Algérie - A la une

Société d'Entreprises des Routes et des Aérodromes (SERA)



Société d'Entreprises des Routes et des Aérodromes (SERA)
Le conflit opposant les cadres et les travailleurs de la SERA (société d'entreprises des routes et des aérodromes) à leur «ancien» (comme ils le qualifient) DG, Abdelhamid Bounif, est en train de prendre une tournure inédite. Hier, au siège de la société situé au quartier des Amandiers, en face du stade Bouakeul à Oran, les travailleurs, en grève ouverte depuis jeudi 19 février, occupaient toujours les lieux.La veille, un sit-in a été organisé devant le siège de la wilaya pour scander des slogans hostiles à leur «ancien» DG accusé de vouloir saboter la société et demander par la même occasion l'intervention du gouvernement afin de valider la mise à l'écart de ce dernier et sauver les emplois de près de 600 travailleurs représentant les effectifs de la SERA. Une délégation formée de cadres dont le responsable de la section syndicale, Touil Affif, a été reçue à la wilaya.«Le wali étant absent à cause préparatifs de la journée du 24 février, nous avons été reçus par le SG de la wilaya qui nous a certifié que le chef de l'exécutif local s'est entretenu à deux reprises avec le ministre des travaux publics, Abdelkader Kadi, lequel aurait promis d'intervenir», indique Hicham Bouhfadi, cadre chargé des ressources humaines au sein de la société et d'ajouter : «pour nous, la question du DG ne se pose plus car celui-ci est pour nous démis de ses fonctions (avec la possibilité de reprendre son ancien poste) mais ce que nous attendons c'est une décision du ministre pour débloquer les comptes de la société afin que nous puissions travailler et honorer nos contrats». Il faut savoir que le 26 janvier, un conseil d'administration a été tenu et a décidé de révoquer Abdelhamid Bounif pour le remplacer, de manière transitoire, par Bouzid Miloud, lui aussi, ancien cadre de la société.Le premier n'a évidemment pas accepté la décision et c'est lui qui une première fois a procédé au blocage des comptes de la société empêchant de fait le versement des salaires. Le nouveau DG par intérim les a rouverts mais une décision du président de la SGP à Alger les a bloqués à nouveau. Les travailleurs et leurs représentants syndicaux ont tout de suite vu un rapprochement entre ce dernier et le DG décrié, ce qui a suscité chez eux plus de colère d'où la décision, en plus de la grève, de porter la contestation devant le siège de la wilaya. Un autre épisode est venu se greffer à une situation déjà insoutenable.En effet, hier encore, un autre conseil d'administration a été convoqué (il se tenait encore au moment où nous mettons sous presse) à l'hôtel Mouahidine, un hôtel excentré situé au sud d'Es-Sénia (pas loin de l'aéroport) mais pour des raisons qui échappent à la majorité des contestataires.L'anarchie dénoncéeAlors qu'une partie des protestataires occupaient le siège, une grande partie des cadres et des travailleurs se sont rendus sur les lieux en renfort pour s'assurer que leurs doléances ne soient pas dévoyées. «Les travailleurs et les cadres sont venus en force car ils soupçonnent que ce conseil d'administration fantoche se tient notamment pour rétablir dans ses fonctions Abdelhamid Bounif qui a été révoqué le 26 janvier», atteste M. Bouzid Miloud qui assure l'intérim de la direction générale à titre transitoire. C'est en cette qualité que, le 18 février, la veille du déclenchement de la grève, celui-ci a adressé une plainte au président du SGP à Alger pour dénoncer l'anarchie qui règne au sein de l'entreprise et les abus commis à l'encontre des cadres qui ont osé dénoncer la mauvaise (selon eux) gestion dont s'est rendu responsable leur «ancien DG» installé depuis 2012.Le conflit couvait depuis plusieurs mois mais c'est à partir du 26 janvier que la situation s'est envenimée avec, notamment, le blocage des comptes. En effet, dans une correspondance adressée au syndicat d'entreprise, le 3 février, Touil Affif a rendu compte des péripéties vécues à Tindouf (unité E603) le 31 janvier lorsque «la délégation partie d'Oran a été accueillie, note-t-il, avec des menaces à l'arme blanche par des personnes qu'on n'a pas pu identifier. Les pneus de la voiture ont été dégonflés à coups de couteau, ce qui a obligé les membres de la délégation à rentrer par bus après avoir porté plainte auprès de la gendarmerie nationale».Le 24 décembre, un rapport de l'inspection du travail saisie pour non respect des rencontres périodiques entre «employeur et employés» a sommé le DG décrié de se conformer aux textes de loi régissant le monde du travail. Plusieurs pétitions signées par les cadres n'ont pas trouvé écho auprès de la tutelle jusqu'à ce que le conflit éclate au grand jour. «Il (le DG indésirable) veut casser notre gagne pain et celui de nos enfants», a-t-on déjà noté dans une motion datée du 20 janvier signée par plusieurs cadres et envoyée au conseil d'administration pour «dénoncer une situation jugée désastreuse depuis une année et demie».Les contestataires se basent notamment sur le rapport du commissaire au compte qui a révélé un déficit dans la balance financière de la SERA. Abdelhamid Bounif, «ancien» DG, ne veut pas lui aussi s'avouer vaincu et persiste à dire que ses détracteurs n'ont aucune preuve de ce qu'ils avancent et qu'ils agissent, selon lui, pour cacher des malversations concernant un prétendu vol de bitume mais sans donner de preuves lui aussi.Injoignable durant ce conflit, il s'est néanmoins exprimé dans les colonnes d'un quotidien local pour charger également le commissaire aux comptes, trouvant «incompréhensible de déclarer que l'année 2014 est encore une fois déficitaire alors que l'entreprise est pour la première fois depuis des années bénéficiaire». Les travailleurs pour leur part reconnaissent la probité du commissaire aux comptes et lui trouvent un comportement exemplaire contrairement à leur adversaire qui s'est posé la question : «A-t-il été mandaté par un quelconque cercle occulte pour dissoudre la SERA '» En dehors du commissaire aux comptes, la question mérite réflexion mais exige une enquête interne plus poussée.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)