Algérie

Sétif Entre flambée des prix et hypothéquer son salaire



Le pouvoir d'achat de plus de 87% de la population sétifienne a fléchi de 40 à 55% au-dessous de la moyenne conventionnelle. C'est ce que révèle une étude réalisée par un économiste universitaire qui indique que sur un taux de 10 familles, 8 en moyenne subissent l'effet du trou budgétaire familial. Selon l'approche de l'économiste, 2 facteurs prépondérants sont à l'origine de ce recul du pouvoir d'achat. Un facteur économique lié à la conjoncture du pays où les prix des marchandises ont affiché des augmentations exorbitantes mais aussi les coûts des produits d'utilité ménagères (gaz, eau, électricité) et un autre facteur lié, quant à lui, à l'engagement des ménages dans des formules de crédits divers lequel crédit concourt, immanquablement, à l'hypothèque des salaires. Pour le premier élément, les causes sont à la fois endogènes et exogènes; d'une part l'augmentation des prix sur le marché mondial et d'autre part la pratique de la spéculation à l'échelle locale à laquelle s'adonnent les commerçants malveillants. Le deuxième élément a trait à la volonté des ménages de parvenir à des commodités de sorte à assurer un minimum d'autonomie. Dans ce contexte, il y a lieu de citer, à titre d'exemple, que le prix de la pomme de terre est passé, en l'espace, d'un mois de 30 à 50 DA, la tomate a connu dans le même espace une augmentation de 20 DA le kg, quant aux produits à large consommation la variation du prix atteint la moyenne de 400 DA. Statistiquement quelque 619.000 ménages ont leurs salaires hypothéqués par les banques, les mêmes statistiques indiquent que le crédit véhicule vient en deuxième position après le crédit pour l'acquisition de logement. Les autres formes de crédits viennent en troisième position et ne concernent que la masse des fonctionnaires jouissant d'un revenu confortable. L. Souad est l'exemple d'une Algérienne qui veut s'émanciper tout en assurant son autonomie, elle nous dira: «j'ai contracté un crédit bancaire pour financer l'achat de ma voiture et même si je perçois, pour le moment, que 8 dinars de mon salaire cela ne me dérange pas dans la mesure où je n'ai en charge que ma propre personne» et d'ajouter avant de s'embarquer dans sa nouvelle «Picanto» «je conçois qu'un père de famille ne devrait pas s'engager dans ce genre d'entreprise car des imprévus pourront le mettre dans la gêne». Aïssa, pour sa part, est un enseignant qui a choisi de pratiquer, en parallèle, le métier de fraudeur (taxi clandestin) pour arrondir ses mois qui sont devenus durs depuis qu'il s'est acheté sa Chevrolet «Aveo». Pour lui le sacrifice qu'il a fait de son salaire mérite le coup «néanmoins j'ai assuré à mes enfants un moyen qui nous permettra, de temps en temps, de faire des sorties distractives». Interrogé, M. Khaled grossiste au marché des fruits et légumes impute cette flambée des prix aux agriculteurs qui recourent à la location de leurs terres à des intermédiaires qui doublent la marge de profit sur les produits agricoles. «Le fellah, une fois sa production mûre préfère la céder sur pied à des intermédiaires qui ne se chargeront que de la récolte et de la vente en gros. Pratique qui influe sur les prix», dira notre interlocuteur qui indique qu'à cela s'ajoute l'augmentation des coûts de transport suite à l'augmentation du coût du carburant et des pièces de rechange. Il reste à noter, par ailleurs, que l'activité commerciale a subi un effet de faiblesse qui s'explique, selon notre économiste, par le fait que la hausse des prix entraîne logiquement un ralentissement de la demande, dira-t-il. La rotation des stocks s'amenuise entraînant la chute du chiffre d'affaires. Cela explique le cas de ces commerçants qui ont dû changer d'activité ou simplement mis les clés sous le paillasson.
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