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Sonatrach
Le limogeage surprise s'il en est du P-DG de Sonatrach Abdelhamid Zerguine laisse pantois. Comment, en effet, à un moment où le groupe annonce un redéploiement stratégique tant en amont qu'en aval, et particulièrement dans l'engagement d'un important financement de l'exploration et l'exploitation des énergies non conventionnelles, une fin de mission peu chevaleresque est signifiée à son patron. Dimanche, le P-DG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoun, qui était jusque-là vice-président amont du groupe, a été installé par le ministre de l'Energie Youcef Yousfi. Un fin de mission pour Zerguine, installé en 2011 à la tête de Sonatrach en remplacement de Nourdine Cherouati, lui-même arrivé à la tête du groupe à la suite de scandales de corruption qui avaient précipité le départ de son prédécesseur Mohamed Meziane en 2010, éclaboussé par plusieurs affaires de pots-de-vin. M. Zerguine avait assuré avant son arrivée au groupe pétrolier national la direction de l'Entreprise nationale de génie civil et bâtiment (EGCB), qui sous-traite des projets au profit de Sonatrach dans le sud du pays. Question: pourquoi Zerguine est-il limogé, selon des indiscrétions, par le président Bouteflika lui-même ' Que lui reprocherait-on ' C'est, pour le moment, le grand mystère des fins de mission et des nominations dans des secteurs pourtant stratégiques.Le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui avait confirmé le limogeage de Zerguine samedi depuis Constantine, n'a pas donné d'explications à ce départ. Avec insistance, plusieurs sources parlent de désaccords entre Yousfi et Zerguine sur la conduite de certains projets d'hydrocarbures. Il y a quelques semaines déjà, Louiza Hanoune, la patronne du PT, avait lancé un avertissement selon lequel des parties influentes proches du sérail voulaient imposer un changement à la tête du groupe, avec des visées sur le secteur. A l'heure actuelle, les supputations et les hypothèses sur ce départ qui étonne ne sont pas, vu la conjoncture internationale et nationale actuelle, d'actualité. Alors, pourquoi maintenant et pas par exemple à la rentrée sociale ' Zerguine était-il un obstacle à des projets de parties tierces dans le secteur pétrolier ' Une chose est sûre, il a été remplacé par le premier responsable du secteur amont, c'est-à -ire la production. Saïd Sahnoun était responsable de l'une des plus importantes divisions du groupe, la production, l'exploration et la recherche. Une division qui en fait est l'épine dorsale du groupe. Comme si on reprochait à Zerguine de n'avoir pas fait assez pour relancer la production.BRAS DE FER YOUSFI-ZERGUINE SUR LE SCHISTE 'Maintenant, les pistes sur le départ de Zerguine peuvent mener vers un bras de fer avec Yousfi, et donc avec le gouvernement, sur le dossier des gaz de schiste. On sait que le gouvernement veut aller ‘'le pied au plancher ‘' dans l'exploration et l'exploitation des gaz de schistes, en dépit de l'opposition de la société civile et des experts. Le ministre de l'Energie, on le sait, est un ardent défenseur de l'exploitation des shale gaz, il l'a montré à plusieurs reprises, même s'il a mis un bémol en donnant la date butoir de 2020 pour le début de l'exploitation des gaz de schiste. Car, il ne faut pas être dupe, Sonatrach a commencé depuis des années les études d'exploration. En mars 2011 à Houston, au Texas, il avait annoncé au Cera Week 2001, un forum mondial dédié à l'exploration pétrolière, que l'Algérie va engager dès 2012 ses premières explorations de gaz de schiste dans le sud-ouest du pays.Yousfi avait même fait sensation, selon la presse américaine dont le New York Times, en indiquant que l'Algérie disposait de réserves en gaz de schiste aussi importantes que celles «de certains des champs américains majeurs», expliquant en même temps qu'un programme pilote était en cours de préparation. «Nous sommes en train de choisir une région où toutes les conditions sont réunies. Le programme sera réalisé par la société nationale Sonatrach et un partenaire étranger», avait-il déclaré. Depuis, le discours de Yousfi sur les gaz de schiste n'a fait que se durcir, confirmant la volonté des autorités à aller vers cette ressource énergétique non conventionnelle, dont la technique d'extraction a la particularité (fracturation hydraulique), selon des scientifiques, d'être extrêmement polluante. Zerguine, «aujourd'hui mis à la porte», aurait contrarié cette approche des autorités et défendue par Yousfi, pour augmenter dans les années à venir les recettes d'hydrocarbures tirées des ressources non conventionnelles, à commencer par le gaz de schiste' D'autant que, et cela n'est pas un secret, les recettes d'hydrocarbures se sont nettement étiolées durant ces trois dernières années à moins de 66 milliards de dollars, alors que le panier des importations approche dangereusement le cap des 60 milliards de dollars par an.D'où cette inquiétude subite quant à un tarissement progressif des recettes d'hydrocarbures au moment où les projets du programme quinquennal 2015-2020 ont un besoin impérieux de gros financements.Faut-il croire que la gestion Zerguine aurait hypothéqué ces projets' Pas si évident que cela, d'autant que le groupe Sonatrach, présent également dans le transport aérien, les assurances et une multitude de sociétés et filiales en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique Latine, est à lui seul un «Etat dans l'Etat». D'autant que Sonatrach, après le douloureux épisode de Tiguentourine, a vraiment encaissé le coup avec une réduction de ses exportations de gaz et un carnet de commandes menacé, aggravée en même temps par la baisse de la demande de ses clients traditionnels après l'apparition de nouveaux marchés gaziers pour les consommateurs en Europe. Un coup dur qui ne saurait cependant expliquer le départ précipité du patron de Sonatrach, qui n'aura, comme ses deux prédécesseurs, pas fait long feu. A moins que Abdelhamid Zerguine, qui s'était même un moment introduit dans le monde du football en reprenant le Mouloudia d'Alger sous le giron de Sonatrach, ne soit victime d'une série de facteurs liés justement à sa mollesse à relancer la production et s'investir plus franchement dans l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste pour améliorer les recettes fiscales de l'Algérie dans les 15 prochaines années.





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