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«Si tu me donnes une couverture, je la vendrai»


«Si tu me donnes une couverture, je la vendrai»
Intervention - Les services de sécurité absents jusque-là, font enfin leur apparition en nombre très restreint.
Il est minuit 15 minutes lorsque nous atterrissons sur le parvis de la Grande Poste. Ils sont plus d'une dizaine de personnes dont le destin a voulu qu'ils soient SDF. Pour se protéger du froid, ils se sont serrés les uns contre les autres. C'est à ce moment précis que deux agents des services de sécurité arrivent pour prendre connaissance du nombre de personnes que les services du Samu ont réussi à convaincre de quitter leurs résidences de fortune.
«C'est pour établir notre rapport», dit un agent des forces de l'ordre au docteur Azazène, chef de mission lors de cette expédition. «Nous avons adressé un courrier à la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) pour l'informer et nous autoriser à organiser une telle descente», lui répond le coordinateur du Samu social. Poursuivant nos entretiens avec ces citoyens, nous accostons Djamel, 40 ans.
Il parle de hogra, de chômage et de fierté aussi. Une fierté de n'attendre rien de quiconque. «Même de l'Etat, je ne veux rien», dit-il. Il refuse même une couverture que lui propose un agent du Samu et une boisson chaude. «Si tu me donnes une couverture, je la vendrai», dit-il. «Pour vivre, je fouille dans les poubelles», ajoute avec fierté cet homme originaire de Tiaret. Ce n'est pas le cas de deux autres jeunes SDF qui viennent de la région d'Aïn Defla dans l'Ouarsenis qui réclament chacun une couverture. Ils sont dans une situation très critique mais ne veulent rejoindre ni le centre d'hébergement du Samu ni leur région d'origine. «Nous voulons uniquement du travail», disent-ils. Une occasion dont profite le docteur Azazène pour faire une proposition ferme aux deux citoyens : une insertion dans le cadre du processus de l'Angem. Un accord est conclu, les deux enfants de l'Ouarsenis devront se présenter lundi prochain au bureau du coordinateur national pour y retirer la lettre d'orientation et de recommandation.
C'est au niveau de la rue Abane-Ramdane, que la première alerte d'un long périple surgit.
Un SDF allongé sur la bouche d'aération d'une boulangerie, armé d'une lame et d'une bombe lacrymogène refuse d'être approché. Là aussi, les services de sécurité qui ont fait une brève apparition au niveau de la Grande-Poste sont aux abonnés absents.
Pris d'une crise d'hystérie, il se lacère une partie du corps avec sa lame et demande que les photos prises par certains photographes soient supprimées.
Un droit qui a vite fait réagir les photographes dans le bon sens en éliminant les prises de vues touchant à la vie privée de ce citoyen. Notre randonnée se poursuit vers d'autres artères de la capitale, en passant par la place des Martyrs, le Square Port-Saïd, le boulevard colonel Amirouche et la place du 1er-Mai. Partout, les histoires des personnes sans domicile fixe diffèrent les unes des autres.
Mais la finalité est que ces citoyens finissent sur des bouts de carton sans aucun droit et des horizons bouchés. Ils ne veulent pas de ces opérations épisodiques, mais des solutions définitives. C'est leur droit constitutionnel, personne ne peut dire le contraire. Et alors '
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