Algérie

...SOUFFLES...



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La langue arabe, depuis son arrivée au Maghreb berbère, en tant que langue porteuse d'une religion, s'est installée dans le sacré. Bien qu'elle fût la langue d'une riche vie intellectuelle poétique et religieuse de la période anti-islamique (al djahiliya), aux yeux des Berbères de la région, elle est fondamentalement liée au religieux. Sa force est puisée du Coran, Livre d'Allah. Mais la marche de l'histoire des pays du Nord-africain, avec tout ce qu'elle comportait de violences, de guerres, de batailles, de défaites et de victoires, de composition et de recomposition, de colonisation et de décolonisation, a pu mouvementer l'image religieuse de cette langue. L'Histoire avec ses tourmentes a bousculé la mémoire religieuse de l'arabe. Du moins, elle l'a déstabilisée. La langue arabe, celle des écoles franco-musulmanes et des Ulémas, était un instrument d'une élite ouverte, de Mostefa Lacheraf, de Doudou (nouvelliste et traducteur des grands philosophes et linguistes allemands), d'Abdallah Cheriet (philosophe de la raison), de Réda Houhou (nouvelliste et traducteur de Victor Hugo et membre de l'Association des Ulémas) de Bouamrane Cheikh (spécialiste des Moatazilas) de cheikh Abderrahmane Djilali (savant et souffleur du théâtre pour la troupe de Bachtarzi)... Pour la génération algérienne des années cinquante et jusqu'aux années soixante-dix, la langue arabe fut une langue de roman et de culture ouverte. Elle a été liée à quelques écrivains libres à l'image de Taha Hussein, de Gibran Khalil Gibran, de Mikhaïl Nouaymeh, de Georgi Zidane, d'El Manfalouti ou encore Ihsane Abdel Qaddous. En matière de littérature, ils sont les écrivains les plus lus par les Algériens. Ils étaient laïques à l'image de Taha Hussein ou chrétiens à l'image de Gibran Khalil Gibran, de Mikhaïl Nouaymeh, de Georgi Zidane, libéraux à l'image de Manfalouti ou Ihsan Abdel Qaddous. Mais qui a bourré la langue arabe en Algérie d'une charge religieuse fanatique '1- Dès les premières années de l'indépendance, en réponse positive à l'appel de Ben Bella, le parti des frères musulmans égyptiens, (considéré aujourd'hui, par un nombre de pays musulmans, comme un parti terroriste) a placé ses activistes dans l'école algérienne. On compte autour de sept mille frères musulmans débarqués en Algérie nouvellement indépendante pour encadrer l'école algérienne. Ce qui se passait n'était pas une arabisation qui a commencé, plutôt c'était une islamisation de l'école.2- Deux personnalités s'installent en Algérie des années quatre-vingts. Cette fois-ci c'est le tour de l'université d'être islamisée. Les prédicateurs Youssef al Qaradawi (aujourd'hui condamné dans plusieurs pays entant que Mufti du terrorisme et des frères musulmans) et Mohamed el Ghazali (dans les années cinquante, alors chargé de la censure au ministère des affaires religieuses égyptiennes, c'était lui qui a interdit le roman Awlad Hartna, les enfants de la Médine de Naguib Mahfouz). Ils ont commencé l'islamisation de l'université à partir de l'université de Constantine, comme pour continuer ce qui a été fait auparavant dans les écoles et les lycées.3- L'Etat a mis la chaîne de télévision publique à la disposition d'El Ghazali. Le Cheikh s'installe à l'écran pour doper les jeunes Algériennes et Algériens d'idées de la violence. Et c'est à cette période que la brutalité a pris forme dans le quotidien des Algériens. Les multiples agressions contre les femmes dans les rues sont signalées. le changement du costume féminin comme masculin des Algériennes et des Algériens est frappant.4- Le salon du livre d'Alger est devenu un espace pour vendre à bon marché des livres de propagandes religieuses édités au Caire, à Damas ou à Beyrouth. Une sorte de Khorda livresque !Ainsi la langue arabe, en Algérie, est devenue habitée par une mémoire religieuse extrémiste. Mais la résistance intellectuelle est toujours là.A. Z.aminzaoui@yahoo.frNomAdresse email





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