Algérie - A la une

Surenchère
Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a qualifié dimanche de «malsaines» les revendications de certains mouvements d'étudiants. Après avoir longuement évoqué les dangers d'une manipulation outrancière, Tahar Hadjar est revenu sur les grèves et autres manifestations de colère des universitaires, entre autres celle des étudiants en pharmacie, en décrétant que «la majorité de leurs revendications, même si elles semblent parfois logiques, ne sont pas saines pour autant», rapporte l'APS. M. Hadjar, à l'instar d'autres responsables politiques, pointe un doigt accusateur sur un ennemi innommable qui se serait fixé comme objectif obsessionnel la «déstabilisation du pays» sous un «quelconque prétexte». Il a exhorté également les universitaires à faire attention à ces «parties (qui) nourrissent beaucoup de haine pour l'Algérie».Et afin de relativiser davantage la colère des étudiants, Tahar Hadjar enfonce le clou en déclarant : «N'oubliez pas que nous sommes à l'approche d'échéances électorales et qu'en de telles occasions, beaucoup agissent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur?» Comme si les joutes électorales étaient un danger pour la stabilité du pays. Seulement, ce que feint d'ignorer le ministre de l'Enseignement supérieur, c'est qu'il s'adresse à des universitaires qui, pour certains, ont une conscience politique bien plus aiguisée que nombre d'acteurs politiques justement.En ce qui concerne les étudiants en pharmacie, après des mois de sit-in, de grèves et de manifestations, ils ont décidé, en ce début de mois de janvier, de tenir un rassemblement devant l'antre des représentants officiels du peuple, l'Assemblée populaire nationale (APN). Quoi de plus civilisé et de plus politiquement correct que cet acte ' La pernicieuse et dégradante répression policière l'était par contre moins. Des jeunes venus revendiquer ce qu'ils considèrent, à juste titre ou pas, comme leurs droits, devant une institution démocratique, se voient embarqués dans des bus. Direction : la gare routière. Séquestrés dans ces véhicules de l'Etat, sans avoir le droit de descendre pour les besoins élémentaires, ils seront, filles et garçons, «jetés» quelque part dans la banlieue de la capitale, à une heure tardive, comme des renégats à mettre en quarantaine. Là est la volonté de déstabiliser définitivement une frange de la société, une élite qui constate que la démocratie ne veut pas dire la même chose pour tout le monde.Quelques semaines avant leur manifestation devant l'APN, des jeunes étudiants étaient venus à la rédaction d'El Watan étudiant pour dénoncer le statu quo sur leur situation académique. E n réponse à une question relative à la probable infiltration et manipulation de leur mouvement par des «forces intérieures ou extérieures», sans fausse pudeur, ces jeunes rassurent : «Si vous saviez toutes les tentatives que nous avons subi et déjoué ! Seulement, nous sommes conscients des risques et nous avons érigé un noyau, constitué d'étudiants qu'on connaît tous. On ne peut infiltrer ou manipuler un petit groupe qui se connaît bien. Notre action n'est pas politique. Nous voulons juste que la situation des pharmaciens soit assainie, en amont de la formation et en aval. Notre liste de revendications est claire. Nous demandons des réponses claires.»Au lendemain de la répression policière, outrés, scandalisés, ces mêmes universitaires nous ont fait parvenir un texte incendiaire qui conclut de la manière la plus intransigeante : «Les événements d'aujourd'hui n'ont fait en tout cas qu'accroître la colère de ces milliers d'étudiants, une marche arrière n'est plus possible !» Alors, d'ou vient le danger réel ' Qui distille la haine ' Des étudiants qui expriment leurs besoins ou des responsables qui les poussent à la surenchère '
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