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Symbole d'une identité nationale à préserver


Ce livre "s'intéresse à la structure traditionnelle de type médina qui représente une valeur patrimoniale indéniable, un centre historique, une mémoire collective".Les grandes villes du Maghreb possèdent une casbah ou médina : Alger, Tunis, Constantine, Tlemcen, Béjaïa, Fez, Kairouan, Marrakech... Elles se ressemblent par leur position dans la ville, leur forme architecturale et leurs fonctions sociales. En fait, les casbahs ne sont autres que les cités d'avant la colonisation. Cette dernière, en procédant à l'extension des espaces urbains, a posé les jalons des villes actuelles qui ont naturellement pris d'autres dimensions après l'indépendance.
En compulsant le livre Morphologie structurale et systémique (éditions L'Harmattan) de Senda Fendri sur la médina de Tunis, on trouve des similitudes avec les casbahs des autres villes du Maghreb, comme celle d'Alger par exemple. Celle de Tunis est moins pentue et d'envergure plus modeste que celle de la capitale algérienne, mais les ressemblances sont saisissantes en matière d'aménagement et d'architecture. Aujourd'hui, ce qui distingue la médina de Tunis de la casbah d'Alger est la fonction dévolue à chacune d'elle. La vieille ville d'Alger, chargée d'une glorieuse histoire récente, abrite essentiellement des locaux à usage d'habitation, alors que la médina de Tunis, de part une morphologie favorable, regorge de petits commerces en lien avec l'artisanat et le tourisme.
Reprenant une définition de Durkheim, Senda Fendri pense que "la ville se trouve être un ensemble de modes d'expression de la société. Elle en représente une mise en forme matérielle". Les populations façonnent les villes par leur identité et leur façon d'être, et il est maintenant établi que "les formes de l'habitat informent d'une société donnée". Pour Senda Fendri, ce livre de recherche "s'intéresse à la structure traditionnelle de type médina qui représente une valeur patrimoniale indéniable, un centre historique, une mémoire collective, symbole d'une identité locale, voire nationale".
Nous ajouterions volontiers "internationale" car cette définition s'applique à d'anciennes villes du Maghreb et même du Proche-Orient (Le Caire, Damas, Alep...). Les casbahs et particulièrement la médina de Tunis ont fait l'objet de nombreuses études universitaires en sciences sociales (anthropologie, sociologie, histoire...). Cependant, estime Senda Fendri, rares sont les recherches "qui se sont intéressées au domaine des ?sciences spatiales' de la morphologie et la structure urbaines, et peu de travaux de recherche scientifique ont été menés sur le système urbain et architectural de la médina". Lacune qu'elle se propose de combler pour "comprendre la structure urbaine et architecturale de la médina".
Pour ce faire, l'auteure a examiné l'essentiel des études menées sur le sujet. L'intérêt de son livre pour des étudiants et chercheurs réside d'ailleurs dans la présentation des principales recherches sur la médina de Tunis. Sur le fond, il serait fastidieux d'exposer tous les détails techniques de l'ouvrage de Senda Fendri. Il faut surtout retenir qu'elle cherche, dans ce travail, à "montrer comment le regard des savoirs sociaux-humains peut aider à interpréter les résultats mis à jour par les méthodes spatiales".
Cette nouvelle approche vient compléter toutes celles qui, en définitive, visent le même objectif : sauver le patrimoine que représente la médina de Tunis et offrir une banque de connaissances aussi bien pour le large public que pour les chercheurs de tous les pays qui possèdent des médinas ou casbahs. Les nôtres (Alger, Tlemcen, Constantine...), patrimoine historique et culturel inestimable, connaissent des fortunes diverses en matière de conservation et d'aménagement. Les universitaires, urbanistes, architectes, sociologues... disposent ici d'un vaste champ d'investigations et de restauration. Mais c'est le fonds qui manque le plus.
Enseignante, Senda Fendri a soutenu sa thèse de doctorat en architecture sur la médina de Tunis en 2015 à l'Enau de cette ville, devant un jury international présidé par Saïd Mazouz, professeur à l'université Larbi-Ben-M'hidi d'Oum El-Bouaghi.

ALI BEDRICI
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