n’a jamais hésité, devant les micros de la télévision, à balancer des chiffres contradictoires sur le taux réel du chômage en Algérie depuis 2001. Officiellement, le taux a été ramené de 30% en 2000 à 15,3% en 2005. Ainsi, selon les chiffres fournis par l’Office national des statistiques (ONS), le taux de chômage en Algérie a été ramené en 2005 à 15,3% de la population active contre 17,7% en 2004 et 23,7% en 2003. En 2005, cette question a été l’objet d’une grande polémique de la part de Louisa Hanoune qui avait écorché le gouvernement. «Le taux de chômage, a-t-elle alors soutenu, demeure toujours plus élevé que les chiffres avancés par les pouvoirs publics.» Se référant à une enquête menée par son parti, l’oratrice affirmait que «le taux de chômage est de 30% et non 13%, comme annoncé par le gouvernement». Pour elle, «ces résultats ont été obtenus sans inclure dans l’enquête les femmes au foyer» en ajoutant, par ailleurs, que «le nombre de chômeurs est éligible à la hausse, d’autant plus que l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’UE engendrera la perte de 500.000 emplois à moyen terme». Le Président, qui n’arrive toujours pas à admettre qu’en l’espace d’une année le taux du chômage est resté pratiquement le même, a confié cette fois-ci la tâche au gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, de vérifier et de contrôler dorénavant les statistiques fournies par les membres du gouvernement. Avant-hier, il a été officiellement instruit pour vérifier les données officielles sur l’économie du pays. «Les chiffres sont contrôlés. Vous avez le droit de vérifier chaque donnée et vous avez le droit de dire à la presse s’il existe des chiffres faux. On doit dire la vérité», a martelé Bouteflika à l’adresse de Laksaci. Cette injonction s’apparente à une autre mise en garde adressée également au patron de la BA qui est la première institution bancaire du pays censée recueillir toutes les données nécessaires au bon fonctionnement de l’économie nationale. L’autre remontrance, concernant le projet de la raffinerie qui devait être implantée soit à Bouira, Boumerdes, Tiaret ou Bejaia, a été adressée au ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, absent à la rencontre d’avant-hier. Le ministère de l’Energie et des Mines avait lancé une opération de prospection pour l’installation d’une raffinerie en partenariat avec le Japon. Quatre wilayas (Bejaia, Boumerdès, Bouira et Tiaret) ont été alors proposées pour accueillir le projet sous condition de dégager une assiette de terrain répondant à une somme de critères. Le département de Chakib Khelil avait mis en avant l’exigence quant à la consistance du terrain qui doit s’étendre sur, au moins, 300 ha, et recommandé d’exclure le patrimoine urbanisable et agricole. C’est du moins ce qui a été demandé aux services concernés de Béjaïa, instruits aussi de veiller au respect de deux critères, à savoir la proximité avec les chemins de fer, l’oléoduc et le port. La prospection a permis de dégager un terrain du côté d’El-Kseur, à une quinzaine de kilomètres de Bejaia, et l’administration locale a été chargée de finaliser le dossier. Ce projet de raffinerie, dont la capacité de production est égale à celle de Skikda, devrait permettre la création de 3.000 postes d’emploi directs et des milliers d’emplois indirects. L’APW de Bejaia qui a pris la mesure de l’importance du projet avait immédiatement envoyé une correspondance au ministre de l’Energie et des Mines pour le sensibiliser davantage sur la disponibilité du terrain qui se trouvait dans la localité d’El Kseur. En plus de l’assiette du terrain, «non urbanisable et non agricole», ce terrain est situé à proximité d’une zone industrielle, d’une voie ferrée, d’un oléoduc, d’une autoroute en projet et à quelques kilomètres de l’un des plus grands ports du pays comprenant un port pétrolier et un grand appontement offshore pour les grands pétroliers. Le souvenir de la raffinerie de Skikda qui a failli être implantée à Bejaia restait en mémoire. Finalement, et contre toute attente, le projet de raffinerie de pétrole a été implanté à Tiaret, et la raffinerie conçue pour une capacité de traitement de 165 MM TPA de pétrole brut et ayant pour objectif d’assurer les traitements primaire et secondaire nécessaires pour la production et la maximisation des produits blancs avec des qualités conformes aux exigences internationales. Le pétrole brut à traiter par la raffinerie de Tiaret sera le pétrole brut algérien appelé communément «le Sahara Blend». Ce pétrole proviendra du centre de stockage et de distribution de Haoud El-Hamra, dans le sud algérien. Les produits finis appelés à sortir de la raffinerie de Tiaret, sont les essences, le kérosène/Jet fuel et le gasoil, propane et butane ainsi que la maximisation des produits comme le kérosène ou encore le gasoil. La raffinerie de pétrole est implantée sur un terrain de 320 ha, situé dans la zone industrielle du sud de la ville de Tiaret. Et selon la division engineering et développement de Sonatrach, une société de processing sera créée entre Sonatrach et le partenaire entrepreneur retenu. Cette société de droit algérien dont le capital social sera détenu à hauteur de 65% par Sonatrach et 35% par le partenaire retenu. L’objet de cette société de processing consistera en la réalisation, la gestion et l’exploitation de la raffinerie. Le site de la raffinerie avait été visité, par deux fois, par le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil. En inspectant, justement, le site devant accueillir la nouvelle raffinerie du centre du pays, Chakib Khelil avait déclaré que l’Algérie, qui doit produire dans les prochaines années 1,5 million de barils/j, dont la moitié sera destinée aux raffineries, réfléchit depuis longtemps à la construction d’une nouvelle raffinerie qui doit produire quelque chose comme 300.000 litres de produits pétroliers par jour. Le président Bouteflika, qui a promis de corriger les déséquilibres constatés entre certaines wilayas, les unes (une dizaine de wilayas) pourvues de tous les projets structurants et les autres, pauvres et n’ayant que leurs yeux pour pleurer les «ratages», saura-t-il user de toute son influence pour leur «transférer» certains projets déjà inscrits au budget de l’Etat.
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