Algérie - LITTERATURE ALGERIENNE

Sur le pas… De ma silhouette de Chadli Bouhafs : Un être partagé entre le bien et le mal




Sur le pas… De ma silhouette de Chadli Bouhafs : Un être partagé entre le bien et le mal
Sur les pas…de ma silhouette est le second roman de Chadli Bouhafs. Mais contrairement au premier intitulé Maman, lève-toi et marche, qui est un livre qui se situe entre le roman autobiographique et le témoignage, son nouveau livre emprunte un autre chemin et se veut un roman qui relate le vécu d’un jeune cadre qui a, chose étrange et paranormale, perdu sa silhouette ou son ombre.

Cette dernière lui fausse de temps en temps compagnie, signe qu’elle ne partage pas ses pensées. En définitive, aussi rocambolesque que cela paraisse de premier abord, le récit n’en est pas moins psychologique. En effet, le narrateur se voit interpellé par sa conscience dans un monde qui fourmille de gens aux desseins différents et parfois qui s’opposent. L’auteur repose le postulat de la dualité, laquelle a toujours et de tout temps caractérisé l’humain. L’homme est partagé entre deux sentiments : le bien et le mal, le corps et l’esprit. C’est ce que tente de cerner Bouhafs dans son dernier roman. Ainsi, Omar le héros de l’histoire se voit interpellé par sa conscience.

Dans ce cas précis, c’est sa silhouette qui en se manifestant lui rappelle ce qu’il doit faire ou être. Un dilemme qu’il va falloir démêler ou dépasser. Omar est pris dans le tourbillon de deux entités, l’une qui avance et l’autre qui recule. L’auteur a emprunté la phrase chère à Tahar Djaout et qui a servi de titre à l’une de ses chroniques dans l’hebdo La rupture mais qui ne survivra pas à l’auteur des Chercheurs d’os puisqu’il sera le premier journaliste et écrivain assassiné alors qu’il s’apprêtait à démarrer son véhicule.

Sur la quatrième de couverture, on peut lire : «Un vrai dilemme cornélien que Omar tentera de démêler en faisant appel tantôt à son intelligence et son intuition, tantôt en restant à l’écoute de sa conscience.» Le roman se subdivise en onze parties (ou chapitres) et chacune des parties comporte un titre, ce qui fait ressembler le livre à un recueil de nouvelles. Écrit à la première personne, le livre met en scène plusieurs protagonistes.

Les plus en vue sont le vieux Kadour qui parvient à rassembler autour de lui des gens pour les haranguer sur des sujets très sensibles et en lien avec le pays. Il y a encore Arezki, un proche qui parviendra à amasser une richesse et à fréquenter les milieux religieux. Mimi et Nanou, deux jeunes fraîchement sortis de l’université, qui cherchent désespérément un travail. C’est l’histoire d’un couple qui aspire à concrétiser son rêve le plus cher et vivre librement leur amour.

De guerre lasse, le couple tentera l’aventure, celle de choisir d’émigrer sous d’autres cieux. Malheureusement, pour ce couple amoureux de musique «malouf constantinois» périra lors de la traversée de la Méditerranée. L’auteur en fait la similitude avec l’histoire de Nedjma et Djabellah Saâdi El Annabi. (Bouhafs a consacré tout un chapitre à El Boughi,). Ceci étant dit, le livre de Chadli, dont le style est simple, aéré et plaisant, se lit d’une seule traite.

Cependant, l’auteur a opté pour un éditeur étranger (les éditions du Net en France), ce qui en rend la diffusion difficile en Algérie. Interrogé sur ce sujet, l’auteur nous répond qu’il compte bien entrer en contact avec un éditeur algérien pour une réédition de ses ouvrages. Vivement leur parution en Algérie !



Sur les pas… de ma silhouette
248 pages. Les éditions du Net


EXTRAIT

«Les relations entre le vieux Kadour et Arezki demeuraient mystérieuses, voire énigmatiques. Ils se vouaient en apparence une grande animosité. Ce qui peut paraître à l’évidence tout à fait normal, au regard de leurs traits de caractère respectif, mais aussi et surtout de leurs trajectoires, politique et sociale, diamétralement opposées. Mais je ne sais par quels jeux de coulisses, ces derniers se neutralisaient. Si Arezki le voudrait bien, il n’en ferait qu’une bouchée du vieux Kadour, même si ce dernier, ancien maquisard et vieux routier du syndicat des travailleurs, pouvait se prévaloir de la sacro-sainte solidarité entre anciens combattants. Mais quels que soient les mérites d’un combattant pour la liberté, ou d’un syndicaliste engagé, lorsque son combat se conjugue a passé, comme c’est le cas pour Kadour, il devient subitement encombrant, voire sujet à suspicion. Arezki, lui, fort de sa cagnotte peut se targuer d’avoir accès à toutes les entrées. ( page 210)
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