Algérie - A la une

Si tu vas à Béni Abbès...



On est à la fin du mois de février, le mercure affiche 27 degrés Celsius. Le soleil brille. Il est d'une splendeur atypique que l'on contemple au bord de la piscine d'un hôtel flambant neuf. On y sirote un bon cocktail en faisant face à une dune de sable d'un jaune éclatant. Nous ne sommes pas aux Sables-d'Olonne, en France et encore moins dans une destination tropicale, mais à...Béni Abbès. Oui, oui cette carte postale que nous venons de décrire se trouve au Sahara algérien. Pas besoin de visa ni de devises pour s'y rendre. Nous sommes à 50 km au sud-ouest de Béchar et à 1200 km au sud-ouest d'Alger. Bien sûr, on peut prendre l'avion pour s'y rendre, mais on peut tout aussi le faire par route et même en train, avec une petite escale à Béchar. Certes, c'est plus long mais c'est une expérience qui vaut le détour. C'est un voyage à travers «les temps. Durant les 20 heures de route qui mènent à notre destination, on peut y admirer des paysages à couper le souffle, des villages figés dans les siècles et des climats différents d'une ville à l'autre. Comme à Aïn Sefra (wilaya de Naâma) où, en l'espace de quelques kilomètres, l'on passe d'une belle forêt bordée d'un lac à un désert sableux entouré de dunes! En prenant la route de la Saoura, on comprend le vrai sens de «l'Algérie, un pays continent». On réalise aussi la chance de vivre dans un pays en paix! Qui aurait pu imaginer, au début du XXIe siècle, que l'on puisse faire une telle escapade, en toute sécurité' Une belle image résume à elle seule ce «renouveau algérien». On a rencontré des groupes de jeunes filles et de jeunes gens dans les relais routiers. Sac au dos, voiture remplie de provisions et sac de couchage, ils révèlent qu'ils comptent bivouaquer dans le Sahara. «On va aller pendant 10 jours, faire le tour de la région. L'essentiel de notre séjour se fera au milieu du désert», rapportent-ils. «On compte passer une ou deux nuits dans une auberge ou une maison d'hôte afin de recharger nos batteries et surtout pouvoir prendre une douche», ajoutent ceux qui ont tracé leur propre circuit touristique, avec des amis de la région. Ils ne sont pas les seuls à tenter cette belle aventure. On croise même des «bikers» qui s'apprêtaient à rentrer sur...Alger. «On est passionné de motos et de voyages. Grâce aux réseaux sociaux, on s'est rassemblés à travers un groupe où l'on organise de petites escapades», assure Akram, le chef de file. «C'est la première fois que l'on va aussi loin. Avec le temps clément que nous offre ce mois de février, c'était l'occasion idéale pour nous», ajoute-t-il soulignant qu'au début, il avait un peu peur de s'aventurer au beau milieu du désert. «C'est normal, comme tout Algérien, on est encore un peu traumatisé par les années de braises mais finalement on a passé les plus belles vacances de notre vie, sans qu'à aucun moment, on ne soit inquiété», soutient, avec un large sourire, celui qui se promet de refaire ce petit moment d'évasion avec sa femme et ses enfants. «Dans l'Algérie d'aujourd'hui, on peut aller à la découverte de notre cher pays, en totale sécurité», réplique l'un de ses amis, avant de nous laisser poursuivre notre chemin, en nous souhaitant un bon voyage.Après ce long chemin où l'on a pu apprécier une nouvelle Algérie, on arrive enfin à Béni Abbès. Pour ceux qui ont fait l'école, du temps de l'enseignement fondamental, on est véritablement dans l'image de l'oasis décrite de «kitab el kiraa» (livre de lecture, Ndlr) qui a bercé notre jeunesse. Bordés de palmeraies millénaires, on entre dans une «citadelle» où on entre et on sort, en traversant des portes en forme d'arcades. Le centre-ville fait face à de belles dunes qui surplombent des vestiges du passé. Le siège de la daïra est, à elle seule une merveille. Ce petit «ksar» a une vue prédominante sur une «montagne de sable» où des palmiers et de petites maisons en y terre ont trouvé «refuge». Elle nous offre une vue à couper le souffle. Profiter de cette vue est véritablement un moment d'évasion que l'on trouve nulle part ailleurs. Que dire alors de l'hôtel Rym, qui se trouve à quelques encablures et fait face à la même dune de sable. Un autre chef- d'oeuvre de notre cher «Pouillon national». Il vient de faire peau neuve pour accueillir des touristes qui peuvent contempler les «Sables d'or» à partir des balcons de leurs chambres propres et modernes où s'offre le fameux bain de soleil dans la piscine avec vue sur...dunes! Le personnel est aux petits soins, ne manquant pas de conseils précieux pour bien profiter des trésors cachés de la ville, à l'instar des stations de patrimoine comme Zeghamra, Tlya, Marhouma, Anfidh. Ils y cachent les fameuses gravures rupestres qui ont traversé les millénaires.
Un autre hôtel nous offre une expérience unique qui réconcilie le corps, l'âme et l'esprit. Il s'agit de celui qui porte bien son nom, à savoir le Grand Erg. Il offre une magnifique vue sur la palmeraie du Scorpion, où on peut s'asseoir et l'admirer sur une grande terrasse où l'on peut déjeuner. Les amateurs de photos et de «selfies» vont se régaler! Ils ne trouveront nullr part ailleurs un «spot» aussi merveilleux.
Béni Abbès, c'est aussi un moment de réjouissance pour les amateurs d'histoires et de culture. Cela à travers le musée de la ville, les «zaouias» mais surtout les ksour qui sont, à eux seuls, des musées à ciel ouvert. Certains de ces sept ksour sont encore habités par des citoyens, qui les protègent, de génération en génération. «Celui qu'on appelle le Vieux Ksar est le plus beau et le plus connu. Il est classé patrimoine architectural national», soutient Sid Ahmed, un habitant de Béni Abbès, fière de cette richesse historique nichée au coeur de la palmeraie. En fait, Beni Abbès, Kerzaz, Tabelbala, Igli, Ouata...sont tous des trésors touristiques mais qui demeurent inexploités. En effet, malgré cette grande attractivité, Beni Abbès, n'est pas une destination touristique à part entière. «C'est plus un lieu de transit avant la star de la région qu'est Taghit», se désole Omar, un guide local. Ses compères et lui espèrent que le nouveau statut de wilaya leur permettra de sortir de l'ombre de la «belle voisine».
Ce manque de «passion» de la part des touristes, Omar l'explique par un manque d'infrastructures. «L'hébergement fait défaut. Mis à part les deux grands hôtels et la résidence de l'Onat ne nous disposons pas d'infrastructures dignes de ce nom», soutient-il avec beaucoup de déception. Il parle aussi du manque de transports qui laisse cette nouvelle wilaya isolée. «Il y a un seul bus par jour, de Béchar qui est le lieu de transit pour tous ceux qui veulent visiter la Saoura», regrette t-il. De plus, il soutient que les commerces et autres infrastructures de base pouvant satisfaire les touristes sont inexistants. «On manque de presque tout. Même les restaurants et cafés dignes de ce nom sont peu nombreux», rétorque-t-il, invitant les investisseurs à saisir cette opportunité, car, comme le fait remarquer Touhami, un autre «Abbabsi», Taghit a réussi sa
«transition touristique», en offrant des activités qui plaisent aux touristes. «Au- delà des khaimas de thé, que l'on trouve bercées par la gnawi que l'on trouve à chaque coin de rue de Taghit, ils nous proposent des attractions telles que le quad sur les dunes, des balades en chameau ou encore du kayak sur la rivière de Taghit», assure t-il non sans rappeler que des festivals de musique et des concerts dans le désert y sont très souvent organisés. D'ailleurs, le ministère de la Culture et l'ambassade des Etats-Unis à Alger viennent d'organiser le «One beat Sahara», un festival international de musique, qui a connu un succès fou. Des Algériens venus des quatre coins du pays s'y sont rendus pour y assister. Ces manquements laissent donc Béni Abbès dans l'ombre. Mais pas pour longtemps. Ces atouts indéniables ont attiré la convoitise d'investisseurs étrangers. Des Qataris sont même à un stade avancé des négociations. On apprend que des membres de la famille princière du Qatar ont séjourné, au mois dernier à Béni Abbés. Ils ne sont pas venus en touristes puisque dans leurs valises, ils ont apporté un projet d'un méga-complexe touristique. «Ce sera l'un des plus beaux jamais réalisés en Algérie», apprend-on de sources proches du dossier. «Le projet devrait se concrétiser au plus vite. Le terrain a même été choisi. Il ne manque que quelques détails pour qu'il devienne réalité», ajoute la même source. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a «balisé» le terrain en annonçant la réhabilitation de l'aérodrome de Béni Abbès pour en faire un véritable aéroport. Beni Abbès pourrait donc bientôt devenir le «Las Vegas» algérien...
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