Algérie

Souk-Ahras Une cité dans le désordre


Après avoir longtemps crié au scandale sans résultat probant apparemment, les quarante familles résidant au lotissement Behidji Mansour, changent d'angle d'attaque et crient à présent, à l'imposture, considérant qu'il y a eu tromperie sur la marchandise, comprenez par là, tromperie sur la qualité très discutable des logements qu'ils occupent depuis 2002, mais aussi sur le nombre d'appartements, une vingtaine au départ, avant de passer au double ! Dans une pétition signée, les contestataires déballent leur trop plein de frustration consécutif à l'état de déliquescence dans lequel pataugent leurs gîtes, transformés à force de malfaçons, de déformations et de défauts patents que seule la cécité empêche de voir, en masure indigne d'abriter l'espèce humaine que ces citoyens de la République croient incarner. Le chapelet des vices à l'origine des sévices subis, paraît long et difficile à assumer, tant les stigmates du travail vite fait, mal fait, apparaissent dès le premier abord. Cela commence par l'absence aussi aberrante qu'inadmissible du système d'aération à l'intérieur des sanitaires et de la salle de bain, de quoi transformer ces lieux de l'intimité en étouffoir, vecteur puissant de transmission de puanteurs exécrables qui attentent à la santé des grands et des petits. La défection qui frappe les conduites d'évacuation des eaux usées qui inondent le sous-sol, constitue l'autre visage hideux d'appartements insalubres, n'étant vivables que sous l'impérieux besoin, de préserver ce qui reste de dignité. Une conception très aléatoire du plan de construction prive de façon définitive et irrémédiable les habitations situées sur le flanc Nord, des bienfaits du soleil qui ne les pénètrera jamais, ce qui constitue un incommensurable gâchis et prépare, ce faisant, le lit à la présence régulière, dans ces appartements, de taux très élevés d'humidité. La proximité dangereuse et forcément angoissante du réseau d'électricité et celui de l'AEP pèse sur les consciences comme un boulet et fait craindre le pire. Un pire qui s'est déjà produit par le passé, occasionnant des dégâts matériels que les plaignants qualifient, dans la pétition, de très importants. Que dire, par ailleurs, des immondices qui jonchent les alentours de la cité et menacent d'envahir les intérieurs tant ils sont imposants par leur quantité, sinon qu'ils représentent un moindre mal quand on prend conscience des liens indéfectibles qui unissent depuis un bon bout de temps déjà, l'environnement algérien à ses agresseurs. Un environnement qui donne l'impression de ne plus pouvoir s'accomplir sans la présence de ces impuretés dont on a appris à s'accommoder bon gré mal gré. Nos interlocuteurs affirment que les difficiles conditions de vie qui sont les leur ont été et continuent d'être à l'origine de maladies, respiratoires notamment, recensées parmi les enfants de la cité Behidji Mansour. Avant de baisser le rideau sur cette pièce peu alléchante, les damnés du lotissement, font remarquer que plus d'une fois, des appels ont été lancés à l'endroit de qui de droit pour agir sur le sort qui s'abat sur eux. A chaque appel, à chaque supplice il y a eu, en guise de réponse, un silence de mort qui se prête à toutes les interprétations. Pour notre part, nous avons soumis les récriminations des pétitionnaires à un cadre gestionnaire de l'OPGI (en l'absence du directeur général dont le téléphone sonne mais ne répond pas), et qui assure que les tares relevées ne sont pas toutes fondées, insistant sur le fait que la crise de logement fait que la réalisation présente parfois des imperfections, sans toutefois aller jusqu'à culpabiliser les constructeurs qui, dit-il, disposent de certificat de garantie attestant qu'ils ont bien fait leur travail. S'agissant du nombre d'appartements doublés, il dira que cette décision est une conséquence directe de la crise de logements qui impose parfois des choix difficiles même s'il croit que la présence de quatre voisins sur un même palier, au lieu de deux, comme cela était prévu initialement, n'est pas à proprement parler, un handicap. «Dans les grandes villes, ce modèle est courant sans que cela donne lieu à autant de bruit». Pour ce qui est du défaut d'aération, signalé par les locataires, il dira : «les voies d'aération existent sous la forme de gaines situées là où elles devraient être», avant d'assurer que l'office, ciblé à travers la plainte, tentera, si cela se révèle vraiment nécessaire, d'intervenir là où il faut». Une concession presque, tirée par les cheveux, mais qui, au jour d'aujourd'hui, ne se traduit toujours pas en acte. De quoi apporter de l'eau au moulin de ceux qui pensent, à tort ou à raison, que les cris de détresse citoyenne se perdent allègrement, chez nous, dans les plis de responsabilités mal, ou pas du tout, assumées. Tout comme les fleuves incontrôlés qui se perdent, bien souvent, dans les océans engluents.


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