Algérie - Revue de Presse


Les détenus grévistes transférés Pour avoir décrété une grève de la faim depuis samedi 31 juillet, les quatre-vingts détenus à la prison de Serkadji, à Alger, se sont retrouvés sous d?autres toits carcéraux. Hormis sept d?entre eux ayant fini par y renoncer le week-end dernier, les autres grévistes ont été répartis dans au moins six autres prisons, loin de la capitale. « Le transfert a commencé la veille de la grève. Une trentaine de détenus, dont les meneurs, ont été dispatchés sur les prisons de Batna, Constantine, Chlef et Tizi Ouzou. L?opération s?est poursuivie jusqu?au mercredi 4 août, date à laquelle le dernier convoi avait pris destination vers la prison de Sétif. Et maintenant il ne reste que sept dans ce groupe, démoralisés, qui auraient subi des pressions pour mettre fin à leur action », a souligné hier Amine Sidhoum, avocat et militant des droits de l?homme, dont certains membres de ce groupe sont ses mandants. « La direction de l?établissement, avec la complicité du parquet, a fait tout pour briser ce mouvement de contestation et contenir ainsi le cri de ces prévenus derrière les murs de la prison », a-t-il soutenu, précisant : « Au lieu que ces responsables tendent l?oreille pour écouter et ensuite répondre aux revendications légitimes de ces grévistes, ils s?échinent plutôt à étouffer leurs voix en appliquant la fameuse formule : diviser pour mieux régner. » Ces détenus, présumés auteurs d?actes terroristes, rappelle-t-on, sont en détention provisoire depuis pas moins de trente mois. Leur revendication est simple : accélérer la programmation de leur procès. Le procureur général leur a rendu pourtant visite mardi dernier et a pris note de leurs doléances. Au moment où les avocats de ces détenus s?attendaient à une suite favorable, l?administration des pénitenciers a « emprunté une démarche détournée foulant au pied la réglementation des établissements carcéraux », a relevé M. Sidhoum. Selon lui, le règlement intérieur des maisons de détention « interdit tout transfert d?un prévenu d?une prison à une autre jusqu?à ce qu?il soit jugé d?une manière définitive et après avoir épuisé toutes les voies de recours, notamment le pourvoi en cassation près la Cour suprême ». Dans la foulée, l?avocat n?écarte pas un « plan politique qui serait en train de se tramer pour liquider les dossiers de ces prisonniers ». Sur la même lancée, il ajoutera : « Pour rendre maintenant visite à mes mandants, je dois solliciter le permis de communiquer près le tribunal d?Alger pour me déplacer ensuite dans leurs cellules à Batna, Sétif ou Constantine. C?est inconcevable. » Hassiba Boumerdaci, qui a, elle aussi, des clients parmi les grévistes, a confirmé que « la grève a été arrêtée mercredi dernier ». Reconnaissant les efforts consentis par le président de la cour d?Alger pour accélérer le traitement des dossiers en souffrance au niveau de sa juridiction, Mme Boumerdaci a souligné que « le motif principal de cette grève était le décès du prévenu Kada Mourad incarcéré en décembre 2002 ». Selon son avocate, « le détenu serait mort suite à une crise cardiaque ». D?après elle, les dossiers des grévistes, qui ont été gardés à Serkadji, n?ont encore pas été instruits. L?avocate a noté en outre que Kada Mourad n?est pas le premier à décéder dans cette enceinte pénitentiaire. Car il y a eu deux autres cas qui se sont produits auparavant. L?un d?entre eux est son mandant, Benmami Amine en l?occurrence, qui a rendu son dernier souffle en septembre 2002. « Le hasard a voulu, étant poursuivi pour la même affaire et étant encore voisins à Tlemcen, qu?ils meurent dans les mêmes conditions », a-t-elle dit avec ironie avant de préciser qu?elle n?a pas encore reçu une copie du rapport de l?autopsie. Ce qu?elle considère comme « une entrave à la défense ». Sur ces trois décès, enregistrés au bout d?une année à Serkadji, M. Sidhoum s?interroge sur leur origine. « Cela pousse à réfléchir d?autant plus que leurs avocats n?ont jamais vu les rapports de l?autopsie. C?est le black-out. L?origine de leur mort n?a pas été élucidée », soutiendra-t-il encore. Cela est à chercher dans les mauvaises conditions de détention ou dans l?absence de suivi médical régulier, d?autant plus que la prison, comme tous les autres établissements pénitentiaires en Algérie, souffre d?un surpeuplement qui a créé un climat favorable à la prolifération de certaines maladies. L?avocat soutient cette thèse en jugeant « anormal » que les trois décès se soient produits dans le même bloc.


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