Algérie - Revue de Presse

Slimane Benabada en parle : L'écolier'


Slimane Benabada en parle : L'écolier'
Slimane Benabada, instituteur de français à la retraite, camarade de classe, assis sur le même banc que le défunt Mohamed Boukharouba, à l'école d'Alembert à Guelma entre 1940 et 1945, a écrit un récit intitulé La jeunesse d'un Héros édité par Dar El Fadjr en 2006. Il en parle comme suit : « Nous étions (Mohamed Boukharouba et moi), en classe primaire et, dans le primaire, il y avait des classes dites françaises et des classes indigènes. Les classes françaises étaient réservées aux fils de colons et aux enfants des notables, des riches commerçants, fonctionnaires... Nous étions dans une classe de CP2 (cours préparatoire) avec M. Ségala qui au milieu de l'année fut appelé au service militaire et fut remplacé par M. Leroy qui continuait à nous faire classe jusqu'au mois de juin. Notre salle de classe était au rez-de-chaussée à l'école d'Alembert, actuellement CEM Mohamed Abdou. » La situation était telle, raconte-t-il, que « la majeure partie des Algériens ne mangeaient pas à leur faim ». « Un grand nombre de nos camarades de classe marchaient pieds nus et leurs vêtements étaient rapiécés. Mohamed portait une djellaba de laine de couleur marron, tissée par sa mère au douar. Elle lui allait bien. Son visage était ovale, un rougeaud, il était bien portant. Comme il était plus grand de taille que nous, le jour où le photographe venait comme chaque année pour faire des photos collectives de chaque classe, le maître le mettait en arrière-plan. » Et de poursuivre : « Je ne l'avais jamais entendu se plaindre du froid, de la faim ou de la fatigue. Il avait une fierté et une dignité remarquables malgré son jeune âge et je me souviens, comme si cela datait d'hier, qu'il n'avait jamais mis les pieds à la cantine scolaire faite pour les nécessiteux et les élèves qui n'habitaient pas la ville. Au début de chaque année scolaire, on enregistrait les noms des élèves, dont les parents sont pauvres et les élèves qui habitaient loin de la ville. Mohamed n'avait jamais levé le doigt pour se faire inscrire et pourtant ses parents et sa maison étaient à Beni Addi' Son père lui apportait de quoi se nourrir (blé, huile...) de la parcelle de terre qu'il avait à Beni Addi. C'était en période de guerre' »


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