« Si le jazz et le chaâbi sont semblables, c'est parce qu'ils expriment les cris du peuple »

Le célèbre saxophoniste américain, Chris Byars, était à Alger la semaine passée pour prendre part au concert donné au Théâtre national algérien (TNA) par El Gusto, le premier en Algérie depuis la création de ce groupe de musique chaâbi. Décontracté et content d'être à Alger, il a accepté de répondre à nos questions.Qui est Chris Byars 'Je suis saxophoniste, compositeur, chef d'orchestre et éducateur. Je réside à New York City. J'ai longtemps étudié le vaste répertoire des compositeurs de jazz du XXe siècle. J'ai participé à des actions éducatives et j'ai animé des concerts à travers 50 pays. J'ai dirigé, l'an dernier, l'académie de musique de Chypre et j'ai été co-directeur de l'atelier Jazz Futures.Peut-on savoir un peu plus sur votre expérience avec le groupe El Gusto 'A voir le grand engouement du public, je dois dire que c'est une expérience réussie. Dans le groupe, il règne une bonne ambiance, une synergie. Si le jazz et le chaâbi sont similaires, c'est parce qu'ils expriment les cris du peuple.Peut-on connaître davantage sur ce mois du jazz aux Etats-Unis 'Cet événement est célébré au mois d'avril de chaque année, le « Jazz Appreciation Month » vise à mettre en évidence les gloires de ce genre musical en retraçant son histoire et son importance pour la culture américaine. Les musiciens, les écoles, les musées, les bibliothèques et les stations de radio sont encouragés à offrir des concerts gratuits et des programmes spéciaux durant ce mois.C'est comme un festival...Plus que cela. Cette célébration est unique de par son importance historique. C'est à la Nouvelle-Orléans que le jazz a vu le jour au début du XXe siècle. Qu'il s'agisse de la complainte des travailleurs noirs, du chant des fidèles dans les églises, des marches militaires, des folklores divers, tout se rencontre et se mélange pour donner naissance au jazz. Cette musique retentit partout. C'est à la Nouvelle-Orléans que Louis Armstrong, Jerry Roll Morton, Joe King Oliver, Sidney Bechet, entre autres, ont fait leurs premiers pas. On assiste alors au début d'une épopée musicale dont personne ne prévoyait l'ampleur et qui allait marquer l'histoire et la musique.Vous ne vous exprimez ni en arabe ni en français et vous dites que vous avez beaucoup aimé l'ambiance qui a régné au TNA. Comment expliquez-vous cela 'Quelle que soit la langue parlée, la musique est un langage universel. L'artiste n'a pas besoin d'être polyglotte pour s'intégrer dans un groupe de musique ou animer un concert. Il faut aimer l'art pour pouvoir offrir aux mélomanes les morceaux musicaux les plus mélodieux et les plus parlants.Avez-vous des notions sur la musique algérienne 'A vrai dire, non. Seulement, je m'intéresse à toutes les cultures du monde, une manière d'élargir mon savoir et mes connaissances.Vous avez partagé une scène algérienne avec El Gusto. Peut-on connaître votre sentiment 'Je suis heureux et fier à la fois de partager ce mémorable concert. Mieux encore, c'est un honneur pour moi de faire partie de ce groupe qui est connu à travers le monde entier. En plus, ce spectacle m'a permis de faire des découvertes et des nouvelles connaissances.Peut-on dire que la musique peut rendre les gens meilleurs 'En effet, la musique rend les gens meilleurs. On apprend à écouter les autres, tout en prêtant attention à sa propre performance et sans jamais oublier à quel point il est important que celle-ci soit en harmonie avec les autres. La musique, c'est le symbole de la vie.Un mot sur le public algérien...J'ai aimé. Il y avait un mélange des générations. Les gens sont restés jusqu'à la fin du spectacle. C'est un public formidable. J'aimerais bien revenir à Alger et me produire à nouveau.