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...SOUFFLES...
A Oran, je l'ai connu. Il y a de cela un peu plus de vingt ans. Il s'appelle Dda Abdallah Hamane, le poète kabyle oranais. Je l'ai connu aux côtés de Alloula, Ahmed Wahbi, Ammar Bellahcène, Lhouari Addi, Bekhti Benaouda, Mahmoud Bouzid, Saïd Hadef, Belkacem Benabdallah, Abdelkader Djaghloul et d'autres. A Oran, il était, et il est toujours, le doyen des poètes de cette ville. Oran qui parle toutes les langues. Elle accueille tous les oiseaux, en toutes saisons ! Elle est l'abri et elle est le rêve de tous les poètes ! Vérifiez cette fascination dans les textes de Youcef Merahi, un autre poète kabyle séduit par cette ville ! A 78 ans, à Oran, Dda Abdallah Hamane est devenu le marabout littéraire ! Poète et moudjahid de la première heure, Dda Abdallah Hamane a été arrêté par l'armée coloniale, condamné à 20 ans de prison. En 1987, à l'occasion du colloque sur "l'écriture et la méditerranéité" tenu à Oran, Dda LMouloud Mammeri, invité d'honneur, l'autre monument de la littérature algérienne, par respect intellectuel, par reconnaissance, a demandé à rencontrer Dda Abdallah Hamane. Dans les années de plomb et d'interdits, Dda Abdallah n'a jamais cessé d'écrire la poésie en amazigh. A 78 ans, Dda Abdallah n'a pas perdu en lui ni le poète ni le maquisard de la littérature amazighe. A chaque temps son combat. En traduisant Les Quatrains de Omar Khayyâm en tamazight, Dda Abdallah Hamane a donné un nouveau souffle libérateur à cette langue. Aujourd'hui, en lisant Le vieil homme et la mer de Hemingway, Roméo et Juliette de Shakespeare, Les Quatrains de Omar Khayyâm, Le Prophète de Khalil Jobrane... en langue amazighe, nous disons : toutes les langues sont grandes et belles ! Chaque langue est un soleil pour l'humanité ! En avril 2008, chapeautée par le chercheur linguiste Abdennour Abdesselam, nous avions organisé à la Bibliothèque nationale une rencontre en hommage à Dda Abdallah, le doyen des poètes berbères, il était présent, pensif comme un sage, ému comme un gamin et timide comme un écolier de six ans. A la fin de cette rencontre où des chercheurs ont pris la parole pour analyser les écrits poétiques ou narratifs entre autres :Nnehta tamezwarut.- Tisimin n tayri- Merwas deg lberj n yitij- Yedra wayen ur nderru- Taghuct n usirem- Tayri yerran amghar d ilemzi Imeghnasen- Tagrawla d lehbas...Dda Abdallah s'est approché de moi en me disant : cette veste que je porte maintenant, en 2008, est la même que je portais en juillet 1962 pour fêter l'indépendance. Depuis, je l'ai gardée en lui recollant, de temps en temps, les parties usées. Dda Abdallah Hamane, pour ne pas oublier, est un bon tailleur de mots comme de vêtements.Avec méditation et émotion, j'ai fixé l'antique veste de Dda Abdallah Hamane et je lui ai dit : Vous l'avez raccommodée, mais vous ne l'avez jamais retournée. Les hommes à l'image de Dda Abdallah, les Kabyles (avec un K majuscule), ne retournent jamais, jamais leur veste. On ne retourne jamais la veste... jamais la veste de la liberté et de l'indépendance !A. Z.aminzaoui@yahoo.frNomAdresse email







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