Sellal en campagne

Depuis qu'il a été nommé en tant que Premier ministre, Abdelmalek Sellal a inauguré un cycle trépidant de visites de travail et d'inspection à travers les wilayas du pays. L'exercice étant officiellement destiné à lui permettre de se rendre compte sur le terrain de l'état d'avancement de la mise en ?uvre du programme initié par le président de la République, d'en vérifier la bonne exécution et le cas échéant solutionner les problèmes qui l'entravent.Officiellement toujours, les visites qu'il a effectuées hier à Mascara puis à Oran s'inscrivent dans cet agenda que Sellal s'est fixé et dont il observe les échéances après avoir fait une pause après l'élection présidentielle. Mais à Mascara et Oran, Sellal ne s'est pas rendu uniquement pour s'enquérir de l'état d'avancement des projets lancés dans ces wilayas dans le cadre du programme présidentiel. Il s'y est rendu pour émettre le message que contrairement à ce que prétendent d'aucuns parmi les experts appuyés par l'opposition, la crise financière que subit le pays du fait de la chute des prix du baril ne contraint pas l'Etat à une politique d'austérité l'obligeant à renoncer aux projets qu'il a programmés.L'aisance financière du pays aidant et des préoccupations électoralistes l'y poussant pour le compte du président Bouteflika, Abdelmalek Sellal avait fait de son cycle de visites aux wilayas une vaste opération de distributions d'enveloppes financières censées destinées à pallier aux omissions qu'a eues le programme présidentiel concernant des besoins exprimés par les wilayas visitées mais n'ayant pas été initialement pris en compte. Tout aussi déterminé qu'il soit de convaincre que l'Etat va honorer ses engagements à l'égard des wilayas malgré la période de vaches maigres financièrement dans laquelle le pays est entré, Sellal se montera certainement désormais moins prodigue dans l'octroi des rallonges financières.Ses visites sur le terrain viseront plus à créditer l'impression que le pays n'est pas dans la panne et la paralysie que lui voient les détracteurs de l'action gouvernementale. C'est d'ailleurs pour faire pièce à cette vision de l'état du pays que Sellal, instruit par le président Bouteflika, fait montre de la «bougeotte » qui lui fait sillonner les wilayas du pays. Mais ce qui n'était qu'un exercice destiné à contrer les supputations sur une non gouvernance du pays ayant été provoquée par le handicap physique dont souffre le chef de l'Etat des suites de son problème de santé est désormais planifié pour être une opération de «promotion » d'un Premier ministre de toute évidence appelé à jouer un rôle de premier plan dans le processus de succession qui se met en place.Ce n'est pas uniquement pour pallier un vide que Sellal a été instruit d'aller de façon aussi répétitive au contact de «l'Algérie profonde » mais aussi à se rendre aux grands rendez-vous diplomatiques internationaux. Le but recherché par ses mentors est qu'il s'acquiert une stature d'homme d'Etat qui rendrait crédible sa mise en avant pour la succession. De fait, l'opération semble porter quelques fruits puisque entre le Sellal frais émoulu au poste de Premier ministre et celui qui gouverne aujourd'hui le pays par procuration, il n'y a pas «photo ». Sellal a incontestablement pris de la voilure et s'affirme moins désinvolte et gribouille dans ce qu'il dit.