Algérie - A la une

Stora et tous les autres



Stora et tous les autres
On peut aimer ou ne pas aimer Benjamin Stora, l'historien français. On peut également apprécier différemment son rapport à l'Algérie et le regard qui en résulte. On peut partager ou non la démarche et la qualité scientifiques qu'il a adoptées dans sa riche production sur l'Algérie, un pays dont il a fait l'essentiel de son activité de recherche. On peut enfin partager, trouver pertinentes ou à coté de la plaque ses régulières interventions concernant l'actualité de son pays de naissance. Il y a cependant deux choses qu'on ne peut pas lui dénier : il a une vraie passion pour l'Algérie, et quand il en parle, c'est généralement en connaissance de cause.La sincérité et la hauteur intellectuelle avec laquelle il a déclaré récemment qu'il ne pouvait s'exprimer sur ce qui se passe en Algérie pour la bonne raison qu'il n'y comprenait pas grand-chose sont en l'occurrence caractéristiques de l'insupportable flou de la situation. On aurait donc pu emprunter ce raccourci évident : si Benjamin Stora, avec son niveau d'appréciation, son recul d'observateur averti, sa lucidité de témoin privilégié et ses sources au plus haut niveau de l'Etat, avoue son impuissance à comprendre suffisamment de choses qui lui permettent de s'exprimer ? comme d'habitude en connaissance de cause ? c'est qu'il n'y a pas grand-monde pour se targuer de savoir ce qui se passe.Et tout le monde n'est pas Benjamin Stora, en plus ! Il suffirait peut-être de faire le point de la situation pour mesurer l'ampleur des ténèbres. Au commencement était une élection présidentielle. Et des questions inévitables.Est-ce que ça va changer ou les choses sont déjà faites ' Tout un programme. Et puis cette certitude : si le Président en exercice se représente, c'est qu'on a déjà répondu à la première interrogation. Puis, l'une dans l'autre, cette autre question : est-ce que Abdelaziz Bouteflika, sérieusement malade, pourra être physiquement en mesure de briguer un autre mandat ' En guise de réponse, les Algériens avaient à choisir entre le zèle des «soutiens» qui? ne se posaient pas de question, et les confortables certitudes de ceux qui n'ont d'autre terrain de combat que celui-là. Entre temps, des candidatures se sont exprimées.La plus attendue était celle d'Ali Benflis. Même si elle a été paradoxale, on aura tout de même compris que l'ancien premier ministre voulait forcer le destin. Cela ne donne pas plus de visibilité pour autant. Avant cela, une restructuration des services du DRS a donné lieu à toutes les spéculations possibles et imaginables.Abdelaziz Bouteflika n'est toujours pas candidat mais des ministres chefs de parti, le président de l'Assemblée nationale tout aussi chef de parti, des associations en tous genres et des «personnalités» le travaillent au corps. Le nouveau patron du FLN s'est même cru investi d'une mission de porte-parole que les faits ont à chaque fois démentie. Et le voilà qu'il s'en prend au premier responsable des services de renseignement avec une rare virulence et des accusations d'une extrême gravité. En l'absence de réaction officielle, les Algériens sombrent un peu plus dans le noir. Inquiétant.Quelques jours plus tard, un journal électronique fait état de l'arrestation d'un officier supérieur de l'armée pour «détention d'armes». Aucune réaction non plus sur la question.Un ancien officier des services reconverti dans la presse s'en prend au frère-conseiller du président de la république en des termes tout simplement nauséabonds. M. Saïd Bouteflika rompt avec sa discrétion légendaire et rend publique la lettre qu'il lui a adressée.Quant à M. Hicham Aboud, il aurait illégalement passé les frontières pour se retrouver en Tunisie. Trop de questions restées sans réponse pour qu'on puisse comprendre. Et éventuellement s'exprimer en connaissance de cause, comme Benjamin Stora.laouarisliman@gmail.com


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