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Taux bas : Comment les banques cherchent la parade


L'environnement de taux bas continue de peser sur la rentabilité des grands établissements financiers européens. Diversification, hausse des tarifs, restructurations? les banques testent toutes les solutions. Sans pour autant avoir trouvé la formule magique. Les résultats trimestriels approchent à grand pas pour les banques. Les Etats-Unis ouvrent le bal, dès ce mardi, puis l'Europe suivra. Parmi les sujets d'inquiétude, une question lancinante : comment contrer l'effet délétère des taux bas ' Aucune des stratégies mises en place ne semble pour l'heure résoudre le problème. .
Les banques accros au crédit immobilier
Dopée par les taux bas, la machine du crédit immobilier continue de tourner à plein régime en France. Cet été, le montant des encours a grimpé de 6,5 %, à 1.053 milliards d'euros. Avec des taux moyens accordés par les banques de 1,31 % en août. De quoi inquiéter Bercy, qui redoute " une nouvelle vague de renégociations " de prêts, susceptible de dégrader la rentabilité des banques. Celles-ci balayent néanmoins tout risque de surchauffe du crédit immobilier. Difficile toutefois de nier la réalité : le crédit à l'habitat est devenu une drogue, dont les banques ne peuvent pas se passer. Les taux bas continuent de rogner leurs marges, il faut donc faire du volume pour limiter la casse. Mais ils sont aussi une aubaine : " c'est la porte d'entrée pour acquérir de nouveaux clients, et leur vendre ensuite d'autres produits comme du crédit à la consommation, de l'épargne, des assurances, etc. ", explique François-Xavier Deucher, analyste chez Fitch. Reste à savoir combien de temps l'équation peut tenir.

L'airbag de l'assurance moins efficace
En France, et c'est une spécificité, les grandes banques sont aussi de grands assureurs-vie. Elles pèsent la moitié du marché. L'activité d'assurance-vie vient d'ordinaire compenser celle de la banque, plus conjoncturelle. Or, les taux faibles frappent simultanément les deux métiers : les marges plongent dans les activités de crédit, et côté assurance, les taux faibles rendent le fonds en euros au capital garanti, produit star, très pénalisant en fonds propres. Les assureurs tentent donc d'orienter les épargnants vers d'autres produits, moins gourmands en capitaux? mais avec un succès encore mitigé.
Le métier de l'assurance offre toutefois d'autres relais de croissance. Parmi ceux-ci, l'assurance emprunteur, qui reste très rentable pour les banques, malgré l'ouverture plus forte à la concurrence. L'assurance dommage (logement, automobile, santé) présente aussi une belle croissance, avec des revenus en hausse de 5 à 10 % dans les grands réseaux en 2018. La diversification peut aller plus loin que l'assurance : Avec Arval et ALD, BNP Paribas et Société Générale disposent ainsi de leaders de la location de véhicule longue durée.

Hausse des tarifs, terrain miné
Augmenter ou créer de nouveaux tarifs bancaires est tentant, mais sensible politiquement. Après le gel décidé en 2019, les premières hausses identifiées pour 2020 restent sages. Les banques tentent bien de facturer des taux négatifs sur les dépôts de leurs clients les plus fortunés (afin de répercuter la taxe qu'elles payent elles-mêmes auprès de la Banque centrale européenne). Mais cette politique ne pourra pas s'étendre aux clients " particuliers habituels " a déjà prévenu la Banque de France. Si elles veulent augmenter leurs tarifs, elles devront innover. " Dans le crédit, plutôt qu'un tarif unique, on peut très bien imaginer une personnalisation plus forte des prix, reposant sur l'analyse de données ", estime Jean-Werner de T'Serclaes, associé au Boston Consulting Group. Autre source de revenu possible, reprend le spécialiste, une application plus disciplinée des politiques commerciales. " Dans l'assurance-vie, on peut retrouver en moyenne 50 à 60 % de dérogation sur le tarif officiel ", estime-t-il.

En attendant la consolidation, place aux restructurations
Les banques européennes multiplient les plans de restructuration pour baisser les coûts. Au total, jusqu'à 50.000 emplois pourraient être supprimés dans les prochains mois. " Aujourd'hui, le métier de banquier n'est pas enthousiasmant : il s'agit essentiellement de couper les coûts ", concède le dirigeant d'une grande banque européenne. Les Français accélèrent les réductions d'effectifs, avec un peu plus de 2.100 suppressions de postes annoncées cette année chez Société Générale et environ 500 chez BNP Paribas, rien que dans l'Hexagone.
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