Algérie - A la une

Souvenir en vase clos Edito : les autres articles




Souvenir en vase clos                                    Edito : les autres articles
Que reste-t-il de «l'esprit de Novembre» ' Rien ou presque. L'essence même du déclenchement de la guerre de Libération s'estompe depuis plus d'une décennie. La commémoration du 1er Novembre est prévue, encore une fois, en «vase clos», dans la stricte intimité du pouvoir et de ses thuriféraires. Pour ne pas déroger au protocole, les personnalités politiques, les représentants diplomatiques des pays étrangers seront comme d'habitude invités au Palais du peuple en présence du président Bouteflika. Rien d'exceptionnel, alors que cette commémoration coïncide avec le cinquantenaire de l'indépendance. Malheureusement, la communion entre le peuple et ses dirigeants pour célébrer cet acte libérateur et honorer la mémoire des Algériens qui ont sacrifié leur vie pour le recouvrement de la liberté n'aura pas lieu encore une fois.
Le peuple est, cette année aussi, exclu de participation à cette cérémonie du souvenir, alors qu'il y a 58 ans, la Déclaration du 1er Novembre, acte fondateur de la lutte de Libération, lui était destinée et l'appelait précisément à se ranger derrière le FLN pour mener le combat contre le colonialisme. Acte fondateur certes, mais aussi et surtout de communion entre le peuple et une élite révolutionnaire.
Tout cela est aujourd'hui superbement ignoré par les dirigeants actuels comme si, précisément, le peuple n'était en rien concerné. Tout juste bon à être convoqué pour des élections dans le seul souci de rechercher une légitimité à coups de taux de participation électorale «gonflés» pour les besoins d'un pouvoir autoritaire, en quête de représentativité.
Et dire qu'à l'issue de ce combat libérateur, un certain 5 juillet 1962, un seul mot d'ordre revenait partout : «Un seul héros : le peuple»' 50 ans après, tout est oublié. Une amnésie provoquée et entretenue par un pouvoir qui se veut sans partage et qui n'existe que pour lui-même. C'est dire combien la fracture entre le peuple et ses dirigeants est immense. Une fracture doublée d'une autre, générationnelle, avec une jeunesse livrée à elle-même, ballottée entre le langage populiste du pouvoir et le discours islamo-conservateur, face à une mondialisation qui est en train de bouleverser tous les secteurs de l'économie, jusqu'à la culture, et dans laquelle elle n'arrive pas à se situer.
Les propos populistes que les dirigeants ressassent depuis des décennies sur la relève de la «génération de Novembre» par les «générations montantes» n'ont plus de prise chez les jeunes et sonnent creux tant ils ne sont pas suivis d'actes concrets, d'ouverture des institutions aux jeunes et de renouvellement des élites par un apport juvénile. Dès lors, on ne doit pas s'étonner que la jeunesse ne croie plus en ces promesses jamais tenues. Elle ne peut s'empêcher de cultiver l'intime conviction que le changement ne viendra sans doute jamais «par le haut», mais du plus profond de la société. Toute l'intelligence du pouvoir sera dans la capacité à accompagner de tels changements, ou du moins à ne pas y faire obstacle. Mais cela est sans doute trop demander à un pouvoir aussi autoritaire que l'est le pouvoir actuel.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)