Algérie - Revue de Presse

Souk Ahras Les dangers de l'amiante en discussion


L'inspection du Travail de la wilaya de Souk Ahras a organisé, mercredi dernier, en collaboration avec l'entreprise de peinture ENAP, une journée d'étude consacrée aux risques liés à l'amiante. Appellation qui sert à désigner «une série de substances minérales naturelles et fibreuses» largement utilisées dans l'industrie et le bâtiment notamment, en raison de ses propriétés physiques et chimiques qui sont de nature à rendre ce produit incorruptible, indestructible et surtout résistant à la chaleur; cela, outre son coût peu élevé par rapport à d'autres substances. Ceci dit, l'objectif de la rencontre initiée par l'inspection du Travail est moins de présenter le produit que d'attirer l'attention de ses utilisateurs sur ses effets éminemment dangereux. Les fibres d'amiante présentent, en effet, la particularité de pouvoir se séparer très faiblement dans le sens de la longueur sous l'effet d'usinage, de chocs, de vibrations, de frottement ou même de simples courants d'air, pour constituer un nuage de poussière très fine, invisible à l'oeil nu qui peut se déposer partout et pénétrer les poumons, comme l'indique un rapport de l'Organisme professionnel algérien de prévention du bâtiment et travaux publics (OPREBATP). Les intervenants présents à la journée d'étude, représentants de la direction de l'Environnement, de la Sonelgaz, de l'ADE, de l'OPGI, ont tour à tour mis en garde contre l'usage inconsidéré de cette matière et appelé les milieux qui s'en servent encore (industriel - usines; scolaire - écoles; et domestique - maisons) à procéder au désamiantage dans les meilleurs délais si on veut vraiment éviter le pire. Le hic, c'est que cette opération n'est pas, financièrement parlant, à la portée de tous. Si l'ENAP l'a entreprise avec beaucoup de succès, il faut le reconnaître, c'est parce que l'unité de Souk Ahras connaît une relative embellie financière. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de l'entreprise de textile LASA dont la bâtisse est construite, à certains endroits, à base d'amiante, mais dont la précarité des moyens ne permet aucune prise en charge sérieuse de ce volet. Reconnu cancérigène, l'amiante peut être à l'origine de cancer broncho-pulmonaire qui apparaît avec un délai de latence après exposition allant jusqu'à vingt ans, des plaques pleurales qui sont des affections se traduisant par des épaississements de la plèvre ou encore le cancer de la plèvre... Les huiles askarel ont, elles aussi, occupé un espace non négligeable du débat, en ce sens qu'elles sont véhiculaires, au même titre que l'amiante, de risques potentiels sur la santé publique. Dans la wilaya de Souk Ahras, il est recensé, selon monsieur Mesrati, 24 postes de transformation dont 6 mis en rebut (non utilisés). Une cellule de suivi composée de l'inspection du Travail, de la direction de l'Environnement, de la CNAS et de la Sonelgaz est à pied d'oeuvre pour identifier les normes de stockage des postes de transformation non utilisés et prévenir les dangers pouvant découler des postes de transformation en usage. Si l'objectif des initiateurs de cette journée d'étude était de fouetter les consciences et d'appeler à un sursaut de l'opinion publique, on peut, sans hésiter, parler d'objectif largement atteint, à la lumière des réactions catastrophées des présents. Comme quoi, «faire peur» en recourant à l'arme des conclusions des recherches scientifiques peut se révéler un expédient pédagogique bien plus efficace que mille discours... Même si, souvent, on reste dubitatif, voire sidéré, devant une double réalité, l'une située carrément à l'antipode de l'autre qui voit un arsenal juridique «pondu» pour interdire la mise sur le marché et l'emploi de toutes les fibres d'amiante (décret exécutif n°99-95 du 19 avril 1999) et une donne pas juridique, elle, mais factuelle qui contredit l'esprit du décret en faisant de l'importation et de l'usage de l'amiante, une activité courante et pas le moins du monde, compromettante... Qui croire ?
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