Algérie

Sciences humaines. conférence de Liess Boukra, Le devoir de s’interroger



La librairie Chiheb internationale a organisé, dans la soirée de mardi dernier, une conférence-débat, autour du dernier-né de liess Boukra, intitulé Le terrorisme, définition, histoire, idéologie et passage à l’acte. C’est devant une assistance nombreuse que la rencontre a été étrennée par l’incontournable question : qu’est-ce qui a motivé le travail de Liess Boukra.

D’emblée, le chercheur explique que c’était un devoir de s’interroger sur « le terrorisme », étant donné que c’est un chercheur algérien qui a vécu les événements sanglants qui ont endeuillé des milliers de familles algériennes. Au-delà de cette subjectivité, dit-il, il y a une dimension théorique. « En tant qu’intellectuel, c’est un devoir, un éclairage tout à fait engagé de ma part. » « Le terrorisme, explique-t-il, est un enjeu avant tout médiatique. Sans les médias, l’effet terroriste resterait limité ». L’auteur s’interroge sur le fait de savoir si les journalistes doivent donner toutes les informations concernant un acte terroriste. « On est loin, dit-il, d’avoir trouvé une solution idoine ». L’Algérie a un mode de traitement différent comparativement aux Etats-Unis. A la question de savoir sur quels critères peut-on construire une définition du terrorisme, Liess Boukra affirme qu’il y a d’abord le contexte historique puisque derrière chaque terroriste, il y a un projet idéologique. Ce qui distingue le terrorisme comme violence, c’est le mode de désignation « victimaire ». « Par ‘‘terrorisme’’, nous entendons toute violence physique légale ou illégale, qui vise directement ou indirectement (par ses effets pratiques) à réduire ou à proscrire les libertés individuelles et collectives », argumente-t-il. Le terrorisme, révèle-t-il, n’est pas né en terre arabe mais en Europe. En effet, le terrorisme est un phénomène récent qui est apparu en Europe vers la fin de la première moitié du XIXe siècle. C’est dans l’effervescence de la révolution française de 1789 « qu’il faut aller explorer les termes de ce qui a été appelé ‘‘terrorisme’’ ». Les passages à l’acte terroriste sont des phénomènes complexes. Liess Boukra considère que Frantz Fanon reste le seul intellectuel qui a théorisé les mécanismes de l’acte terroriste. Fanon a l’avantage de montrer que la réalisation d’un acte terroriste est un paradigme incontournable. Le terrorisme se trouve dans un couloir de concept. La violence, poursuit-il, n’est pas naturelle mais historique. Le terrorisme est une forme de violence politique qui est née dans un contexte historique. Les pays occidentaux ont de tout temps aidé financièrement certains mouvements islamistes. En effet, il n’existe pas de mouvement terroriste qui ne bénéficie pas de soutien. Preuve en est, martèle Boukra, sans le soutien de certains pays, l’Algérie n’aurait pas abouti à l’islamisme. Les terroristes, pour leur part, se ressemblent à travers le monde. On retrouve les mêmes rituels, la même fascination pour le sang et les mêmes réalités. En guise de conclusion, Liess Boukra estime que les événements du 11 septembre 2001 ont rendu un service inouï aux néoconservateurs. « Cela a permis d’appliquer un plan qui était prêt à l’avance. Je ne crois pas à la théorie du complot. »


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