Supplétifs

«Quand on veut justifier une mauvaise action, on trouve toujours de bons arguments.» André MauroisIl y a plusieurs manières de préparer une guerre: on utilise le corps diplomatique qui doit affûter des arguments, préparer des traités ou promettre des récompenses pour se garantir un maximum d'alliés parmi les autres nations. On concocte des contrats d'achats et de fournitures d'armements, d'entretien et de maintenance...La deuxième étape consiste à préparer l'opinion publique du pays par une série d'informations et de désinformations afin de diaboliser à tout prix l'ennemi. Dans la phase finale, on multiplie les incidents de toutes sortes, quitte à les créer de toutes pièces pour rendre le conflit inévitable et pouvoir ainsi le présenter à l'opinion, comme un acte hygiénique indispensable. Dans la phase d'intoxication informative, la presse joue un rôle essentiel et participe pleinement au travail de propagande commandité par les décideurs. Aucune chaîne ne doit faire défaut puisque les directeurs de l'information dépendent tous du gouvernement. Ceux qui croient que la chaîne franco-allemande Arte est indépendante, se trompent lourdement: elle participe activement au travail de préparation d'une agression caractérisée, comme toute autre division de l'Otan, à l'entreprise d'encerclement du pays visé. Ceci n'est pas nouveau sous le ciel européen: il fut un certain temps où la 5, la télévision de Mitterrand et Berlusconi, participa activement à la désagrégation du régime de Ceaucescu en braquant ses caméras et ses micros sur toutes les mises en scène macabres qui eurent lieu à Timisoara et ailleurs. Tout le monde se souvient de l'infâme campagne qui a été menée contre Saddam Hussein depuis le jour où un Premier ministre britannique, la sinistre Margaret Thatcher (celle grâce à qui l'on doit la maladie de la vache folle!) a exhibé en plein discours une pièce comme preuve irréfutable de la détention par l'Irak de l'arme suprême. Ce mensonge éhonté a été repris par ses successeurs avant de servir de prétexte de guerre à un autre Picrochole, je veux parler de George W.Bush, pétrolier texan de son état. Saddam Hussein ne fut ni le premier ni le dernier dictateur à être diabolisé par les campagnes de presse occidentales. Et bien entendu, aucun journaliste de France et de Navarre n'osera dire un jour que l'élimination des dictateurs arabes fut un acte prémédité pour laisser la place aux organisations pseudo-terroristes qui vont créer le chaos dans des pays sujets à un printemps précoce. Bien avant eux, Staline eut droit, bien plus qu'Hitler à un traitement caricatural: Tous les jours que compta la longue Guerre froide, on eut droit tous les jours dans les journaux réputés comme modérés, à un article antisoviétique. Cette semaine c'est l'émission 28 minutes présentée par Elisabeth Quin qui va ajouter son eau au moulin des contre-vérités proférées à l'encontre de l'Iran qui est dans une phase délicate de pourparlers sur son programme nucléaire: les invités de Mme Quin vont ressortir tous les clichés usés contre le régime des mollahs la servitude de la femme, répression policière tous azimuts, malvie des citoyens, crise économique... Les débatteuses (dont certaines sont d'origine iranienne et ont bénéficié de l'école de la révolution islamique) vont verser de l'eau au moulin de la présentatrice qui souhaite la reprise d'un printemps avorté. Aucun mot sur la situation de la femme dans le pays voisin de l'Iran: l'Arabie saoudite qui n'a pas la capacité de former scientifiques et intellectuelles comme le fait l'Iran. Aucun mot non plus sur la coalition des pompistes qui bombardent le pays le plus pauvre de la péninsule Arabique: l'Arabie saoudite a acheté des Rafale français, donc, elle peut.