Six familles menacées d'expulsion

"Depuis 1986, nous n'avons jamais eu de problème. Ce n'est qu'avec l'actuel gestionnaire, poussé par un investisseur dans le cadre du partenariat, que les menaces d'expulsion se sont traduites par une plainte au tribunal de première instance d'Oued Tlélat".Après un demi-siècle d'occupation de quelques pièces et une étable en ruine, sans électricité et sans eau courante, datant de l'époque coloniale, situées à 3km de la ferme principale, et après 42 ans de loyaux services à la ferme-pilote "Si-Miloud", rattachée à la commune de Tafraoui, wilaya d'Oran, six familles sont menacées d'expulsion de leur logement de fortune par le gestionnaire. "Depuis 1974, lors de la révolution agraire, mon père et moi avons bénéficié d'un travail dans l'actuelle ferme-pilote.Nous nous sommes installés à la ferme jusqu'en 1986 où j'ai eu un accident de travail qui m'a handicapé à 80%.Depuis, je ne vis que de ma pension et de quelques travaux agricoles avec l'aide de ma femme et de mes enfants", raconte M. Mazouzi avant d'ajouter que "depuis 1986, nous n'avons jamais eu de problème.Ce n'est qu'avec l'actuel gestionnaire, poussé par un investisseur dans le cadre du partenariat, que les menaces d'expulsion se sont traduites par une plainte, et le tribunal de première instance d'Oued Tlélat a ordonné notre expulsion en date du 22 novembre 2015. Je n'ai que la rue pour m'abriter, puisque je n'ai jamais bénéficié d'un autre toit".En effet, ni sa fiche de paie, ni la décision des services agricoles de l'opération de la révolution agraire n'ont convaincu le gestionnaire de la ferme. Les familles sont considérées comme des intrus après un demi-siècle d'occupation des lieux. "Notre sueur et notre sang ont coulé sur cette terre avant l'arrivée du gestionnaire et de l'investisseur qui nous traitent d'envahisseurs".Les six familles qui occupent aujourd'hui un espace de 1936 m2 des 1500 ha de la ferme-pilote souhaitent leur régularisation ou bénéficier d'un toit de substitution. Ironie du sort, notre source dévoile que la ferme-pilote et ses espaces, exploités après l'indépendance du pays par un privé, est un don de ce dernier à la Révolution agraire en 1974.NOUREDDINE BENABBOU