Algérie - 02- Origines

TAMAZIGHT, ou comment manipuler l'Histoire


TAMAZIGHT, ou comment manipuler l'Histoire
AMAZIGH, TAMAZIGHT



Ce mot AMAZIGH qui se prononce AMAZIR -la consonne Gh dans ce terme transcrit en caractères latins à la valeur de la lettre R, comme dans le mot route (français)-qui tend à désigner bien tendancieusement depuis quelques décennies «l'ensemble des berbères» est un malentendu livresque doublé d'une rare désinvolture intellectuelle de la part de certains intellectuels kabyles francisés à la réglette à l’époque coloniale.



UNE FORGERIE.

Il s'agit d'une forgerie, c'est à dire un faux en écriture, conçu pour falsifier la réalité historique de l'ensemble des berbères, qui ont toujours fonctionné sous forme de tribus et d’ethnies.

Ce terme Amazigh n'est pas attesté dans la langue berbère de Kabylie. Les anciennes générations des Aurés, celles du Mzab ou les tribus de la Kabylie, ignorent ce terme. Dont mes propres parents et grands parents.

Le seul mot qui évoque ce terme Amazigh, dans les dialectes de la kabylie plurielle (la Grande et la Petite), est le mot Amezough : 'l'oreille'.

Nous n'en connaissons pas d'autres.



HOMMES LIBRES ?

Ce terme 'amazigh' signifierait 'homme libre'.

Mais libres par rapport à qui et à quoi ?

Dans le contexte algérien, où tant de martyrs, toutes ethnies confondues ont donné le meilleur d'eux-mêmes et leur sang pour que l'Algérie vive libre ? Ces imazighen se disent libres par rapport aux autres communautés algériennes, c'est à dire à tous les Algériens, qui ne sont pas d'origine kabyle, et dans un sens plus large berbère, ceux-là doivent être considérées comme des esclaves. Il s'agit là d'une forme d'étalonnage raciste, en genre, espèces, variétés, particularités.

Dans aucun dialecte berbère parlé au nord du Maghreb ce mot AMAZIGH ne signifie «homme libre», comme on le clame tant, haut et fort, bien souvent. Ce terme 'hommes libres' appliqué aux berbères, je l'ai cherché partout dans toutes les langues, depuis tant d'années, en vain...

L'homme libre ne saurait avoir qu'une seule définition, il n'a pas le statut d'esclave. Les chaînes sont brisées en Algérie depuis 1962.



DUVEYRIER...

En fait ce terme Amazigh fut adopté tel quel à la suite d'une information non vérifiable donnée par un targui (au pluriel touaregs) présomptueux à l'explorateur français DUVEYRIER au cours du XIX° siècle. Ce mot Amazigh d'origine touarègue fut par la suite légitimé en tant que substantif par certains intellectuels kabyles de l’Ecole Normale d’Alger à l’époque coloniale. C'e'st ainsi que ce mot AMAZIGH prit une extension considérable.

Il finit dès lors par désigner àtort l'ensemble des locuteurs berbères, qui devinrent tout d’un coup IMAZIGHEN et 'hommes libres'.

Mais libres par rapport à qui et à quoi ?

Par rapport aux algériens d'origine supposée arabe.

Ainsi les kabyles auraient la faculté d'agir selon leur volonté propre, au nom de la liberté, jusqu'à s'accaparer l'Algérie et le Maghreb tout entier, au nom d'une antériorité jamais prouvée. A la manière des sionistes. Tout cela au nom des rois égyptiens Sheshonq, d'Osorkon, Takelot d'origine berbère. Mais de quelle région du Maghreb étaient-ils donc ? Furent-ils Algériens, Marocains, Tunisiens ?

Massinissa qui est tant vanté par les imazighen s'était vendu à Rome. Par ailleurs ce roi qui est la cause de la destruction de Carthage, par son besoin de puissance supervisée par Rome, ne vivait pas dans la région de Tizi-ouzou ni à Bejaia. Mais à Cirta (Constantine) et en Tunisie ( Dougga). Il n'était pas Kabyle au sens strict du mot.



LA 'RACE' KABYLE

La notion de race Kabyle, fur créée durant la colonisation.

Cette manipulation sémantique de la notion de liberté, trouve sa source dans le choix et la préférence coloniale pour la 'race' kabyle au siècle dernier, les autres communautés algériennes -non kabyles- qui se targuaient de leur culture arabo-musulmane étaient naturellement exclues de la sympathie des colonisateurs.

Saint Augustin, ou les quatre papes d'origine berbère qui dirigèrent le Vatican à Rome dés les premiers siècles de la chrétienté, demeurent les ambassadeurs de la cause Tamazight en occident où nos pythies kabyles se définissent d’abord comme anti-arabes et contre l’islam. Pour des auditoires attendris ils appariassent ainsi comme des citoyens de basse zone, atrocement exploités dans leur propre pays et privés de tous leurs droits, les plus élémentaires, au XXI° siècle de surcroît. En Algérie la plupart des ministres et des hommes d'affaires juteuses et fructueuses sont d'origine berbère.

AMAZIGH et IMAZIGHEN, sous d'autres cieux est la clé qui est censée ouvrir beaucoup de portes. Depuis la Kahina qui lutta contre les arabes, jusqu'au pauvre bougre de Saint Denis dans le 95.

Aucun événement relatif à quelque période que ce soit, dans le passé collectif des berbères, ne suppose l'existence de cet AMAZIGH, en tant que substantif désignant universellement l'ethnie berbère.

L'historien grec Hérodote ou le latin Pline l'ancien ignoraient ce terme.

Hérodote pour ne citer que lui, dresse la liste des berbères des confins africains de l'Egypte, jusqu'au Maroc, en passant par la Libye et laTunisie et l'Algérie. Selon lui, d’est en ouest du Maghreb viennent d’abord les Adyrmachides, puis les Giligames,suivis par les Asbystes, les Auschises, les Bacales,les Nasamons, les Psylles, les Gindanes, lesMachlyes, les Auses, les Maxyes, les Zauèces, les Gyzantes. Sans oublier lesAmmoniens de l'Oasis de Siouah, les Garamantes du Sahara, ou les Maces et les Atarantes ailleurs.

Les Atlantes fermant la liste puisqu'ils occupent la bande côtière de l'océan atlantique.

D'autres auteurs anciens ne sont pas cités ici, pour ne pas alourdir le texte.



LES MAXYES

Dans cette liste de tribus et de clans ancien-berbères donnée par Hérodote, aucune peuplade n’est nommée AMAZIGH. A l’exception d'un seul nom tribal, les Maxyes. Ce terme Maxyes est le seul à se rapprocher de l'ethnique Amazigh.

Une tribu Amazigh esteffectivement citée par des historiens latins et grecs tardifs, mais elle se trouve noyée dans la masse des populations berbères d'origineLibyennes qui occupaient l'Afrique du Nord ancienne.

Car au nom de quoi les descendants des Adrymachides, des Nasamons ou desMachlyesn -ou retrouve ces derniers à l'époque romaine sous le nom de Masasyles- deviendraient-ils Amazigh (singulier) et Imazighen (pluriel)?

Jusqu'à nos jours, aucun des parlers ruraux berbères de l’ensemble du Maghreb,aucun dialecte, aucun patois ni aucun baragouin ne font allusion à ce pseudo-homme libreAmazigh qui aurait désigné l’ensemble des berbères et en premier lieu les kabyles depuis toujours.



C’est comme si l'ensemble des espagnols décidaient par subterfuge linguistique décidaient de s'appeler Hidalgo, ou l’ensemble des japonais Samouraï. Après avoir dénaturé leur langue et la véracité de leur Histoire commune. Car en vérité cette manipulation de l'histoire à des fins tribales, est tout simplement malhonnête.



L’explorateur Duveyrier dit dans ses écrits :

«A quel peuple primitif à quelle langue primordiale rattacher les Touaregs et le dialecte qu'ils parlent ? Comment établir leur filiation ? L'opinion des Touaregs sur ces diverses questions a l'avantage d'être unanime Nous sommes IMOHAGH disentl es Azdjer,IMOCHARH disent les Ahaggar et les AouelImmiden, IMAJIHREN disent les Touaregs de l’Aïr. Les cinq noms IMOHAGH IMOCHARH IMAJIHREN TEMAHAQ TEMACHEQ qui sont les noms de notre race et de notre langue dérivent de la même racine: Le verbe IOHAGH qui signifie : il est libre, il est franc, il est indépendant, il pille».

Voilà l'origine de cet ethnique Amazigh qui a été extorqué aux touaregs de l'extrême sud algérien et adapté d’emblée à leur austère région par des intellectuels kabyles d’obédience française dans les années 1930.

Ces kabyles privilégièrent le mot 'libre' et son occurrence « noble », en gommant le coté 'pillard',jugé contraire à leur bon goût d'hommes cultivés de l'Ecole Normale Supérieure de la Bouzaréa (Alger) qui les formait pour étouffer dans l’œuf toute velléité de révolte algérienne, censée mener à la révolution de novembre 1954.



LES NOMADES ARABES SARRASINS

Concernant cette définition « homme libre » du mot touareg Amazigh, on peut dire la même chose des nomades arabes Sarrasins dont parle longuement l'historien Ammien Marcellin, plusieurs siècles avant l’avènement des arabes en méditerranée. Né à Antioche, Ammien-Marcellin servit dans l'armée romaine avant de se retirer à Rome où il écrivit une histoire de l'Empire romain, depuis l’an96, jusqu'à la bataille d'Andrinople en 378. Ammien Marcellin (liv.14, chap.4.ann. 353) montre les Sarrasins errants depuis la Syrie jusqu'aux cataractes du Nil et aux confins des Blemmyes. Les Vikings, des Germains, des Francs, des Huns, des Banu-Hillal, des Mongoles ou des dizaines d’autres peuples se considéraient comme des communautés libres et ils pillaient pas mal comme l’histoire universelle nous l’apprend.

Le mot amazigh s'applique donc à des nomades prédateurs habitués aux razzias en tous genres, plutôt qu'à des communautés sédentaires et fixées dans les agglomérations, des tribus essentiellement rurales et agricoles, comme c’est le cas de la Kabylie au temps de sa paysannerie.



ALLELI, TALELLIT

En fait pour désigner un «homme libre»les touaregs de l’Aïr, ceux de l’Ahaggar ou ceux de Ghat, disent ALELLI dont lepluriel est ILELLAN et le féminin singulier TALELLIT.

Les berbères du Maghreb central et parmi eux les kabyles emploient un mot issude la radicale HR arabe HERR , pour désigner unhomme libre. Cela devient AHERRI en kabyle.

Tels sont les mots qui désignent un homme libre dans les parlers berbères du nord de l’Afrique. Il n’y en a pas d’autres.

Ce même ALELLI ou ELELLI selon Ba-HamouEl-Ansari Ben Abdesselam secrétaire du chef Touareg Moussa Ag Amastan Amenokal de l'Ahaggar et instructeur de Charles de Foucauld dans la langue et la culture des Touaregs :

'se dit de toute personne dont onveut vanter les mérites'.

Alelli ou Elelli s'emploie également (chez les Touaregs), pour dire les qualités dans le cas des objets tels un couteau, uneselle, un vélo et ainsi de suite, jusqu'à un chien ou un chameau dans le cas des animaux.

Le même dictionnaire de Ba Hamou AI Ansari (et Charles de Foucauld) au tome Il page 673, traite longuement de ce substantif AMAZIGH:

«AMAHAR (substantif masculin) IMOUHAR (pluriel) TAMAHAK (féminin singulier) Dagh MOUHAR Dagh TMOUHAR Signifie Touareg (homme de race touarègue Animal ou chose d'origine touarègue) AMAHAR est le nom général dont les Kel Ahaggar se servent pour désigner les personnes appartenant à la race quel es Arabes appellent «Touarègue» et les animaux et les choses d'origine touarègue Les Touareg semblent former sept (7) groupes principaux Kel Ahaggar Kel Ajjer Taitok Kel Aïr Kel Adrar loullemmeden Kel Geres Les Kel Ahaggar ne désignent par le nom d'AMAHAR que les Touareg seuls . Ils ne donnent pas ce nom aux berbères non Touareg ils n'ont pas de mots signifiant «Berbère non Touareg» (homme de race berbère non Touareg ni de mot signifiant «berbère (homme de race berbère) »



De nos jours, ce mot Amazigh est devenu un terme ethnique qui est appliqué universellement à l’ensemble des berbères individuellement ou en groupe, quelle que soit le pays ou la communauté originelle et originale à laquelle ils appartiennent. Qu'ilssoientShlouh du Maroc, Berbères Tunisiens de Tataouine, Kabyles de Mechtras en Algérie, ou les autres de Siouah ou des îles Canaries. On a même inventé le terme TAMEZGHA pour désigner le Maghreb dans son ensemble.

Une menterie de plus.

En résumé : Jusqu’à ces dernières décennies, ce mot Amazigh était inconnu en Kabylie. Les vieilles personnes kabyles, septuagénaires ou octogénaires etc. qui demeurent en vie, ignorent l'existence de ce terme AMAZIGH.



L’EXEMPLE DU POETE KABYLE SI MOHAND U MHAND

Le poète « national » kabyle Si Mohand U Mhand, l'équivalent de Baudelaire ou de Walt Whitman sous d’autres cieux, ignore ce déterminatif Amazigh et pseudo-Homme libre.

Si Mohand U Mhand ne l'a jamais utilisé dans aucun de ses poèmes kabyles, dont la plupart des strophes rimaient en arabe coranique.

Si Mohand connaissait le Coran par cœur.

Notre poète n'a jamais employé ce terme Amazigh pour désigner les berbères,dans leur ensemble.

Il disait Zwawa (Zouaoua) pour désigner 'l'éthnie' kabyle.



IGAWAWEN, ZOUAOUA

Les berbères des anciennes générations disent Igawawen, jusqu'ànos jours.

Ce terme ZOUAOUA a donné le mot péjoratif français zouave : mercenaires kabyles qui servaient dansl’armée française à l’époque de la colonisation.



DES TROYENS

L’historien Hérodote cite la tribu des MAXYES en qui certains auteurs berbères voient l’origine de cet ethnique Amazigh. L’historien grec écrit : «Les Maxyes qui laissent pousser leurs cheveux surle côté droit de la tête et les rasent sur le côté gauche et qui se frottent le corps de vermillon ils prétendent que leurs ancêtres sont venus de Troie».

Les Maxyes sont originaires de Troie, ils auraient migré sur les côtes de la Tunisie après avoir été défaits lors de cette guerre de Troie. Les Maxyes, le seul terme qui se rapproche d'Amazigh, sont donc une communauté immigrante originaire de la Grèce ancienne, qui s’est intégrée tant bien que mal aux populations de l’Afrique du nord ancienne. Par conséquent il est exclu devoir dans cet ethnique l'origine du mot Amazigh.

Les descendants de ces Maxyes grecs, ont par la suite fait souche dans les pays du Maghreb, on retrouve ce nom dans différentes régions du Maghreb, pendant l'antiquité.



MAZIGH, selon les auteurs arabes

Il n’y a pas lieu de s’arrêter aux définitions d’Amazigh par les auteurs arabes dont Ibn Khaldoun. La plupart empruntées à d'autres cultures (égyptienne et grecque), sont tendancieuses car elles font venir les berbères de la Palestine.

Ces derniers auraient combattus dans les rangs de Goliath contre David. Défaits, ils auraient immigré au Maghreb.

Comme les MAXYES Troyens de Hérodote, les descendants de MAZIGH alliés à GOLIATH chez les auteurs arabes sont venus s’installer en Libye vers 3000 avant le présent, suite à la victoire remportée par le prophète DAVID sur leur confédération.

Mais les peintures rupestres du Tassili ou les gravures sur les rochers du nord de l’Algérie ainsi que l’écriture des Libyens (durant l'antiquité, la Libye désignait l'ensemble du Maghreb) sont bien antérieures à l’arrivée de ces tribus orientales au Maghreb. Dans la tradition liée à l'arrivée de Tin-Hinan dans la région d'Abalessa, située à environ 80 km de Tamanghast, les populations autochtones dans cette région, parlaient une espèce de berbère incompréhensible. Ce sont les descendants des anciens libyens. Cela est signalé par Charles de Foucault et ses informateurs touaregs. C'est là qu'il faudrait chercher l'origine de la berbèrie, avec pour plateforme de recherche les inscriptions libyques qui sont répertoriées dans le corpus de Jean Baptiste Chabot.

Ali Farid Belkadi



(l'illustration accompagnant ce texte, représente d'anciens-berbères de la confédération Temehu, faits prisonniers par les Égyptiens).


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