Algérie - A la une


Sbibita talon
« Aya tricouyette, panta court lel benet... ouel oulidette» crie un petit garçon, commerçant ambulant de ce quartier populaire. Il connaît toutes les ficelles qui encerclent la femme algérienne. En effet, la palette des goûts de ces femmes n'a plus de secret, il réussit à les satisfaire. Il fait, en ce domaine, le mieux qu'il puisse. Ce petit bonhomme de son mètre cinquante, a déjà compris la société. Dans tout ce qu'elle a de féminin. Toutes ses femmes aussi. La ville, contrairement aux villages, et ses marchés populaires, autorisent leur concentration et mélange de leurs différences. Où, lorsqu'on est différent, on s'exclut ou oups on nous exclut. Ici, dans cette grande ville de l'Ouest, on a tout en magasin. Pour toutes les formes, pour toutes les couleurs, pour toutes les croyances, pour tout un chacun. Celles qui se font du cinéma et essayent de ressembler à leurs idoles. Celles qui veulent faire plaisir à leur mari, en se déguisant. Celles qui se donnent un genre pour traverser les eaux troubles, sans trouble. Maladroites et souvent ridicules. Ne trompant personne. Les Marylines se sont envolées et aujourd'hui, elles font place à des doublures de vedettes orientales. Les lunettes « pare-brises » made in China, envahissent le visage de nombreuses d'entre-elles. Derrière ces protections, des rêves de liberté inavoués chaussés à bloc leur donnent l'illusion de vivre par procuration. D'autres se voilent pour mieux se mouvoir. Libre derrière l'anonymat d'une forme sans visage. Quelqu'un m'a dit avoir découvert leur secret. Il est inestimable. Il paraît que tout réside dans leurs pieds. Regardez-les. Il est facile de le faire car nos regards, toujours dirigés vers le sol, nous permettent facilement cette observation. Les pieds renseignent sur les âmes. En général, elles travestissent uniquement le tronc. Le socle, lui, reste d'origine. Les fantaisies sont permises. Par contre, le tronc, lui, est dessiné selon l'entourage, les voisins, le boulanger, le mari, le beau-frère et bien d'autres, encore. Les chaussures renseignent, correctement, sur la chaussée. Déroutante, tortueuse mais ô combien fiable. Le chemin nous y conduit toujours. N'oubliez pas, qu'elles soient voilées, habillées de slims, jeunes ou moins jeunes, n'importe quelle paire de chaussures pourraient être portées par toutes ses femmes, sans conviction mais avec grande détermination. Djelabbah et nus pieds argentés, tenue sportive et talons aiguilles, tenue sophistiquée et chaussures grand confort. Tous ces contrastes sont là pour satisfaire notre curiosité de ces femmes, au final, insaisissables mais tellement vulnérables. Tels des oiseaux encagés, leurs murs élargis par leurs rêves deviennent immenses. Elles occuperont, toujours, le centre de la place. En fait, Raki fi la place oula fi blastek To be or not toubi that is the question, mes chères !


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